Chapitre 58

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Nous restâmes en Estonie plus longtemps que prévu. Je ne fus forcé à ne rien faire et je dus regarder Meriel et Hasdiel travailler de concert au recensement des victimes, aider aux soins des blessés qui ne pouvaient pas remonter aux Cieux sans avoir été soignés...

C'était difficile de rester enfermé dans la chambre d'Ava et Declan qui profitaient du délai pour se reposer et explorer les environs. J'avais pris le parti de dormir dès qu'ils partaient. C'était plus pour passer le temps que par besoin. Je m'ennuyais à en mourir.

Meriel m'avait soigné au maximum de ses capacités dès qu'il en avait eu l'occasion. Tous les soirs, il me réservait ses dernières forces, m'aidant à me remettre un peu plus vite.

Une fois les deux humains couchés et nos alliés montés aux Cieux, nous prenions l'air sur le pas de la porte. Nous restions de longues heures à regarder le ciel si clair et pur en silence. Parfois, il m'arrivait de m'endormir. Il me laissait faire. J'aurais cru qu'il me repousserait si je finissais avec la tête sur son épaule mais non. Il me laissait dormir aussi longtemps que je voulais.

Après trois jours à ce rythme, Meriel le rompit. Tandis que je commençais à somnoler, il se mit à parler. Je clignai des yeux et me redressai, tentant de retrouver un semblant d'attention.

- Je ne sais pas si je vais réussir à retourner à la vie de gardien, murmura-t-il. Après tout ce que nous venons de vivre, remplir des missions de gardien risque d'être d'un ennui monumental.

Je pouffai. Il sourit.

- Je n'en doute pas. Je me demande si je vais continuer à protéger Declan. Après tout, il reste des démons sur Terre et Lucifer ne lâchera pas l'affaire.

- Nous ne tarderons pas à le savoir. Ils prennent l'avion demain en fin de matinée. En comptant le trajet et la supervision de leur installation, d'ici deux jours, nous pourrons remonter.

- Tu ne redoutes pas ce qui va t'arriver pour avoir volé le dossier ?

- Un peu. Ariel ne laissera pas mon exaction passer, peu importe son utilité dans le dénouement.

- Je t'imagine bien chez les Cupidons.

Il me poussa de l'épaule et jeris.

- Ne parle pas de malheur ! Il serait fort capable de le faire dans le seul but de me rendre marteau !

C'était vrai que ça ressemblerait à notre patron de faire ça. Il m'avait menacé tant de fois de me faire atterrir chez les Cupidons que sa menace me laissait désormais de marbre.

- Tu sais qu'il est descendu pendant la bataille ? reprit Meriel. Il ne devait pas venir, normalement. Il n'y était pas autorisé par les Dominations. Mais je l'ai vu. Je suis certain qu'il était là, que c'est lui qui a alerté les sorcières locales.

- Ça m'aurait étonné qu'il ne trouve pas une façon de participer. Il est un abrasif mais il reste un ange dévoué à la cause humaine. Depuis le début, il m'aide donc je ne suis pas étonné qu'il ait été contre les ordres.

- J'ai eu la même pensée. Ça ne me ferait toujours pas l'apprécier, qu'on se le dise.

Je me contentai d'un léger rire en guise de réponse.

Le silence retomba. J'hésitai. Des mots me brûlaient les lèvres depuis la première nuit que nous avions passée à regarder le ciel piqueté d'étoiles. Je ne savais pas à quelle réaction m'attendre avec lui et ça m'empêchait de les prononcer.

Trouver le courage de lui parler fut plus compliqué que d'en trouver pour affronter le Diable. Ça n'avait pas de sens. Je n'aurais pas dû être aussi anxieux à la simple idée de lui parler. Il était mon ami, mon coéquipier.

A Season In HellWhere stories live. Discover now