"Hiraeth" 🔜 Minsung

Werifesteria II

II.
La trêve.

—      Et maintenant, que comptes-tu faire ?

—      Tu penses que je m'attendais à une rébellion de sa part ?

—      Minho a vécu avec l'état d'esprit des humains, il vit de la logique humaine. Il renie notre existence et tu n'as pas aidé en rompant pratiquement le lien que nous avons avec lui.

—      Le problème n'est pas cette fichue crise d'adolescence qu'il nous fait. C'est l'autre.

—      Le garçon ?

—      Ces garçons, mais surtout celui-là.

—      Devrions nous l'éliminer ?

—      Nous sommes obligés de passer par Minho pour ça, on ne peut agir directement par nous-même.

—      Faisons-le.

—      Il n'est pas prêt. Son inconscient peut interpréter une partie de la translocation mais il doit être en éveil pour reproduire un sortilège.

—      Pas nécessairement.

—       ...

—      Soojin...

—      Minho ne tuera personne. Du moins jamais à son insu. On ne salit pas les mains d'un innocent.

—      Mamie Gem !

Fluctuations dans l'air, mais tout est flou aux yeux humains (lecteurs), il n'y a que des ondulations dans un chaos innommable.

Avec un peu d'imagination, l'œil humain pourrait néanmoins deviner des silhouettes d'ectoplasme tourner dans du rien.

—      Hansung, soupire une voix qui semble avoir mille ans. La mort n'est pas la solution. Tu as voulu nuire à un humain lié à notre descendant, mais tu aurais pu nuire à Minho lui-même.

—      Les sorciers ne cèdent pas pour si peu. Il fallait le secouer un peu pour qu'il obéisse.

—      Les Jung ne tuent pas aveuglément.

—      Mantra de merde !

Fluctuations dans l'air, un boom dans le chaos. Une onde de choc se propage dans l'immensité du néant.

—      Mamie Gem ! hurle la voix de Soojin.

—      Ne t'en fais pas ma puce, nous sommes déjà morts.

—      Putain, siffle Hansung. Ça fait un mal de chien !

—      Maman, rends-lui sa tête... s'insère une nouvelle voix.

—      Nous allons laisser Minho tranquille pour le moment.

—      Mais le garçon ?

—      Je ne sais pas encore, mais pour l'instant nous n'agissons pas de la bonne façon.

—      Tu es sérieuse ?!

—      Nous le bousculons, nous l'effrayons et les émotions beaucoup trop intenses favorisent le déclenchement de la transition. Notre but premier et de la retarder au maximum. Minho aura bientôt dix-huit ans il me semble. Il entre dans l'âge le plus délicat.

Les fluctuations dans le vide se figent, l'univers abstrait devient un mur de glace. L'œil humain observe le manque de mouvement, une sensation désagréable se propage dans le corps du spectateur parce qu'il ne voit rien mais semble deviner que dans ce rien des yeux sont braqués sur lui.

—      Minho, c'est l'heure de te réveiller et d'oublier cette discussion.

Le spectateur croit sentir de nouveau le vide mouvoir, comme quand le sol est si chaud que l'air au-dessus déforme le paysage. Il y a des nuances de bleu et un peu de violet, c'est comme un ciel mais sans étoiles. Le spectateur est dans une torpeur évidente, il sent ce qui dans le monde humain s'apparenterait à une main, qui se pose contre sa joue. Puis c'est quelque chose de semblable à des lèvres qui rencontrent son front. C'est doux, c'est à la fois distant et maternel.

—      Oublie cette discussion. Oublie-la comme toutes celles que nous avons eu depuis ta naissance, mon trésor.