Quant à Georgia, je ne sais que penser. Elle est très difficile à lire, peut-être plus que sa fille, finalement, elles ont peut-être plus en commun que je ne veux bien l'admettre . Ne sachant pas trop quoi dire, je la laisse entrer et lui cède ma place dans le fauteuil et prends place sur une chaise et d'où je reprends mon poste d'observation , tout en gardant un œil sur la mère de ma belle. Cette dernière ne dit toujours rien, mais au fur et à mesure qu'elle regarde sa fille, je vois sa carapace se fissurer, et la femme qui jusque-là s'était tenue droite, se ratatine et perd de sa superbe.

-Je peux vous laisser seule avec Sibylle, si vous le voulez, lui dis-je afin de casser ce silence, tout en espérant qu'elle me réponde par laffirmative.

-Restez, s'il vous plaît, me demande-t-elle.

Un ange passe avant que la mère de Sibylle ne se manifeste à nouveau. Je ne sais pas quoi lui dire. Cette femme qui partage tant de choses avec ma rouquine, me laisse perplexe. Je ne la connais qu'à travers les mots que Peyton a couchés dans ses cahiers, et autant dire qu'elle en a pris souvent pour son matricule. Savoir que c'est elle qui a conduit ma belle dans la clinique du connard, ne joue pas en sa faveur.

-Jai lu les cahiers, commence-t-elle tout doucement. Ce, ce qui y est écrit

-Elle n'a pas été tendre avec vous, lui dis-je.

-Oh, ça ! ça n'est rien ! Puis en éclatant en sanglots. Comment est-ce possible que je n'ai rien vu venir. Peyton, Sibylle. Quand, je pense à ce qui s'est passé. Je m'en veux.

-Madame...

-J'ai toujours voulu la protéger, vous savez. C'était notre bébé miracle, si jolie et si petite. Je n'avais pas conscience que j'étais en train de l'étouffer . Ma toute petite fille, au lieu de ça, je l'ai fait fuir, et elle a failli se faire...

-On fait tous des erreurs, lui dis-je en lui tendant un mouchoir.

-Sans vous, cela aurait pu être très grave.

-Je n'ai rien fait Madame, je...

-Appelez-moi Georgia, s'il vous plaît. Vos amis, nous ont raconté comment vous vous êtes obstiné à retrouver Sibylle. Elle a beaucoup de chance de vous avoir.

-C'est moi qui ai de la chance, lui réponds-je. Je tiens énormément à votre fille.

-Vous êtes quelqu'un de bien, Mr Donovan, merci d'être là pour elle. Je suis contente de savoir qu'elle n'est pas seule, et qu'elle peut compter sur plusieurs personnes.

-Blake, s'il vous plaît. Votre fille est quelqu'un de complexe. Ce sont toutes ces facettes qui font d'elle , une femme épatante. Je suis sûr qu'elle saura rebondir, même si ça prendra du temps.

-J'aimerais vous croire Blake. J'ai tant à me faire pardonner. On aimerait tant son père et moi retrouver notre fille. Mais, il est sans doute trop tard.

-Laissez-lui, le temps de se relever. Sibylle, vous aime, vous lui manquez. Maintenant, qu'il n'est plus dans le paysage, votre fille n'a plus de raisons de vous fuir et de fuir sa vie d'avant .

-Je n'en suis pas si sûre. Je l'espère de tout cœur en tout cas.

-Elle reviendra vers vous, c'est certain, ça sera peut-être long. J'ai une question à laquelle vous pourrez répondre.

-Qu'elle est-elle ?

-Savez-vous ce qu'il va advenir de la fille de Peyton, maintenant que son géniteur est derrière les barreaux ? Sibylle, voudra le savoir quand elle se réveillera.

-À vrai dire, on n'en sait trop rien. Nous avons demandé à notre avocat de faire les démarches pour que nous puissions l'accueillir , afin que Casey ne soit pas placée en foyer ou chez des inconnus. Après, il faudra que l'on attende le jugement concernant Erik.

-C'est pas grand-chose, mais je pense que Sibylle sera soulagée que la petite n'aille pas n'importe où.

-Oui. C'est le minimum qu'on puisse faire pour elle, seulement nous ne sommes plus tout jeunes. On avisera ensuite. Vous devriez aller vous reposer Blake, me dit cette dernière en clôturant le sujet « Casey », vous avez l'air épuisé.

-Ne vous en faites pas pour moi, Georgia. Je ne partirai pas, tant que Sibylle ne se sera pas réveillée.

-Dans ce cas, je vais y aller. Vous pouvez récupérer le fauteuil, vous y serez bien mieux.

-Aurevoir, Georgia.

-Blake ?

-Oui ?

-Merci, de prendre soin de ma fille.

-Pas de quoi Madame.

Sur ces derniers mots, la mère de Carotte sort et me laisse enfin seul avec ma rouquine. Seul, je ne le resterai pas longtemps, je sais pertinemment qu'on viendra me faire chier en me proposant d'aller me reposer. Ils pourront tous venir me supplier, je ne cèderai ma place à personne. Le restant de la journée, passe de la même façon que la veille, jusqu'à ce qu'épuisé , je m'écroule de fatigue, la tête posée contre la cuisse de ma belle, et une main recouvrant la sienne.

Je n'ai pas eu conscience de m'être endormi, jusqu'à ce qu'une horde de blouse se précipite dans la chambre au son des alarmes qui se sont enclenchées. La panique a vite fait de me réveiller complètement, quand je finis par comprendre ce qu'il se passe, en rencontrant ce regard qui me manquait tant. Alors que le personnel s'efforce de lui demander de se calmer, je me rapproche du lit en bousculant une infirmière et lui prend la main.

-Je suis là, ma belle. Tout va bien se passer, dis-je en restant accroché à sa main.

Alors qu'on me regarde de travers, je sens la main de ma rouquine serrer la mienne et s'apaiser . Il faudra encore quelques minutes pour que l'on retire tout l'équipement en trop, avant que nous ne nous retrouvions à nouveau seuls. La nuit étant bien entamée, je finis par sombrer à nouveau, avec cette fois dans mes bras, mon trésor le plus précieux.

Through their shadowsOnde histórias criam vida. Descubra agora