Shadows

Chapitre 15 : Sous la surface

Je bondis sur mes pieds et chancelais, peu habitué au tangage du navire filant sur les flots. Les falaises s'éloignaient sur notre droite et j'aurais dû me douter que nous nous éloignions un peu trop de la côte pour que ça soit normal. Je m'agrippais au bastingage et fixais un instant l'eau grondant sous la coque. Peu à peu, je pris plus d'assurance et pus marcher jusqu'à la poupe où se trouvait encore Sébastien et Bridgess. J'hésitais à les déranger lorsque je vis le bras du Gardien qui entourait la taille de la belle blonde. Mais cette dernière tourna la tête vers moi et sourit, amusée :

- A ta tête, je suppose que tu viens de découvrir qu'on passe par le Lagon. Je me trompe ?

- Non tu as raison ! Pourquoi ne m'avez-vous rien dit ? m'enquis-je.

Je les rejoignis et attendis sa réponse, le regard plongé sur l'horizon où l'eau était omniprésente. Sébastien ricana et je reportais mon attention sur lui, me doutant que c'était de moi qu'il se moquait. Il répondit :

- Tu m'as dis que tu n'étais jamais sortie d'Eden. Alors on a supposé que tu n'avais jamais vu d'Atlantes. Par contre, c'est Carl qui a insisté pour qu'on passe par là...

Prise de court, je fouillais le pont des yeux à la recherche de l'intéressé qui était accroupi devant l'enfant qui m'avait parlé il y a quelques minutes. Un sourire était scotché sur son visage, ce qui me surprit encore plus. Plus le temps passait et plus je le voyais différemment. Je fus arraché à mes réflexions par une brusque embardée du bateau. Je fus brusquement propulsée en arrière en tombait sur le parquet, le souffle coupé. Le navire filait sur les vagues à une allure presque surnaturelle, tanguant dangereusement. Je refoulais un haut le cœur alors que Sébastien se précipitait pour m'aider à me relever. Bridgess cria pour couvrir le vent qui s'était levé d'un coup :

- C'est pas normal ! L'eau est toujours calme ici ! Je crois qu'il y a un problème !

Je me trainais jusqu'à la poupe et me penchais par dessus bord. L'eau, réputée pour être presque transparente et claire, était noire et tourmentée... Les vagues cinglaient la coque et semblaient vouloir couler le navire. Je compris que la Gardienne disait vrai lorsque je vis la tempête redoubler de violence, créant d'énormes vagues qui menaçait de nous faire sombrer et éclaboussait le pont. L'équipage, qui venait de le voir en même temps que moi, s'immobilisa. Le bateau fut plongé dans un silence glacé d'effroi, brouillé par le vent qui sifflait dans les voiles. Tremblante, je serrais si fort la rembarde que le sang se circulaient plus dans mes doigts. Presque sans m'en rendre compte, je lâchais une main dont je saisis le pendentif que m'avait offert ma grand-mère. Le contact du pendule me rassura un peu et me permit de calmer ma respiration.

- Attention ! hurla alors un mousse sur ma gauche.

Quelque chose percuta le bateau et je me rattrapais de justesse avant de tomber à l'eau. Mais dans mon élan et poussée par la force du choc, ma main tira sur la chaine de mon collier qui fut jetée par dessus le bastinguage. Je me précipitais pour le rattraper, mais il chuta et fut englouti par les flots.

- Laïa, éloignes-toi du bord !

- Non ! Mon collier est tombée...

- Hors de question de risquer ta vie pour un fichu collier ! Alors recules !

Tobias m'attrapa et, plus brutalement qu'il n'était nécessaire, me poussa vers le centre du pont. Je me laissais tombée sur les cordages, près de l'enfant. Puis, j'eus alors l'impression que la tempête s'était calmée, que le bateau perdait de la vitesse. Le vent s'atténua et le navire s'immobilisa enfin. Perplexe, je me relevais et marchais jusqu'à la poupe. L'océan était calme et le voile noire et menaçant sous la surface disparaissait peu à peu, laissant une eau magnifique qui reflêtait les reflets du soleil. Je n'en voyais pas le fond, mais je pouvais discerner de nombreux poissons, tortues et raies qui nagaient paisiblement, comme si la tempête n'avait jamais eu lieu. Personne n'osait parler, de peur de relancer la fureur des flots. Un mouvement attira mon attention au niveau de la coque. Je plissais les yeux et me penchais davantage. Dans l'eau, il me semblait appercevoir un objet scintillant remonter à la surface. Bientôt, un cri de surprise m'échappa :