Partie 3

374 18 9
                                    




Le monde sembla s'arrêter autour d'elle et disparaître car non loin d'elle, Mcgonnagall avait cessé le combat, le regard perdu dans le vide. Sa baguette baissée dans une main, les jambes fébriles, elle tenait une dague au niveau de son abdomen où le sang avait déjà dessiné une alvéole noire sur sa robe. La vieille sorcière se courba silencieusement, arracha la lame et s'écroula lourdement sur le sol. Paniquée, Lizzie en oublia tout le reste. Les mangemorts n'avaient plus d'importance, Voldemort n'était plus qu'un danger abstrait embrumé derrière son inquiétude. Elle s'élança fiévreusement vers sa tutrice à travers le champ de bataille, ne souciant plus de sa propre sécurité. Elle se jeta au sol et suréleva le buste de la directrice de manière à pouvoir examiner sa blessure.

- Lizzie ?...s'enquit Mcgonnagall d'une voix faible.

- Oui professeur, c'est moi, lui répondit la Gryffondor, tremblante, ne vous en faîtes pas, je suis là...

Elle apposa sa main libre sur la blessure de la directrice et tenta de la purger avec ses pouvoirs mais rien à faire la plaie saignait tout autant. Le plus inquiétant cependant était que le sang était de couleur noire au lieu de l'habituelle couleur cerise.

- Lizzie, tu ne peux rien faire, réessaya Mcgonnagall, la lame...elle étouffa un gémissement de douleur, a été empoisonné.

C'était un cauchemar ! C'était la seule explication logique ! Mcgonnagall ne pouvait pas mourir, pas comme ça, pas maintenant ! C'était la seule famille qui lui restait, la seule personne qui la comprenait comme une mère comprenait sa fille. Sans elle, elle n'aurait plus personne. Elle serait seule. Les larmes s'écoulèrent de ses yeux pour déferler sur ses joues. Non, elle n'abandonnerait pas ! Elle refusait de la perdre ! Elle réitéra sa tentative focalisant toute son énergie sur la blessure mais rien ne se passa. Mcgonnagall l'arrêta, posant sa main sur la sienne, les yeux emplis de tendresse, consciente que son destin avait été scellé.

- Laisse-moi partir...

Lizzie secoua la tête. Elle ne pouvait pas lui demander une telle chose, ce serait comme si elle lui demandait d'être son propre bourreau. Ses larmes roulèrent jusqu'au sol et mouillèrent la robe de la directrice.

- Jamais !

Elle réessaya inutilement de purger le poison quand Mcgonnagall l'interrompit encore une fois, un doux sourire dessiné sur ses lèvres :

- Je suis contente de te revoir une dernière fois...

Lizzie détourna le regard, baissant la tête, refusant d'accepter l'inévitable. Sa tutrice posa sa main sur sa joue, l'analysant attentivement comme pour imprimer les traits de son visage.

- Tu sembles plus forte que dans mes souvenirs, lui avoua-t-elle, plus courageuse, plus mature...

La Gryffondor sanglota, se doutant que sa tutrice vivait ses derniers instants.

- Protège Poudlard... les élèves auront besoin de toi...

- Je vous le promets, lui assura Bella, les larmes aux yeux, je vous rendrai fière...

La directrice leva les yeux une dernière fois vers sa pupille, souriant à la jeune femme qu'elle était devenue.

- Lizzie, lui rappela gentiment Mcgonnagall, tu es... et tu resteras ma plus grande fierté...

Et c'est le regard plongé dans le sien, que la lueur qui l'animait s'éteignit. Les pleurs de Lizzie redoublèrent. Désemparée, elle ferma avec délicatesse les paupières de la directrice avant de serrer son corps proche du sien, incapable de se détacher de la dernière personne qu'elle considérait comme sa famille. Ses larmes ne semblaient pas suffisantes pour exprimer sa douleur. Son cœur saignait à travers sa poitrine comme si on avait rouvert une blessure qui n'avait jamais vraiment cicatrisé. Ses oreilles bourdonnaient refusant d'entendre la triste vérité, ses yeux brulaient espérant nier l'évidence. Mais son dénie ne put survivre bien longtemps face à cette douleur destructrice. Et elle se mit à crier de désespoir.

La bataille cessa. Et alors que les larmes de Lizzie déferlaient sans fin sur ses joues, les mangemorts s'écroulèrent à terre, la tête dans leur main, agonisant psychiquement, ressentant une douleur aussi intense si ce n'est pire qu'un doloris. Elèves, professeurs, aurors reprirent simultanément leur souffle, profitant de ce moment de répit pour s'interroger du regard, se demandant par quel miracle les mangemorts avait été neutralisé.

Voldemort assistait impuissant à la scène pour l'une des rares fois dans sa vie. Il avait suivi attentivement les derniers instants de Mcgonnagall et les adieux déchirants de Lizzie, se doutant que ce n'était que le calme avant la tempête. Lizzie, dévastée et la mort de sa tutrice allait déclencher un raz de marée. Personne ne l'avait déjà vu dans cet état, lui inclus malgré tout ce qui lui avait fait subir. Les yeux bouffis, le teint pâle, la voix éraillée par ses sanglots, elle semblait être une petite chose fragile sans défense que l'on voudrait protégé du monde et ce même en sachant qu'elle faisait tordre de douleur son armée de mangemort. Il sut qu'il détestait la voir dans cet état et il haït le fait de ne pouvoir extérioriser davantage sa colère sur le stupide mangemort qui l'avait désobéie.

A ce moment-là, Lizzie leva la tête et sembla le remarquer à quelques centaines de mètres. Ses abysses noirs, rencontrèrent les prunelles miel familière de la Gryffondor. Mais, la haine qu'il put y lire était indescriptible, méconnaissable. Elle le tenait pour responsable et il sut alors qu'il avait perdu la bataille. D'un écran de fumé noire il quitta Poudlard, les mangemorts le suivant un à un. Lorsqu'enfin tous avaient quitté les lieux, la marque des ténèbres trônant au-dessus de leur tête disparut à son tour.

La bataille était terminée. Poudlard était sauf, mais à quel prix ? C'est ce que chaque élève, aurors, professeurs se demandait silencieusement autour de la Gryffondor qui pleurait toujours sur le corps de la directrice. La nouvelle s'était répandue comme une trainée de poudre, et tous s'étaient rassemblés autour du corps inerte de Mcgonagall mais personne n'osait l'approcher.

Une tête blonde cependant se détacha de la foule larmoyante et s'approcha doucement de Lizzie, s'agenouilla près d'elle et la pris dans ses bras alors que celle-ci s'accrochait désespérément au corps de sa tutrice. Deux ombres également se postèrent près d'elle et l'encerclèrent d'une aura protectrice.

- Laisse-la partir, murmura Gabrielle.

Lizzie secoua la tête entre deux sanglots, incapable de lâcher prise. Gabrielle la serra davantage et récita doucement :

-

Alors que mon âme est figée dans la roche

Mes yeux brillants, en silence, souffrent et suffoque

Mes larmes brûlante tombe et s'accroche

Pitié mon cœur saigne, il a brisé sa coque !

Lizzie étouffa un sanglot, reconnaissant son propre poème qu'elle avait écrit après la mort de ses parents.

- Laisse-les partir, ses morceaux t'étouffent, poursuivit Gabrielle sous l'oreille attentive de la foule.

Se raccrocher à ce passé, ne te fera pas avancer

Laisse-les partir, ses lambeaux t'engouffrent

T'agripper, n'est pas ce qu'ils auraient souhaitais...

Les pleurs de Lizzie redoublèrent, et alors que la foule pleurait devant la scène d'émotion, elle lâcha prise. Elle posa le corps de Mcgonnagall délicatement à terre avant de se jeter dans les bras de Gabrielle.

Princesse de GryffondorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant