Chap. 38 : Tomber des nues

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Je restais longtemps assise là sans bouger, tentant tant bien que mal de me vider la tete et de me détendre. Quelque chose me disait que je n'aurais pas beaucoup de répis dans les jours à venir. Malgré l'obscurité quasi-totale, seulement éclairée par les lumieres de la ville à mes pieds et la lune au dessus de moi, j'avais l'impression de voir plus clair. Mon corps me criait sa fatigue mais, même lorsque mes paupières se fermaient avec lassitude, mon esprit était trop éveillé pour me laisser me reposer bel et bien. Je pris une profonde respiration. Je devais rester concentrée sur mon plan, sur la meilleure façon d'agir. J'ignorais comment m'y prendre exactement mais j'avais les contours bruts d'un plan d'action en tête. J'ignorais si ça avait ne serait ce qu'une infime chance de fonctionner mais je devais m'y risquer. Alors, rassemblant mon courage à deux mains et prenant une profonde inspiration, je lâchais à voix haute ce nom qui tournait en boucle dans ma tête :

-Sam.

Un doute me saisit. Dans tous les livres que j’avais pu lire a propos des Anges, j'avais appris que si un Ange était à proximité, il pouvait entendre notre appel. Je déglutis et répétais avec plus de détermination :

-Sam. J'ai besoin de ton aide.

Toujours rien. Ma gorge se serra et je serrais les poings pour empecher mes doigts de trembler. Il fallait que ça marche ! Je fermais plus fort les paupières et forçais mon esprit à visualiser la haute carrure de Sam, ses cheveux bruns toujours légèrement décoiffés, son visage anguleux qui pourrait paraitre sévère si un large sourire ne venait pas souvent créer des faussettes sur ses joues, lui donnant un air innocent et enfantin. Alors que je sentais mon cœur battre plus rapidement sans que je ne puisses y rémédier, j'imaginais ses yeux d'un bleu électrique fascinant se poser sur moi et je m'y perdis, oubliant presque les avoir seulement imaginer. Un frisson me parcourut et je fus saisie d'une agréable impression de sécurité, de bien être, de calme. Comme à chaque fois qu'il était près de moi. J'ouvris lentement les yeux et ma respiration s'accéléra. Je n'osais plus bouger. Meme si un silence profond m'entourrait encore, je sus instinctivement que j'avais réussis. Je sentais sa présence derrière moi. Il était là.

-Laïa.

Sa voix fit s'affoler les battements de mon cœur plus encore. Il cognait follement et je me surpris à espérer que l'homme se tenant sur ce toit avec moi ne l'entende, pour qu'ainsi il comprenne les émotions contradictoires qui me percutaient. Peut etre pourait il me les expliquer, parce que je ne comprenais pas cette apprehension de le voir, cette peur d'accepter la totalité de qui il est, ce soulagement intense de l'avoir à mes cotés, cette colère qu'il m'ait menti… Je résistais tant bien que mal à la pulsion qui me poussait à me retourner vers lui. Sa voix résonna à nouveau, si familière, mais aussi plus pressante, plus affolée :

-Laïa, regardes moi.

Ma respiration se bloqua dans ma gorge alors que tous me poussait à lui obéir. Mais je ne devais pas, pas si je voulais réussir à obtenir les réponses dont j'avais tant besoin… Alors je me levais, lentement, difficilement. Je me sentis un instant suspendue au dessus du vide, baissant les yeux sur les trentes étages qui me séparaient du sol. Malgré tout, je ne fis pas un pas en arriere. Je restais à un cheveu du bord, les pieds à moitié dans le vide. Je savais que j'étais perchée au dessus d'une mort certaine. Ma vision se brouilla un instant, ma tête tourna dangereusement et je me concentrais de toutes mes forces pour ne pas osciller penchée au-dessus du précipice. Mon coeur cognait si fort, au point de me donner l'impression qu'il souhaitait s'envoler hors de ma poitrine. Ou, dans le cas présent, aller s'écraser trente étages plus bas... Je sentis Sam se rapprocher et je lâchais :

-N'approches pas.

La rudesse de ma voix me surprit mais j'en fus satisfaite. Il se devait de me prendre au sérieux. Il répliqua doucement :

ShadowsWhere stories live. Discover now