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Du sang partout. Sur les murs, sur le sol, sur ce corps, et sur ses mains. Hermione tenta d'hurler, de pleurer : mais rien. Elle ne ressentait rien. Elle était vidée de toutes émotions, de toutes sensations. Elle ne sentait rien. N'arrivait à mettre de mots sur rien. Le corps de Drago au sol qui la fixait et lui souriait.

-

Elle se réveilla en sursaut. Recouverte de sueur et les cheveux en bataille, elle se redressa dans son lit, haletante, inquiète. Drago ne mit pas longtemps à arriver. Elle le regarda d'un regard désolé mais aussi honteux. Elle passa devant lui, attacha ses cheveux en une longue queue de cheval et inspira. Une fois dans les toilettes, elle passa son visage sous l'eau froide. Elle inspira, puis expira de nouveau, lourdement.

- Quelque chose ne va pas ?

Elle sursauta et fit volte-face ; Drago la fixait inquiet, les sourcils froncés.

- Juste... Juste un cauchemar.

Elle soupira. Comment lui dire ce qu'elle avait vu ?

- Tu sais que tu peux m'en parler.

Elle secoua la tête. Elle savait pertinemment que Drago ressentait tout, mais comment lui dire que ce cauchemar était dû au fait qu'elle s'en voulait ? Qu'elle s'en voulait de l'avoir regardé mourir, de l'avoir laissé se faire tuer par son père.

- Tu t'en veux pour quelque chose. Dis-moi quoi...

- Arrête de rentrer dans ma tête tout le temps, dit-elle sèchement.

Il recula d'un pas, comme effrayé de la menace de la jeune fille. Il baissa alors les yeux, emmêlant ses doigts entre son jean et sa ceinture.

- Je m'en veux de ce qu'il t'est arrivé. De t'avoir laissé mourir, de t'avoir regardé te faire tuer par ton père.

Il haussa les sourcils :

- Et tu aurais voulu faire quoi au juste ? Courir et jouer les héros ? Tu ne peux pas sauver tout le monde Hermione. Arrête de t'en vouloir à chaque fois que tu n'es pas quelque part, que tu ne fais pas quelque chose ou que tu loupes quelque chose ; commence par être là pour toi avant d'être là pour les autres.

Il s'approcha d'elle alors qu'elle recommençait de nouveau à pleurer. Il avait raison.

- Raconte-moi ton rêve.

- Je... Je t'avais tué. Il y avait du sang de partout, et je ne pouvais rien faire : pas parler, pleurer, hurler. Rien, comme condamnée à te contempler jusqu'à l'éternité.

Elle marqua une pause. Un nouveau sanglot.

- Et c'était insupportable...

Il la prit dans ses bras, tentant de la réconforter.

- Et ma vraie mort, comment était-elle ?

Elle déposa son regard triste dans le sien.

- Tu ne te souviens de rien ?

- Rien.

- Courte, pas de sang. Comme si tu t'étais simplement endormi.

Il sourit tendrement :

- C'est peut-être ça ; je me suis endormi. Et aujourd'hui je suis là. Tu n'as pas à avoir pitié de moi Hermione, je n'ai pas eu une vie exemplaire, ni un bon comportement. Je ne mérite pas ta pitié. Tu ne dois pas te sentir coupable : le seul coupable, c'est moi. Je suis là parce qu'on m'a laissé une chance de me racheter, une chance de retrouver ma vie.

Elle écarquilla les yeux.

- C'est ça ? Ta mission ? C'est pour te donner une seconde chance ?

- Oui.

Elle fronça les sourcils, cherchant ce que le garçon cherchait à lui dire.

- Donc si tu réussis...

- Je retrouve la vie ; ma vie.

- Tu ne me l'as jamais dit...

- Pas directement.

Elle haussa les sourcils, frottant ses bras frissonnant dans le froid nocturne. Elle sourit timidement.

- Ta vie dépend de la mienne ?

Il passa la main dans ses cheveux.

- Même sans cette mission ma vie dépendrait de toi.

Elle leva les yeux au ciel. Ils rirent en chœur.

- Le romantisme te va à merveille dis-moi, dit-elle.

Il soupira :

- Très marrant.

Ils s'assirent un moment-là, sur les petites marches prêtes des carreaux. Elle se souvint de cette nuit-là, où elle l'avait rejoint. Ils pleuraient. Maintenant, ils ne pleuraient plus. Ils s'étaient venus en aide. Elle prit une grande inspiration avant de dire :

- Avant toi, ma vie n'avait plus de sens. Je me laissais mourir, dépérir, parce que je n'avais rien à quoi me rattacher. J'ai vu beaucoup de morts, des morts de proches, et je m'en suis voulu au point de me rendre malade. Tu es arrivé au moment où je commençais à me demander pourquoi je continuais à vivre, à exister. Tu es la lumière qui a rallumé l'étincelle de ma vie.

Elle s'approcha de lui et l'embrassa timidement. Quelques secondes les unirent.

- Tu m'as changé.

- En bien j'espère ?

Il sourit.

- Retourne te coucher, ce n'était qu'un cauchemar. Et arrête de pleurer.

Hermione le suivit dans sa marche en direction du dortoir. Des cris retentirent. Elle se stoppa net. Les battements de son cœur s'accélérèrent.

- Bouge-pas, je vais voir.

Il disparut, et tout devint noir.

Pardonne-moi, Granger ⎮ DramioneWhere stories live. Discover now