Chapitre 27

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Quand je me réveillai le lendemain, je ne pus me rendormir malgré ma fatigue. Les paroles de Florian me trottaient amèrement dans la tête.

« Ta mère m'as demandé si elle pouvait te voir"

Comment d'aussi simples mots pouvaient me préoccuper à ce point ?

Je me passai une main sur le visage pour chasser ma fatigue. Si je n'y allais pas, elle allait faire pression sur Florian. Il était suffisamment mêlé comme ça aux problèmes entre ma mère et moi. Je me relevais péniblement et restais un moment assise sur mon lit en tailleur. Le réveil indiquait huit heures cinquante, ce qui était assez tôt pour un dimanche.

Je vais devoir aller la voir, me dis-je. Rien qu'à cette idée ma poitrine se comprima.

Je m'habillais rapidement d'une chemise d'homme à carreaux assez ample pour dissimuler un holster à double prise où étaient rangé dans l'un, un Beretta 92 (j'avais fait des pieds et des mains pour pouvoir me procurer ce petit italien) et dans l'autre mon fidèle mini-GAP. Je plaçais mon poignard dans ma botte. Armée, je me sentirais plus en sécurité dans la tanière du meneur des loups.

Je sortis un petit sac de sport de mon armoire et y fourrais quelques affaires dont quelques recharges et cartouches. Je m'engouffrai dans ma voiture et après avoir déposé mon sac sur le siège passager, je démarrais.

Quand j'arrivais enfin devant la maison où habitait maintenant ma mère, je coupai le moteur mais restais les mains crispés sur le volant. Une sueur froide me parcouru le dos quand je me rendis compte que cela faisait près de cinq ans que je n'étais pas venue ici. La raison ? Très simple. J'avais une petit cicatrice qui ornait mon avant-bras gauche et devinez à qui je la devais ? En plein dans le mille. Ma mère.

Après ma mutation et donc à la mort de mon père, ma mère avait sombré dans la folie et Imogen l'a recueilli chez elle pour s'en occuper. Au début, j'allais lui rendre visite en espérant bêtement que son état s'améliorerait avec le temps. Mais que voulez-vous tirer d'une louve qui avait perdu son compagnon ? Le fait était qu'elle me tenait responsable de la mort de mon père et que depuis ce jour, elle voulait ma peau. Elle ne me reconnaissait plus, son loup voyait seulement la cause de son malheur et essayait par tout les moyens de me le faire payer. La première fois qu'elle m'avait attaquée, j'avais été choquée. Après tout c'était ma mère ! Florian m'avait expliquer que je ne devais pas lui en tenir rigueur, c'était son loup qui la contrôlait désormais mais quand même. C'était par le corps de ma mère que son loup exprimait sa rage. La fois de trop pour moi a été le jour où elle m'a infligé cette cicatrice. Elle avait foncé sur moi avec un canif et Imogen était intervenu à temps pour que je ne me fasse pas écorcher vive. Je ne l'avais plus revu depuis.

Quand je toquais à la porte, Imogen m'ouvrit alors qu'elle s'essuyait les mains sur un vieux torchon crasseux.

— Ma petite, Maïlyn !

Elle avait un visage rond couvert de petites rides au coin des yeux, des pommettes à peine tombantes et de petits yeux perçants. Normalement, en tant que louve, Imogen n'était pas censé avoir ce physique de grand-mère, même à un siècle passé, mais comme elle avait perdu elle aussi son compagnon, son loup n'avait pas la même vitalité sans son autre moitié.

— Tu as enfin daigné revenir au sein de la meute après tant de temps ?

Elle m'invita à entrer et je la suivis avec une certaine appréhension.

— C'est temporaire.

Elle jeta son torchon sur son épaule et posa les poings sur ses hanches.

— Tu viens voir Moïra, je suppose ?

— Tu supposes bien.

— Bien. Elle est à l'étage dans la chambre habituel. Appelle-moi si tu as besoin de moi, dit-elle avant de disparaître vers la cuisine.

Les Loups de Portland { TERMINER }Where stories live. Discover now