Shadows

Chap. 24 : Lutte contre le courant

Le salon était plongé dans un silence pesant, seulement brisé dans les bruits métaliques de Carl qui aiguisait ses couteaux. Nous n'avions pas parlé de ce que m'avait dit Maximilien mais je sentis à maintes reprises son regard se poser sur moi. Il allait falloir qu'on en parle. Mais pour le moment, je ne pensais qu'à notre expédition de ce soir : il nous fallait rejoindre la forêt des Loups garous au coucher du soleil. Encore fallait-il que nous atteignons la rivière-frontière en un seul morceau ! Je me demandais encore pourquoi mon père tenait à ce qu'on ne parle qu'à la tombée de la nuit, quand les vampires se lanceront à notre poursuite. Un Damné je pouvais le mettre à terre mais jamais je n'aurais le dessus sur un vampire ! Mais quand il s'agissait de combat, je pouvais lui faire confiance. Je levais les yeux au passage de Sébastien qui faisait les cents pas devant moi. Mon estomac se nouait à chaque fois que je le voyais jeter un coup d'oeil à la porte de la chambre.

Êve était au chevet de Bridgess qu'elle disait tirée d'affaire à condition qu'elle reste au repos. La vielle femme lui avait donné des plantes calmantes pour ne pas qu'elle s'agite et je me doutais que, lorsqu'elle apprendrait notre départ imminent, la Gardienne protesterait. que je le voyais jeter un regard inquiet à la porte. Le Gardien répeta pour la millième fois :

- Je ne peux pas la laisser ici !

- Tu dois le faire, répondit calmement Carl sans lever les yeux de son travail. Elle te pardonnera car c'est le mieux pour elle... Et nous devons les éloigner de la clairière avant que le Comte ne trouve un moyen de faire flancher la barrière pour nous atteindre. Tu sais qu'il en est capable.

Le Gardien poussa un profond soupir, résigné. Il se tourna vers la fenêtre et déclara :

- Le soleil va bientôt se coucher, nous devrions nous mettre en route.

Les deux garçons rassemblèrent leurs armes et se dirigèrent vers la porte. Je les imitais plus lentement, doutant encore de ce plan. Ce n'était pas le risque de rencontrer des Bannis ou l'armée du Comte qui m'inquiétait le plus - bien que j'en avais la chair de poule rien qu'en imaginant devoir tuer à nouveau - c'était plutôt de les entrainer vers le territoire des Loups garous. Ils se detestaient de nature mais une telle intrusion massive sur leurs terres pousseraient la meute à déclarer une guerre. La dernière guerre entre eux avait fait tant de dégâts que le prédécesseur de mon père avait eu bien du mal à rétablir l'ordre !

- Laïa, attends.

Je pivotais vers Êve, qui venait de se glisser dans la pièce et qui indiqua aux deux Gardiens d'attendre dehors. La guérisseuse me caressa la joue d'un geste tendre et je souris faiblement. Elle plongea ses yeux bleus dans les miens et j'y lus toute la force et l'énergie qu'elle possédait. Elle me dit en pressant doucement mon épaule de sa main :

- Fais attention à toi. Tu es forte, Laïa, et courageuse. Tu as tous les outils qu'ils te faut pour mener à bien ta Mission. Utilises les à bon escient.

Je hochais la tête et répetais dans ma tête les atouts que je possédais. Les armes de ma mère. La rune de Lyra la Princesse des Atlantes, qui me permettrait de sentir quand je me rapprocherais d'Asaliah. Sans oublier le pendule offert par ma Grand mère, autrefois appartenant à ma mère, qui m'apporterait assez de force pour terminer ma Mission ... Alors que j'allais rejoindre les autres, elle me demanda :

- Si je peux me permettre, quand vous avez été chercher de l'or tout a l'heure et que tu as touché l'eau, parce que suppose que tu l'as fais... Quel a été la couleur qui en est ressortie ?

- La même couleur que l'or, répondis je avec un léger sourire, me remémorant ce magnifique moment.

Il me semblait déjà loin alors que cette journée avait si bien commencé. Je blémis en voyant le choc sur son visage. Elle pinça les lèvres et secoua lentement la tête, ses yeux semblant tout d'un coup empreint d'une profonde tristesse. Me rappelant ce que Carl avait dit sur la signification des couleurs, je paniquais :