Chapitre 43

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Habiter chez une sorcière était une expérience. La maison sentait constamment la fumée, les plantes ou les épices. J'eus du mal à m'y habituer. À chaque fois que je m'assoupissais, je me réveillais avec le souvenir des fumoirs que j'avais pu visiter durant ma vie humaine. Et ce n'était pas plaisant. Les riches n'ont jamais apprécié que l'on s'infiltre dans leurs clubs.

Beahan passait la majeure partie de son temps à faire des recherches. Ava, elle, travaillait pour sa boutique la journée et, une fois le soir tombé, aidait son ami dans sa compréhension des démons.

Le soir était le seul moment où nous travaillions tous ensemble. J'avais besoin d'en savoir plus sur la menace qui pesait sur nous. C'était compliqué, même avec les nombreux livres d'Ava. Les informations se contredisaient ou, si l'on était chanceux, s'accordaient à moitié. C'était frustrant d'apprendre sans pourtant apprendre quoi que ce soit.

Malgré tout, je devais admettre que c'était intelligent. Les démons avaient réussi à couvrir leurs traces pour que personne ne puisse savoir de quoi ils étaient réellement capables. Seuls les plus vieux anges et archanges pouvaient en avoir une idée. La désinformation était le plus grand désavantage au monde et les démons en étaient des artistes.

Meriel tentait d'obtenir plus d'informations de son côté. Pour l'instant, il n'avait pas réussi à découvrir ce qui se tramait dans notre dos. Les Trônes étaient introuvables et espionner Ariel était devenu impossible. Notre patron n'était pas un idiot. Il devinait bien que, à défaut de pouvoir avoir ses informations à la source, Meriel allait tenter de les avoir ailleurs.

Au demeurant, mon équipier était certain que quelque chose se tramait. Quelque chose de gros. Il y avait des préparatifs aux Cieux qui commençaient à attirer la suspicion. Il semblerait que les anges ne soient pas aussi aveugles qu'ils le laissaient paraître. Eux aussi sentaient la menace qui planait. Ils n'avaient pas la moindre idée de ce qui rôdait à l'extérieur.

Je jetai un œil vers Beahan qui, couché en chien de fusil sous d'épaisses couvertures, dormait plus ou moins paisiblement. J'avais pensé me reposer aussi mais les Vertus m'avaient rappelé qu'il fallait que je remonte quelques heures pour baigner dans la lumière céleste. J'avais déjà dissimulé les sceaux dans la maison. Les sorts de protection d'Ava devraient empêcher quoi que ce soit d'arriver mais je préférais être sûr.

Je priai Rikbiel pour qu'il fasse descendre l'escalier. Je dus attendre quelques secondes de plus que d'habitude. C'était étrange. Je remontai avec les sourcils froncés. J'avais développé des habitudes et les voir perturbées ne me plaisait pas le moins du monde.

Le Chef des Déplacements Célestes arborait un air bien trop pâle à mon goût. Il s'était passé quelque chose. L'atmosphère elle-même était étrange. Au milieu des montées et descentes constantes de la Salle des Descentes, j'avais l'impression d'être coincé dans un piège.

Rikbiel s'approcha et pressa mon épaule. C'était la première fois qu'il se montrait aussi amical.

- Sois prudent. Il y a du grabuge parmi les Archanges et ça détraque les Cieux.

- Qu'est-ce qui se passe ?

Il haussa les épaules.

- Aucune idée. Ça a commencé juste comme ça. Une explosion. Ça ressemblerait bien à Michael. Il a toujours eu un sale caractère. Mais c'est pas bon. C'est jamais bon quand on entend parler de Michael.

- Michael ? L'Archange Michael ?

Il opina du chef, tapota mon épaule et repartit à son poste.

Cassiel avait visiblement réussi à attiser l'intérêt de Michael. Sauf que ce dernier n'en semblait pas ravi du tout. J'avais terriblement envie de savoir ce qu'il se disait mais je doutais que ça soit sûr. Les éclairs qui vrillaient le plafond me l'assuraient.

A Season In HellWhere stories live. Discover now