Chapitre 3 : Pandore

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Mon père me poussa à quitter l'immense bâtiment luxueux peu de temps après m'avoir parlé de la piste des Gardiens. Malgré le fait qu'il prétendait que c'était parce qu'il ne voulait pas que sa fille marche seule le soir dans les rues de Pandore, je savais fort bien que c'était pour ne pas que je ne l'embarrasse davantage. Ou que je croise à nouveau le Général car notre cher Régent devait bien se douter que ma courte discussion avec ce dernier avait encore plus renforcé mon désir de devenir une Gardienne. Avant de partir, j'exigeais de mon père qu'il me tienne au courant de l'avancée de l'enquête et, s'il n'avait pas le temps de le faire, qu'il demande à Marianne de me transmettre les informations. Ce à quoi il répondit en haussant l'un de ses sourcils charbonneux :

- Depuis quand parles-tu avec ma secrétaire ?

Je n'ai bien entendu pas répondu, je commençais à avoir l'habitude que mon régent de père ne fasse pas partit de ma vie et n'y connaisse rien. Je n'étais même pas sûre qu'il sache que j'allais avoir 17 ans le mois prochain. Ne trouvant pas Marianne, je quittais le bâtiment. En traversant le grand hall richement décoré de statues représentants les diverses espèces magiques, je sentis le regard de quelqu'un sur moi. Durant mon entraînement au combat à l'Initiation, j'avais appris à ressentir ces choses-là. Je me figeais et parcourus l'immense pièce des yeux. J'eus à peine le temps d'apercevoir l'homme encapuchonné qui me fixait de l'autre côté de la grande fontaine qu'il disparut. Perplexe, je le cherchais des yeux. Pas de doute, il n'était plus là sinon je le remarquerais. Un sweat noir à capuche parmi une foule de vêtements chics et raffinés, ça se remarque. Je soupirais avant de détailler comme à chaque fois l'énorme statue en ivoire représentant l'Archange Mikael brandissant son épée d'où jaillissait un torrent d'eau clair. Sans plus attendre et avant que mon père choisisse d'envoyer un Gardien me pousser dehors, je poussais la grande porte en verre et sortit. Je fus aussitôt engloutie dans la foule qui s'agitait dans la grande rue principale. C'était l'heure où tous le monde rentraient chez eux et je fus comme à chaque fois éblouie par toutes les couleurs qui se mélangeaient dans l'allée. Je me secouais et me mis en route, me dirigeant vers le Nord de la capitale où se trouvait l'auberge de ma Grand-mère. Je slalomais entre les gens, évitant soigneusement de bousculer quelqu'un. Tous le monde ici était habitué à cette foule continue mais moi, malgré tout les efforts que je pouvais faire, je n'arrivais pas à m'y faire. Je ressentais toujours le même besoin pressant de m'en éloignée en courant, de retrouver un minimum de solitude pour être tranquille. J'aimais mon petit monde, ma vie calme à l'Auberge. Pourtant, je rêvais de quitter tous cela pour quelque chose de plus mouvementé, de plus attractif, de plus palpitant...

- Attention !

Je sursautai et me décalai à temps pour éviter de me faire renverser par une charrette tirée par des ânes, qui transportait des fruits et des légumes. Je lançai à l'Elfe qui tenait les rênes :

- Désolée !

L'Elfe me fit signe en souriant. Il avait un visage fin et des cheveux bruns qui lui arrivaient aux épaules. Ses oreilles pointues dépassaient d'entre ses mèches raides. Lorsqu'il sourit, ses oreilles sortirent encore plus, ce qui m'arracha un sourire à mon tour. J'avais toujours pensé que tous les Elfes se ressemblaient à peu près : ils avaient tous les traits fins et les cheveux raides et bien sûr, les mêmes oreilles. Celui-là devait sûrement rentrer chez eux. Il y avait​ très peu d'Elfes dans le Monde des Humains car ils ne pouvaient pas cacher leurs oreilles et se faisaient très vite remarquer. A Eden, ils vivaient dans la Forêt Bleue, au Nord de Pandore, une grande forêt dense pleine de phosphore et qui scintillait la nuit. Et sa cargaison était essentielle car les Elfes ne se nourrissaient que de végétaux. J'observais la charrette s'éloigner avant de reprendre ma route en faisant bien attention où je marchais. La rue principale que je parcourais était rectiligne et bordée par une alternance de magasins et d'immenses parcs verts et fleuris.

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