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Ce soir il avait probablement gagner. Gagner quoi ? Notre jeu ? Notre petit concours ? Son petit défi ? Non probablement qu'il venait de me gagner. C'était terriblement cliché, mais terriblement attirant.

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Le noir, et les lumières qui défilent sur le côté. Un volant écrasé sous mes poings si serrés. Un volant transpercé par mes ongles. Un flou humide. Une lumière aveuglante. Et déjà c'est le drame. Ou plutôt c'est ma chambre. Je suis réveillée, stoïque, je ne bouge plus. J'ai froid alors que pourtant ma couette m'entoure. Les cauchemars comme ceux ci étaient rares. Je n'étais pas, ou du moins je n'avais pas l'impression, d'être ce cliché de la fille traumatisée, qui dans les profondeurs de la nuit et du sommeil ne cesse de cauchemarder. D'ailleurs, mes cauchemars, et mes réveils qui en découlaient, n'étaient eux non plus pas conventionnels. Jamais une goute de sueur ne perlait sur mon front, je n'avais jamais chaud, et mon cœur ne tambourinait pas plus que ça. Non, au lieu de ça, j'avais froid, mes battements de cœur se faisaient comme presque rares, ma respiration presque inexistante. C'était comme si je me réveillais morte. Comme si mon cauchemar se poursuivait dans la vie réelle. C'était tellement étrange, tellement angoissant.

Cela faisait sûrement presque 10 minutes que j'étais bloquée. Cette fois, cet état secondaire ne me quittait pas, ou du moins je n'arrivais pas à le quitter. J'étais comme une âme égarée dans un corps qui ne répondait plus de rien. Seul un aspect physique de mon être semblait porter présence : mes yeux étaient grands ouverts, figés à regarder le plafond vieilli par les années passés. Un bruit de voiture dans la rue interpella mon esprit, et la terreur qui m'habitait jusque là semblait peu à peu se dissiper. Ce n'était pas un bruit de voiture inquiétant, non loin de là, juste un bruit singulier, banal. Un bruit banal mais qui, dans les profondeurs de la nuit avait le don d'électriser mon corps. Et cette électricité inventée qui parcourait mon corps, n'était pas cette sensation de picotements agréable, pas ce côté cliché des romans d'amour, pas ce côté si brûlant lors d'une situation sensuelle. Non, c'était une sensation des plus douloureuses, inexplicables, et si terrifiante. C'était une sensation provoquée par deux choses, qui seule, sans lui, me faisait vivre ce cauchemar éveillé.

D'ailleurs, alors que mes esprits me revenaient peu à peu, la soudaine pensée d'Aïden semblait me tirer définitivement de ma précédente somnolence. Des images d'une soirée passée avec lui me parvenaient, je ne savais pas si j'avais rêvé, ou si Aïden se trouvait bien dans la chambre de mon frère. Je ne me rappelais plus si ce que je pensais être ma soirée d'hier s'était bien déroulé. Il y avait comme un flou qui planait dans mon esprit. Flou provoqué par cet sorte de cauchemar, ou provoqué par une sorte d'oubli que mon cerveau cherchait à instaurer. Alors, ne supportant pas l'idée de ne plus me souvenir, je me leva de mon lit, et discrètement me dirigea vers la chambre de mon frère. J'entrouvris la porte un peu plus qu'elle ne l'était déjà, et fus surprise de voir Aïden allongée dans le lit de Noam. Du moins, surprise est un bien grand mot, non, j'étais plutôt choquée de me rendre compte que ce que je pensais être un rêve antérieur, était en réalité de vrais souvenirs. Il avait donc bien passé la soirée chez moi, à jouer et rire de ma nullité. Il y avait donc bien eu cette réaction positive de la part de mon père, ce côté chaleureux qui m'avait tant manqué de lui. Je me demandais tout de même si mon imagination ne me jouait pas des tours, si quelques détails n'avaient pas été modifiés. Ou du moins si mes sentiments au moment de me coucher, ces dernières pensées que j'avais eu, étaient réelles, et si au fond je les pensais.

                 J'avais désormais regagné ma chambre, et par terre trônait le t-shirt d'Aïden. Il était donc resté torse nu durant toute la soirée ? Pourtant, des souvenirs qui me parvenait je le voyais avec un t-shirt. Or ce n'était pas possible, mon cerveau me jouait des tours car son t-shirt était bel et bien devant moi et était resté là la soirée possible. Comment n'avais-je pas pu le remarquer plus tôt ? Peut-être que tu étais ensorcelée. Pour qui allait-il me prendre ? Je ne lui avais pas rendu son t-shirt, pire, je le lui avait pris. Certes, au début c'était pour rigoler, mais lui, allait-il le prendre comme tel ? Ou n'allait-il pas s'imaginer des choses de moi que je ne voulais lui donner. Il fallait que je remette au plus vite ce vêtement près de son propriétaire, avec un peu de chance il oublierait ce qu'il s'était produit. Mais d'ailleurs, pourquoi n'avait-il pas cherché lui aussi à récupérer ce qui lui appartenait ? Un t-shirt ce n'est pas qu'une chaussette ou une veste. Enfin, peut-être que son plaisir résidait dans l'exhibitionnisme, bien qu'il ne soit que très minime.

That's why I love you, again.Where stories live. Discover now