36 | stockholm syndrome

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14 septembre 2015, 10:38 p.m
Centre-Ville,
Séoul, Corée du Sud
(flashback)




Baekhyun. ——————————————


Je me retrouvais seul, comme une pauvre merde. Encore. Planqué sous la capuche de mon sweat noir et le masque de la même couleur, j'avais les larmes aux yeux. Je reniflai, il faisait déjà froid alors que l'automne n'était même pas encore arrivé. Je marchais sans but, ou peut-être seulement avec celui d'oublier. De trouver un peu de paix, quelque part, n'importe où, le temps que mon cœur arrête de me faire souffrir pour quelques instants.

« Nous deux, c'est du vent, Baekhyun. Je suis navrée. »

Ouais, bah pas autant que moi j'imagine. Je reniflai encore. Ce n'était pas le froid, c'était les larmes que je tentais de refouler. Ça ne pouvait pas se finir de la sorte. Pas après tous les efforts que j'avais fourni, toutes les fleurs achetées et livrées, toutes ces sorties nocturnes, cachées du monde extérieur.

« Nous savons tous les deux que c'est peine perdue. Les fans nous causent du tord à toi comme à moi, et nous tenons à nos carrières. L'agence a été claire à ce sujet. »

- Putain, mais tu ne comprends pas que tout ce qui m'importe c'est toi ? soufflai-je le coeur en miettes.

J'avais atrocement mal, si bien que je m'arrêtais en plein milieu du trottoir, et que les passants pressés derrière moi pestèrent en me bousculant. Excusez-moi d'avoir le coeur défoncé, messieurs dames. Je me calais contre le mur d'un garage abandonné et baissai les yeux, reniflant et reniflant encore, jusqu'à ce que la maigre vue que j'avais du trottoir sale ne se floute à cause des larmes. J'avais sûrement l'air pitoyable, mais en cet instant, seules ses paroles acérées passaient en boucle dans mon cerveau, je ne pouvais plus réfléchir.

Je ne voulais plus jamais monter dans une voiture de ma vie. Si c'était pour qu'à chaque fois, on piétine mes pauvres sentiments de cette manière, ce n'était pas la peine. Ah ouais, c'était bien beau le coup du « Je passe te prendre et on va boire un café ? », si c'était pour m'annoncer qu'elle me quittait.

Je la détestais, mais putain, qu'est-ce que je l'aimais. Je repris ma marche en direction du dortoir. Les gars allaient se poser des questions si je ne rentrais pas. Déjà que Junmyeon Hyung n'appréciait pas vraiment me voir sortir à n'importe moment juste pour la rejoindre, là, à presque onze heures du soir, il allait peter un câble et je n'étais pas certain de pouvoir supporter ça ce soir.

« Et puis il y a autre chose, je me dois d'être honnête, tu l'as été depuis le début... »

J'avais mal à la tête. Jamais je n'aurais dû poser les yeux sur elle à cette répétition. Jamais je n'aurais dû lui parler, jamais je n'aurais dû faire tout ce que j'ai été capable de faire. Je ne voulais pas l'admettre et surtout pas le dire, mais c'était une salope. Elle s'était servie de moi. Pourquoi avoir attendu tant de mois pour me l'avouer ?

Les vigiles me regardèrent bizarrement quand je passais les portes de la SM. Je marchais tel un zombie jusqu'aux escaliers où je montais péniblement jusqu'au huitième étage parce que l'ascenseur était en panne. Décidément, rien n'allait aujourd'hui. Dans le couloir du dortoir, je pouvais entendre les neuf garçons qui riaient je ne savais pour quoi. J'avais envie de faire demi-tour mais je ne pouvais pas.

« Je ne t'aime pas. Pas comme toi tu m'aimes. Je suis désolée. Je ne pensais pas que ça irait si vite pour toi, que tu... que tu m'aimerais à ce point... »

- Baekhyun ? T'étais où bon sang ?! Je m'apprêtais à appeler Taey...

- Je suis là, donc pas besoin de l'appeler.

Junmyeon se tut et resta immobile dans le salon, alors que Jongin, Sehun et Chanyeol avaient arrêté leur jeu vidéo. Ils me regardèrent partir et m'enfermer dans la chambre que je partageais avec Jongdae sans rien dire. Je me vautrai sur mon lit et me roulai en boule sous les couvertures pour laisser libre court à mon chagrin.

Je te déteste, Kim Taeyeon.



03 août 2018, 05:59 a.m
Centre-ville,
Séoul, Corée du Sud



Il y avait désormais un peu plus de deux ans et demi que je m'étais juré de ne plus jamais retomber dans ce foutu piège qu'étaient les femmes. Taeyeon avait été ma seule expérience désastreuse, elle avait eu le temps de profiter de mon aveuglement pour elle pour coucher avec moi, être la première fille pour moi, et puis elle était partie du jour au lendemain. Plus de messages, plus de mots échangés. Nous nous voyions aux cérémonies d'awards et aux répétitions des concerts de SMTOWN mais elle m'évitait, et j'imagine que je faisais pareil. Je ne voulais plus souffrir. Peu de gens étaient au courant, pour ne pas dire seulement les membres du groupe et Taehyung, qui était devenu bien vite l'un de mes meilleurs amis.

Mais personne n'était au courant que j'étais encore sans expérience à vingt-trois ans. J'avais trop honte pour en parler aux gars, avec Chanyeol qui se ventait toujours de l'avoir fait avec une fille plus âgée que lui, et ce à seize ans. Alors j'avais menti.

« Et toi Baekhyun ? »

« Oh... Ça s'est fait naturellement avec ma copine de l'époque. »

« De l'époque ? Genre t'avais quel âge ? »

« Dix... Dix-sept ans. »

Et bien évidemment c'était des conneries. Toute ma vie, je l'avais passé à m'entraîner et à devenir sans cesse meilleur dans le seul but de devenir chanteur professionnel. Dès l'âge de neuf ans, j'avais pris des cours de chant. Et puis le piano, le lycée spécialisé, les auditions, les concours, l'entrée à l'agence, les années trainee, EXO... Tout s'était enchaîné tellement vite, que je m'étais retrouvé dans ma vingtaine sans avoir jamais rien fait.

Depuis 2015, j'avais fini par passer à autre chose, à dé-dramatiser la scène, mais une partie de moi restait ferme: seule la carrière comptait, finalement, tout le reste ne pouvait m'apporter que des problèmes.

Je soupirai en rentrant au dortoir, le sourire aux lèvres. Il était loin, le type pleurant dans le vent glacé de la capitale, planqué sous sa capuche. Seulement maintenant, que pouvais-je bien faire ? J'avais peur. J'étais carrément effrayé même. Je ne voulais pas que les choses aillent trop vite, mais en même temps, à chaque fois que je la voyais je voulais l'embrasser. Il me fallait de l'aide, mais les conseils pourris du groupe ne m'aidaient pas. Ils ne comprenaient pas combien c'était... important dans ma vie. Combien je m'accrochais à elle, à ce beau mirage, pour ne pas me tuer à répéter dans la salle de danse parce que je n'étais pas encore assez bon. Non, eux ils pensaient que Byun Baekhyun savait comment gérer, que tout allait bien pour lui. Qu'il envoyait des messages paniqués dans le groupe juste pour faire rire et distraire les copains restés au dortoir, dans la monotonie. Pour qu'ils profitent de l'histoire.

Le soleil se levait sur Séoul et les retours de boîtes déambulaient dans les rues piétonnes désertes de Hongdae. Ces jeunes se tenaient la main et riaient ensemble. Je repensais alors à cette nuit.

« Nous n'avons rien fait de ce qui était prévu, chérie. Aucun de nous deux n'a chanté. »

Mais peu importe.

N'ai pas peur...








... mais je suis amoureux de toi.



stockholm syndrome - one direction

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𝘿𝘼𝙍𝙆𝙇𝙄𝙂𝙃𝙏Where stories live. Discover now