chapitre 23

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18 novembre
Quelque part dans Paris.

Je regard la trotteuse de la pendule faire le tour du cadrant. Seconde par seconde, minute par minute, heure par heure. C'est hypnotique de voir le temps qui passe. Quand on s'attarde vraiment sur le sujet on se rend compte que c'est pas seulement des unités de temps qui défilent, mais la vie, notre temps sur terre, notre existence. Alors certains, voir la plupart des gens te dirons, que c'est pour cette raison qu'il faut profiter a fond, vivre l'instant présent comme ci c'était le dernier. Mais vivre quoi ? La solitude ? Le manque ? Ce sentiment d'abandon constant que je ressens depuis longtemps ? J'ai décidée de ne plus vivre. Les choses qui m'entourent me paraissent ternes, mes yeux ne captent plus les couleurs, tout est fade. Le monde est fade. Toutes ces théories sur le bonheur ne sont que mascarade. Comment vivre quand ton coeur a cessé de battre. Techniquement le mien bat, c'est certain, mais il a désormais que cette utilité là. Les émotions qui jadis me faisait avoir des coups de coeur, battements de coeur, le coeur qui s'accélère, ont disparus  comme lui.
Lui, encore lui, toujours lui.
Depuis qu'il est parti, je ne vis plus, je ne mange plus, ne parle plus. C'est pour cette raison que je suis sur ce lit, dans une clinique, a me faire soigner.
Soigner, le mot ne correspond pas vraiment, vu que pour être soigner, il faut en avoir envie, et c'est pas mon cas. J'ai choisi l'état dans lequel je me trouve, bon pas vraiment, mais cela me convient. C'est Chloé et Tom qui m'ont amené ici, et depuis que je suis là, ils viennent tout les jours me voir. Ils font des monologues interminables, Chloé me coiffe, me maquille, me met du vernis dans le but d'être belle, mais qu'est ce que j'en ai a foutre ! Ils me parle de tout et de rien, comme quand on parle a son ami imaginaire enfant, car je suis plus un fantôme qu'autre chose. Une marionnette qu'on a posée dans ce foutu lit, branchée a une sonde pour m'alimenter. 
Certains jours Chloé craque, elle pleure de me voir ainsi, inerte, alors elle me secoue, elle crie, me menace, mais je n'ai aucune réaction.
Le psy a dit que j'etais dans un état de choc. Tiens en parlant de lui, je ne savais pas que les psy parlaient autant. A l'époque quand j'ai perdu mes parents, j'en voyais un, c'était moi qui devait parler, alors certains jours je le faisais, d'autre non, mais il acceptait et ne forçait pas, on se voit la prochaine fois, quand tu auras envie de parler, me disait-il. Mais lui, il parle tout le temps, en même temps, je n'ouvre jamais la bouche. Il doit combler le vide, je ne sais pas.... toujours il me parle de l'importance de la vie, de la chance que l'on a, que la souffrance fait partie de la vie, sans quoi comment ferait ton pour apprécier le bonheur a sa juste valeur. Quelle connerie !   Toute ma vie a été que souffrance ! 5 mois de bonheur dans toute mon existence, c'est cher payer !
Ben est venu me voir aussi, ainsi que 2 ou 3 collègues. Mais ils ne sont venu que une fois, je dois leur faire trop pitié. Mais ça me va, je veux être seule. La solitude me convient.
Toujours les yeux fixés a cette pendule, j'entends la porte qui s'ouvre, aucune réaction. La voix de Tom me parvient, mais je ne l'écoute pas. Il me fait un bisou sur la joue. Une deuxieme voix me parle, je ne sais pas de qui il s'agit, et je m'en fou. Mon ouïe est accaparé que par le tic-tac incessant de l'horloge. Le visage de Tom apparait dans mon champ de vison, il a capté depuis un moment le point de chute de mon regard, et du coup, il se place entre moi et l'horloge. Il parle, puis une deuxième personne vient a côté de lui. Un homme. Il me dit vaguement quelque chose. Mais je ne fais pas l'effort de me rappeler.
Ils finissent par partir, leurs visages trahissent leur déception,  si je continue comme ça, même Tom et Chloé ne vont plus venir me voir. Mais ça n'est égal, la seule personne que je veux voir, c'est lui. Lui seul peut me faire voir la lumière.

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