Chapitre 45

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45.
M ou W

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C'est un nouveau matin, qui ouvre la quatrième journée dans un monde qui se remet sur pieds. C'est un matin où l'hiver n'est ni rouge ni noir. C'est un matin normal, et Jisung se réveille dans le lit de Felix avec ce dernier à ses côtés. La jambe du rouquin se comporte en poids mort sur ses hanches et en bougeant il grimace. Les ecchymoses ne sont pas parties, elles se sont juste un peu estompées, tout comme ses brûlures qui constellent encore sa peau et ses rêves. Son ami fronce à peine les sourcils quand Jisung retire sa jambe sans le réveiller, et le blond sourit de son exploit. Il roule sur le dos, observe le plafond quelques secondes.

La maison de Jisung a brûlé, et quand ils se sont retrouvés, jamais Jisung n'avait vu son père dans une telle colère. Plus que de l'inquiétude, c'était l'impuissance et le doute, celui de ne même pas savoir si son fils était encore en vie ou pas. Son père avait suffoqué de chaque seconde qui passait, avec Kongdo qui parfois était celui qui le consolait.

La maison de Jisung a brûlé, et en attendant il séjourne chez Felix. Depuis quatre jours, qu'est-ce qu'il attend ? Aucune idée. Peut-être une nouvelle maison, son père et Kongdo vivent temporairement chez tante Jisoo, et il leur rend visite autant que possible mais c'est trop loin et il y a déjà beaucoup de monde à gérer dans la maison de sa tante.

Il regarde l'horloge murale, imite un « tic tac » qui n'existe pas. Puis sa jambe s'extirpe des draps, tandis que Felix lui, dort encore à poings fermés.

Il frissonne, mais, alors qu'il rajuste son pyjama sur ses épaules, il se dirige lentement vers la porte. Pareil dans les couloirs, le silence est doux, la plupart dorment encore. C'est tôt. Il descend les escaliers, et là, sans grande surprise, Rachel est déjà debout. Dans la cuisine, elle salut Jisung d'un sourire et continue de tartiner son toast avec à côté son premier café. Elle adore le café, Felix a beau lui dire qu'elle ne devrait pas en abuser, elle ne le comprend qu'une fois sa troisième tasse enfilée, quand elle se retrouve avec une nausée monstre et que ses mains tremblent sur son clavier. Mais bon, c'est comme ça.

Il ne prend pas de manteau, reste juste en pyjama quand il s'insère dans l'entrée sans un bruit. Et dehors la route est blanche, elle réfléchit les rayons d'un soleil encore caché. Jisung entoure son corps de ses bras et une volute de fumée vole de ses lèvres au ciel d'aquarelle. Il fait froid, mais son corps à peine couvert s'élance sur le tableau opalescent, petit point d'or dans une mer de nuages. Il arrive déjà frigorifié devant « l'autre maison Lee », pour la quatrième fois il se dit « J'aurais dû le mettre ce putain de manteau », et pour la quatrième fois il oublie de le faire.

Jisung frappe à la porte, et bien rapidement -trop rapidement-, elle s'ouvre sur Sanah. Déjà habillée, prête à partir au travail, elle observe Jisung avec une moue désespérée.

—      Tu te rends compte que maintenant je dois anticiper pour pas te laisser congeler dehors ?

Jisung rit, et Sanah se décale pour le laisser entrer. La première fois, Jisung est resté presque dix minutes à se les geler, parce que Minho dormait comme d'habitude, que Kyunseok lisait son journal à l'autre bout de la maison, et que Sanah terminait de prendre sa douche.

—      Sinon c'est quand que vous décidez de retourner vous instruire, dans cet endroit très modeste qu'on appelle « lycée » ?

Sur un ton plaisantin Jisung rétorque, après s'être incliné devant le père de Minho qui termine d'ajuster sa cravate devant le miroir.

—      Quand les professeurs arrêteront de défoncer le prénom de Felix pendant l'appel.

Sanah soupire. Puis en voyant son mari se diriger vers la voiture, elle lance un regard aux escaliers. Elle ébouriffe les cheveux du blond et suit Kyunseok.

"Hiraeth" 🔜  Minsung Where stories live. Discover now