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08 avril 2024, 08:20 p.m
Plateau télé,
New-York, États-Unis



J'écoute Alma sans vraiment le faire. Le présentateur s'est complètement tu pour laisser notre leader raconter notre histoire. Je repense à la conversation que nous avions eu avec nos managers avant d'entrer sur le plateau télé.

« Vous devez désormais dire toute la vérité. Comment tout s'est déroulé, comment vous l'avez vécu, les secrets des albums et des tournées, vos relations avec les autres idols... Tout cette facette doit être révélée. »

Ça nous a beaucoup étonné avec les filles, tellement qu'on s'est longuement regardées, pas certaines de ce que l'on devait dire, au final.

« Pourquoi tout dévoiler maintenant ? Ça risque de ne pas plaire à la presse et surtout à l'agence. »

Alma venait de toucher un point sensible, c'est-à-dire nos vécus par rapport à BigHit et à leurs méthodes. Notre manager avait soupiré.

« Peu importe. Vos fans attendent toute la vérité, donc faites comme si vous leur parliez en face, comme s'il n'y avait pas les caméras et le présentateur. »

On avait hoché la tête, pas vraiment convaincues. Je n'ai pas envie de parler aux fans. Je veux parler comme si je lui racontais tout. Absolument tout, et qu'il m'écoutait attentivement, sans me couper, comme il en avait l'habitude. J'ai envie de me confier à lui, qu'il comprenne tout ce que j'ai vécu de différent par rapport à lui et sa carrière.

Je ferme les yeux un instant, respirant calmement. Quand je rouvre les yeux, je suis de nouveau assise sur le plateau télé, avec la voix d'Alma en fond. Et Jeen qui regarde ses pieds depuis le début.

Je baisse les yeux vers mon annulaire et un sourire naturel se dessine sur mes lèvres, alors qu'Alma est en train de raconter comment nous avions eu l'idée de composer DollHouse. Je n'aime pas cette interview, il faut dévoiler trop de choses à mon goût, mais une fois de plus, nous n'avions pas le choix. Je veux dire, merde, c'est personnel ce genre de choses. DollHouse existe seulement de notre ressentit face à l'industrie de la k-pop. Seulement parce qu'on se sentait prisonnières d'un monde qui n'est pas le nôtre, et qu'on nous contrôlait comme des pantins.

Cependant, Alma attire mon attention à un moment bien précis. Jeen relève les yeux également, on se regarde toutes les deux, finalement fières de notre leader, comme nous l'avions toujours été au final.

- DollHouse raconte l'enfermement que peut avoir un enfant face au monde extérieur. Nous parlons d'une adolescente qui observe ce qui l'entoure et qui comprend, étant donné qu'elle est en âge de comprendre certaines choses, que sa famille et son petit monde sois-disant parfait n'est qu'une illusion. Nous parlons des tromperies du père, des faux sourires de la mère qui essaie de se voiler la face, du frère qui est dans les drogues, comme c'est de plus en plus le cas chez les adolescents de nos jours... Nous avons voulu décrire ce sentiment d'impuissance face à la découverte d'un monde un peu trop cruel pour un enfant. C'est en quelque sorte le dur passage de l'enfance à l'adolescence. Nous voulions dire que chaque personne, chaque enfant peut traverser une dure période comme celle-ci, il peut se sentir à un moment donné de sa vie comme coincé dans une maison de poupées. C'est donc ça qu'illustre DollHouse.

Alma nous lance un bref regard alors que nous retenons nos sourires. Le présentateur pose une question mais je n'écoute pas. Jeen me sourit discrètement.

Jamais personne ne découvrira la véritable histoire de cette chanson. Jamais. Alors certes, beaucoup de fans ont eu des soupçons sur les réseaux sociaux en écoutant la chanson. Mais nous n'avons jamais rien confirmé. Tout simplement car c'est notre histoire, notre chanson, notre groupe. Notre secret. Une sorte de pacte entre nous six.

DarkLight, ou rien.

𝘿𝘼𝙍𝙆𝙇𝙄𝙂𝙃𝙏Donde viven las historias. Descúbrelo ahora