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Il pensait à elle : la réaction qu'elle avait eue lorsqu'il était entré dans cette douche. Il revit son corps, maladroitement couvert de cette fine serviette blanche. Sa peau mouillée et pâle, recouverte de frissons ; cette même peau qui avait rougit lorsque leurs regards c'étaient croisés. Il sourit bêtement. Elle était belle, dans ce linge clair et doux. Elle était belle.

Il soupira, jouant avec deux morceaux de bois ramassés plus loin dans la forêt. Il réfléchit, longuement, traversant la forêt sombre et endormie. Il faisait noir, mais cela ne l'inquiétait pas. Personne ne pouvait le voir. Il était seul.

Lui qui pensait qu'il n'y avait pas pire que la souffrance ; et bien si, il y avait bel et bien pire. Ne rien ressentir était épouvantable, une vraie torture : ne rien ressentir était ce qu'il y avait de plus douloureux.

Il atteint rapidement le château. De la cour, il observait les derniers élèves monter les escaliers en souriant, finissant rapidement de la nourriture volée au buffet. Puis il s'assit là, sur ce banc de pierre sur lequel elle l'avait rejoint quelques fois. Que se passait-il ? Pourquoi pensait-il autant à elle ? Il le savait au fond : cette réponse, ce comportement le troublaient. Depuis la douche elle n'était plus la même. Comme distante. Un mur de glace les séparait, le même mur qu'il y a des années. Il secoua la tête :

Arrête de penser à ça, se dit-il intérieurement.

Mais c'était impossible. Il voyait son visage, souriant, sérieux, rougissant et pleurant. Elle avait beaucoup pleuré, beaucoup souffert ces derniers temps, depuis cette guerre sanglante. Beaucoup trop. Il se souvint de ce soir, où elle l'avait rejoint près des carreaux trempés pour pleurer avec lui.

Le monde pleure pour nous, dit-elle dans son esprit.

Incapable de ressentir quoi que ce soit, il était pourtant sûr de sentir une vague de chaleur, de frissons ; comme si son corps était engourdi. Et s'il était vivant, son cœur aurait voulu sortir de sa poitrine, il le sentait au fond, ce vide. Mais pourquoi ?

Lasse de ce vide, il soupira, passant nonchalamment la main dans ses cheveux emmêlés.

Puis il se perdit dans ses pensées : avant tout ça, avant d'être ici et d'être là pour elle, il n'était rien ; qu'un simple garçon, qui enchaînait les conquêtes.

Il était mauvais.

Hermione n'avait pas toujours été si belle ; il fallait le dire, à son arrivée à Poudlard, elle n'avait pas grand-chose pour plaire, cette Miss-je-sais-tout. C'est à partir de la quatrième année qu'elle avait commencé à attirer son regard. Parfois, dans la grande salle, il se surprenait à la regarder, ayant quelques pensées qu'il ne pouvait s'avouer à lui-même.

Il n'avait jamais vraiment connu l'amour : à part celui de sa mère. Son quotidien se réduisait à quelques conquêtes, sans sentiments. Il ne faisait qu'utiliser les femmes. Alors, dès qu'il avait commencé à avoir des pensées sur cette fille, sur cette sang-de-bourbe, sa seule réaction fut la violence. Comment accepter d'être attiré par la race que son père cherchait à élimer ?

Impossible.

Tout était bien différent. Il était là, et elle était là. Il était là, et elle était la seule à pouvoir le voir, à pouvoir communiquer avec lui. Et il était le seul à pouvoir la sauver.

Tout était différent : car, dans cette douche, il n'avait pas eu de pensées, pas eu de frissons. Il était là, elle était là. Il n'était plus le même. Et, pour une fois, il se sentit coupable de regarder un corps ; ce corps si innocent, qui avait rougit sous son regard de garçon. Elle s'était couverte timidement, resserrant la serviette contre elle comme si celle si allait la recouvrir davantage. Il sourit de nouveau dans le vide.

Pardonne-moi, Granger ⎮ Dramioneحيث تعيش القصص. اكتشف الآن