chapitre 4

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Je suis tirée du sommeil par des violents coups contre la porte. Ken dort sur ma poitrine, je ne peux pas bouger. Les coups à la porte sont de plus en plus forts, quelqu'un hurle le prénom de Ken. Je bouge un peu et il ressert son emprise. Je lui passe mes doigts dans ses cheveux, pour le réveiller, en prononçant son prénom. Il lève enfin la tête, les yeux à moitié fermés, il me sourit. Il se redresse en entendant la porte tambouriner.
- putain de merde, son expression change pour de la colère . Bébé reste là, me dit-il
J'approuve de la tête.
Il se lève et enfile son boxer et sort de la chambre en refermant la porte, je l'entends hurler plusieurs mots pas vraiment sympathiques, j'espère que ça n'est pas le service d'étage. Je reste dans le lit, ne sachant pas quoi faire. Puis j'entends.

- putain mec, je fais que te t'appeler, on est retard, bouge ton cul.
Je reconnais la voix de Doums
- en retard pourquoi bordel ! Hurle Ken, il est vraiment énervé.
- les interviews ! Mec va te zapper, faut vraiment bouger.
- me casse pas les couilles, putain, j'y vais pas à ton truc de merde !
- t'es pas du matin, je sais, mais là il est 14h ! Ça fait 2 heures que je t'appelle sur ton phone
- quelle heure t'a dit ?
- 14h mec, tu dors jamais, alors tu foutais quoi bordel ?
Je vois la porte s'ouvrir et au même moment Ken qui dit
- attends

Trop tard, Doums me dévisage la bouche ouverte, je tire la couette presque sur mon visage. Ken apparaît, son expression est fermée.
- On se retrouve dans le hall dans 10 minutes. Sa voie est sèche et cassante.
Sans rien dire, Doums part un petit sourire aux lèvres en me faisant un clin d'oeil.
Ken, va dans la salle de bain en restant muet , il ne me regard même pas, je ne sais pas quoi penser, et je ne sais pas quoi faire. Je reste assise un moment dans le lit, puis il sort une serviette autour des hanches, les cheveux encore mouillés, Dieu qu'il est sexy. Il me regarde, quand à moi je ne peux détacher mes yeux de son corps parfait.

- je dois aller faire ces putain d'interviews, ça fait chier !
Tout en râlent il s'habille, quand il laisse tomber la serviette je mate son cul parfait.
- pas de problème, je vais aller dans ma chambre pour m'habiller, je regarderais les trains pour rentrer.
- j'en ai pour deux heures je pense, après on repart sur paname, tu restes ?
- je ne sais pas, tout dépend des horaires de trains.
- ok, bon, je dois bouger, envoie-moi un message, ok ?
Il m'embrasse sur le front rapidement, puis il part.
Quel réveil ! Je me lève du lit, m'habille avec mes vêtements de la veille, pour aller dans ma chambre, enfin finalement c'est plus ma garde valise ! Après une douche, je consulte le site de trains, il y'en a un qui part dans une heure, parfait. Je descends à la réception pour régler ma chambre, le réceptionniste m'indique que tout a été réglé, gênée je le remercie. Je commande un taxi pour me rendre à la gare. J'aurais pu me balader un peu dans Lille, je ne connais pas du tout cette ville, mais le ciel est gris et menaçant, et j'ai le moral un peu bas de me retrouver sans Ken. Je le connais à peine et sa présence me manque déjà, je me sens comme vide.
Installée dans mon siège, je repense a cette nuit fabuleuse, il était si doux et attentionné avec moi, j'en ai encore les papillons dans le ventre. Je prends mon téléphone et je lui envoie un message : je suis dans le train, merci d'avoir réglé la chambre et pour ce bon moment, bisous.
J'appuie ma tête contre la vitre et je replonge dans mes pensées. Le trajet est relativement rapide. J'arrive à mon appart à 18h. Ce lieu me procure du réconfort. Je me fais une tisane, je range ma valise, puis je prends mon téléphone. Ken ne m'a pas répondu, petit pincement au coeur. J'appelle Tom.

- salut ma belle ! Comment tu vas ?
- hé, salut, je vais très bien et toi ?
- je suis à fond dans le boulot ! Je prépare la nouvelle collection.
Tom est styliste pour une célèbre marque haute couture.
- en pleine bourre alors ?
- oui ma chérie et toi le boulot ? Toujours aussi passionnant ?
- oui toujours !
- beurk ! Je ne comprendrais jamais ce besoin de voir du sang partout !
- on ne va pas avoir encore cette conversation ?
- non c'est inutile ! Alors on fait quoi pour la vieille ?
Je m'eclaffe de rire
- heureusement pour toi qu'elle ne t'entend pas !
- elle vieillit, c'est la réalité
- elle va avoir 26 ans, Tom !
- c'est bien ce que je dis, dépasser les 25, ça craint, premières rides anti-âge et tout le bordel !
- tu exagères ! Je rigole de plus belle
- pas du tout !
- rappelle-moi quel âge tu as ? 27 ans je crois ? Donc toi, tu serais un vieillard !
- et non ma belle, car nous les hommes en vieillissent on s'améliore, on se bonifie, comme le bon vin.
- tu es vraiment un cas désespéré ! Bon on fait quoi pour Chloé ?
- un resto sympa, branché et puis on verra après le repas où le vent nous mène.
- j'ai déjà mal à la tête rien que d'y penser !
- oh tu peux, ça va etre une vraie nuit de décadence !!!
- je te fais confiance là dessus !
- samedi soir tu la choppes, et vous venez chez moi, on boira un verre pour se mettre en condition avant de sortir.
- aller, on fait comme ça
- gros bisous ma belle, à samedi prochain
- bisous
Tom est un vrai personnage, il est haut en couleur et sûr de lui. Il est extravagant dans tout ce qu'il fait. Nous nous connaissons depuis nos 10 ans, il a toujours été comme ça, ce qui lui valait des moqueries à l'époque, mais il a toujours garder la tête haute, le regard des gens, il s'en foutait complètement et c'est toujours le cas. Côté sentimental il n'est pas très stable, il change de mecs toutes les semaines, il ne veut pas se poser, il ne vaut pas se prendre la tête dans une relation qui lui mettrait des barrières. Il aime la liberté, être indépendant. Je pense surtout qu'il ne veut pas s'attache pour ne pas souffrir et réveiller ses vieux démons, les mêmes que les miens et ceux de Chloé, qui nous ont permis de nous connaitre enfants, mais en pleine souffrance. Nous sommes resté soudés ensemble, nous avons veillé les uns sur les autres quand nos peurs refaisaient surface, quand le mal nous harpait vers le bas, quand tout devenait noir, l'un de nous réussissait toujours à nous redonner de la lumière.
J'ai faim, et je n'ai pas envie de cuisiner, je me commande des sushis et une soupe. Tout en mangeant je regarde un épisode d'une nouvelle série sur Netflix, Orfan Black. Dès le premier épisode j'accroche. Le temps passe et je suis à mon troisième épisode quand mon téléphone sonne, le nom de Ken apparaît sur l'écran, je ne peux m'empêcher de sourire.

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