"Hiraeth" 🔜 Minsung

Chapitre 26

26.
Werifesteria

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— Le vent qui chante, envoie le message à maman. L'eau dans la roche devient sirop sur ma langue. Mata'i et Switch !

La charrette fait un bruit monstre sur le chemin de terre. Une voix chantonne, ce sont des chants d'enfants, mais la jeune fille n'est pas vraiment une enfant. Elle tient la charrette de ses deux bras et entraine la marchandise vers la ville. Le chant le plus célèbre, celui des douze sorts basiques de Werifesteria.

— Komorebi, papa fait apparaitre Rouky mais je n'en veux pas. Pouf, Rouky a disparu ! Lyseul, la pomme était sur la table et je l'ai fait voler jusqu'à ma main ! Anapi, le-

— Liah !

La jeune fille s'immobilise, derrière elle la charrette remue. Un petit corps saute à pieds joints, ladite Liah le scrute et pose les deux extensions de bois au sol, affaissant le véhicule vers l'avant. Ils ne sont pas loin de leur maison, et la ville est à une poignée de minutes. Ni trop ni pas assez.

— Gigan, où tu vas ?

— Liah, viens là !

Dans les hautes herbes qui s'élèvent à quelques mètres de la route, une espèce de lacune est discernable. Elle n'y était pas la veille, elle crée un creux au milieu. Liah suit son petit frère qui serpente entre la verdure. Le garçon est agile, sa grande sœur peine à ne pas le perdre malgré le peu de distance à parcourir. Un glapissement la fait sursauter, la lacune s'agrandit au fur et à mesure qu'elle s'approche.

— Il est mort, tu crois ?

D'une petite voix, Gigan tire la manche un peu salie de Liah. Une fois à bonne distance, la jeune fille balaye les branches qui lui gâchent la vue et baisse les yeux.

— Doux précurseur du Chalima...

Un jeune homme est là, inconscient parmi les hautes herbes. Peut-être mort. Liah lève un regard un peu alerté vers le sentier, mais personne en vue pour leur venir en aide. Elle s'accroupit aux côtés de Gigan, qui tend une main vers la dépouille de l'inconnu. Mais Liah lui prend durement le bras.

— Ne le touche pas, il faut prévenir la police.

— Il respire.

— Comment ça ?

— Regarde, il est vivant.

Au même moment, l'inconscient remue, très faiblement, presque pas. Mais ce mouvement surprend la jeune fille qui tombe sur les fesses. Elle grogne, regarde encore et encore autour d'elle. Elle se met alors à genoux, se penche un peu plus vers le garçon.

Le garçon, ici, est très beau. Ses longs cils s'agitent légèrement, comme en proie à un mauvais rêve. Ses lèvres sont pâles, mais la forme de sa bouche est belle. Il a un petit grain de beauté sur le nez, la peau blanche. Ses traits sont fins et harmonieux, ils ne peuvent le nier.

Fronçant les sourcils, Liah pose une main sur son épaule et le secoue d'abord doucement.

— Hé, hé toi.

Pas de réponse, alors sa main passe sur son visage pour lui ouvrir une paupière.

— Hé !

Son pouce et son index cadenassent sa joue et la tirent, puis elle la lui claque un peu brusquement. Ça devient comique tout d'un coup, le garçon sursaute et son corps se redresse brutalement. Gigan recule, manquant de se recevoir un coup de tête violent. Sa sœur n'est pas aussi chanceuse, le front de celui qui était inconscient percute le sien et tous deux laissent échapper une plainte sourde.