Shadows

Chap. 41 : Là pour l'autre

- Elle n'a rien à faire ici !

- Monsieur le Régent, veuillez la congédier dans ses appartements !

- Elle n'a pas été invitée, il n'est pas normal qu'elle assiste au Conseil !

J'ignorais ostensiblement les quatre membres du Conseil, quatre Nephilims à l'esprit étriqué qui n'avaient sans doute jamais mis les pieds en dehors de la capitale. À la place, je m'avançais vers la longue table avec le plus de dignité possible malgré que mon courage ait largement faiblit maintenant que tous me fixaient. En premier lieu, je décidais de ne regarder personne en particulier, me contentant de laisser comprendre à tous que ce n'était pas dans mon intention de faire marche arrière et de rester dans l'ombre.

- Mais à quoi tu joues !? siffla la voix de Tobias dans ma tête. Tu vas t'attirer des problèmes et à nous aussi par la même occasion !

Je plantais mon regard sur le visage crispé du Gardien, préférant ne pas lui répondre. Je devais rester concentrée sur mon objectif et si je me mettais à réfléchir aux conséquences possibles de mon affront envers le conseil, j'allais abandonner. Heureusement, Sébastien, Bridgess, Carl et meme le Général me regardaient avec un air d'approbation. Au moins, je les avaient de mon côté...

- Sortez d'ici ! vociféra le petit homme bedonnant qui avait protesté le premier.

Son ton plein de mépris et son air dédaigneux manqua de me faire déchanter mais une autre voix s'éleva, plus dure et autoritaire :

- C'est ma fille que vous avez devant vous, elle a autant voir plus de droits que vous de connaitre nos décisions. Alors veuillez lui montrer plus de respect ou taisez vous et je vous encouragerais à quitter ce Conseil.

Je dévisageais avec surprise mon père, debout en bout de table, les mains à plat dessus, ne lâchant pas de son regard froid le conseiller qui tenta de bafouiller des excuses. Le Régent fit ensuite glisser son regard sur moi et je crus y discerner une lueur de fierté qu'un air sévère remplaça très vite. Il me réprimanda avec cependant moins de colère que je l'aurais cru :

- Yélaïah, tu aurais dû rester te reposer, tu ne sièges pas au Conseil alors ses deliberations ne te concernes pas. Je te ferais part des décisions prises quand il sera terminé.

La sensation de légereté que j'avais ressentis lorsqu'il avait enfin prit ma défense s'envola, laissant place a la deception et a la frustration. Et c'est avec une voix volontairement dure et un geste vague de la main en direction de l'intéressé que je répliquais :

- Donc il fait partit du Conseil maintenant, si j'ai bien compris ?

J'avais tant bien que mal essayé jusqu'à présent à éviter le regard de celui qui se tenait aux côtés de mon père. Mais je craquais et jetais un regard vers lui, rencontrant aussitot des yeux bleus électriques. Mes épaules crispées se détendirent aussitôt et je me maudis pour cela alors que je détournais bien trop vite la tete pour que ça paraisse naturel. Mon père protesta :

- Sa présence ici est tout a fait évidente et justifiée ! As tu oublié dans la nuit qui il est !?

Je serrai les dents. Bien sur que non. Mais quelque chose me mit la puce à l'oreille. Bien que les conseilliers et mon père jetaient des regards respectueux à Sam qui n'avait pas bougé d'un poil, leur attitude restait trop détachée pour qu'ils sachent l'entière vérité. Alors je m'enquis :

- Non, je n'ai pas oublié. Je ne pourrais pas. Mais qui crois tu qu'il soit, toi ?

- C'est un être céleste, Yélaiah ! répondit il aussitot, semblant choqué par mon détachement. Un Ange !