Pardonne-moi, Granger ⎮ Dramione

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Il était là, accoudé à la table d'en face, son regard froid planté dans le sien. Hermione cru devenir folle. Le rythme de son cœur s'accéléra, son souffle devenait douloureux, ses mains moites laissèrent glisser le stylo. Elle cligna d'abord des yeux, ne comprenant pas ce qu'il se passait. Assise seule dans la salle commune de Gryffondor, elle se trouvait en face d'un mort. Pas dans le sens figuré, non, dans le sens propre du terme : Hermione se trouvait en face de quelqu'un qui était mort. Son sang se glaça. Le garçon restait là, assis sur la chaise d'en face, appuyé au bureau, à la regarder. Sa peau était pâle, son regard toujours aussi froid, son expression, triste. Hermione secoua la tête, passant la main dans ses cheveux.

Non, ce n'est pas possible. Hermione, Drago Malefoy est mort, sous tes yeux, dit-elle croyant devenir folle.

Son nom résonna dans son esprit alors qu'elle se redressait et quittait la pièce plongée dans la pénombre, se dirigeant vers les toilettes des filles.

Inspire, expire, inspire...

Nauséeuse, elle se pencha au-dessus de l'évier dans lequel elle se mouilla le visage, tentant de reprendre son calme.

Ils sont morts Hermione, se dit-elle. Tu voulais retrouver une vie normale, alors arrête de ressasser ça. N'y pense plus. Arrête de te rendre malade.

Elle se redressa, respirant calmement. Une silhouette apparue dans le miroir derrière elle. Elle fit volte-face. En face d'elle, Ginny Weasley la regardait d'un air inquiet :

- Quelque chose ne va pas Hermione ?

Mais elle ne fit pas attention à la jeune fille. Derrière la rousse, Drago Malefoy était appuyé dans l'encadrement de la porte. Elle écarquilla les yeux :

Tu n'es pas réel, tu es mort. Pars.

- Hermione ? Insista Ginny en se retournant pour regarder derrière elle. Qu'est-ce que tu as vu ?

Drago tourna le dos et les quitta.

- Tu es pâle, tu veux aller à l'infirmerie ?

- Non non, tout va bien.

La rousse qui s'approcha posa sa main sur son épaule, cherchant à la réconforter. Hermione sentit les larmes lui monter.

- Si quelque chose ne va pas, tu sais que tu peux me le dire ?

Hermione fit oui de la tête. Ginny lui sourit, perplexe.

- Tu devrais aller dormir... Lui conseilla la rousse. Depuis combien de temps n'as-tu pas dormi à peu près ? Trois-jours ? Si ce n'est plus...

- Tout va bien Ginny, je t'assure, la coupa Hermione.

Elle haussa les sourcils, montrant son désaccord avec ce qu'Hermione venait de dire. Et elle avait raison : tout ce qu'elle venait de prononcer était faux. Tout n'allait pas bien, au contraire, tout allait mal. Hermione était plongée dans une dépression et une douleur indescriptible depuis la guerre. Jamais elle ne s'était sentie si seule. Elle avait accepté de revenir à Poudlard suivre sa dernière année afin de retrouver une vie normale. Mais rien n'était normal. Revenir ici ne faisait que la replonger dans de douloureux souvenirs, ne faisait qu'ouvrir les profondes plaies qui gâchaient son existence et sa vie depuis des mois maintenant.

- Comment tu fais ?

- Comment je fais quoi ?

Hermione soupira :

- Pour rester debout après tout ça. Pour vivre normalement ici alors qu'il y a à peine quelques mois...

Puis elle se tu. Ginny resta silencieuse un instant. Pendant quelques longues minutes, la pièce semblait glaciale. Hermione frissonna, laissant couler une larme sur sa joue pâle. Ses cernes noirs semblaient se creuser sous la tristesse. Elle respira lentement, cherchant à apaiser l'amertume dans sa gorge.

- Je fais comme tout le monde, du moins, j'essaye.

- Pourquoi je n'y arrive pas ?

- Parce que certaines personnes mettent plus longtemps à se remettre de choses qui les ont détruites Hermione. Tu t'en sortiras, tu es une fille forte, beaucoup plus forte que tu ne le penses. Je sais que ce n'est pas facile...

Son cœur se brisa de plus belle. Les larmes coulaient à flot. Ginny la prit dans ses bras, la serrant fort.

- Ça ira, chuchota-t-elle, je suis là.

- J'aimerai oublier tout ça, reprendre une vie normale.

Ginny sourit :

- Plus rien ne sera jamais comme avant, tu le sais. Tu dois t'habituer à ça Hermione. La vie a continué sans nous, nous devons juste la reprendre en chemin. Tu ne pourras pas la reprendre là où tu l'as laissée, ne regarde pas derrière toi, mais devant toi. Des gens sont morts, mais la vie continue. C'est dur à encaisser, mais tu crois vraiment que Ron aimerait voir ça ? Que le professeur Lupin aimerait te voir comme ça ? Que toutes ces personnes qui se sont sacrifiées, pour notre monde, qui se sont battus pour nous tous, aimeraient voir ce que tu fais de la chance qu'ils t'ont offerte ? Qu'ils nous ont offerte ? Cette chance d'être en vie, et de voir le monde des sorciers se reconstruire.

Les paroles de Ginny résonnèrent dans le couloir sombre, où Drago venait d'apparaître. Hermione en face de lui pleurait, frissonnait. Elle était détruite. Quand il croisa son regard, il sentit en lui toute la douleur qu'elle éprouvait dans ce moment intense. Le visage de la fille se figea.

- Ils ne voudraient pas te voir comme ça, tu dois remonter à la surface Hermione. Pour eux. Tu ne devrais pas les utiliser comme quelque chose qui te tire vers le fond, mais plutôt vers le haut. Tu dois te relever.

- Je sais... Sanglota Hermione. Je ne sais plus où j'en suis, voilà tout...

- Alors trouve ton chemin.

Son regard croisa celui de la rousse, qui lui sourit :

- Mais pour l'instant, ton chemin, il est vers le lit. Tu es trop fatiguée.

Hermione rit, comme elle ne l'avait pas fait depuis un moment. Un petit rire muet, coupé par les larmes. Elle essuya ses joues et se remit en marche, passant dans le couloir où le fantôme de Drago Malefoy était quelques secondes auparavant. Ginny la suivit de prêt, regagnant leur dortoir. Les quelques filles qui s'y trouvaient dormait profondément. Pour ne pas les déranger, les deux filles n'allumèrent pas la lampe.

- Bonne nuit Hermione.

- Merci, à toi aussi, chuchota-elle.

Elle regagna son lit, le corps douloureux.

Hermione ne trouva pas directement le sommeil. Elle sentait sa présence ; Drago était là, quelque part, peut-être même dans son esprit. Elle était troublée, tournait dans son lit cherchant à se calmer. La vie était devenue dure. La guerre avait détruit le monde dans lequel elle vivait, emportant sur son passage des personnes chères. Dont Ron. Son cœur se serra. Elle se tourna une nouvelle fois, à la recherche du sommeil. Les fantômes la hantaient, du moins, dans son esprit : elle avait l'impression d'être surveillée en permanence.

Manquait plus que Drago Malefoy, soupira-t-elle en regardant le plafond.

Quelques minutes plus tard, le sommeil l'emporta.