Chap. 30 : Retour au bercail

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Lorsque je vis le jour se lever, je n'avais pas fermé l'oeil. J'étais épuisée mais ce n'était pas tant à cause de la fatigue qu'à cause de la lassitude extrême qui me pesait sur l'estomac. Je me levais et trainais les pieds à l'extérieur. Dehors, un silence pesant régnait. Le camp qui la veille était emplit de rires et d'activités, était quasiment vide à l'exception de quelques femmes qui nettoyait les dégâts. Une forte odeur de souffre collait aux batisses, me piquant la gorge. Je surpris le regard des femmes mais elles détournèrent aussitôt la tête. Je poussais un long soupir. Je n'aurais pu rêver pire départ...

- Ah tu es levée, parfait ! fit Tobias en me rejoignant à grands pas.

Il ne semblait guère sensible à l'atmosphère ambiant et se contenta de me tendre mon sac à dos que je passais à mes épaules ainsi que ma ceinture d'armes. Je posais alors la main sur le révolver de ma mère, savourant son contact et priant silencieusement pour qu'à travers lui, une part minime de la force de ma mère me revienne... Je suivis le Gardien d'un pas résigné vers le centre du camp où patientait Sébastien et Carl. Je fus aussi surprise de voir Marcus, soutenu par Natalyah, à leurs côtés. Je m'attendais à découvrir de la rancœur ou de la colère dans le regard de l'Alpha, mais je n'y lus que de la compassion. Je sus alors qu'il avait apprit en même temps que moi le pouvoir que contenait mon pendentif. Je demandais d'une voix que j'espérais calme :

- Comment vous sentez vous ?

- Je serais guéris dans peu de temps, n'aie crainte, répondit il avec un petit sourire. Qu'en est il de toi ?

Je haussais les épaules, soutenant le regard perçant de Natalyah. Cette dernière posa une main sur mon épaule et me dit d'une voix douce :

- Il est vital que tu restes sur tes gardes, Laïa. Fais attention à toi.

- Je le ferais. Et je m'excuse pour...

- Non, répliqua Marcus en fronçant les sourcils. Rien de tout ceci n'est ta faute, soulages ta conscience tu as d'autres préoccupations à te faire.

J'acquiesçais et le couple s'éloigna. Malgré sa raideur, Marcus se passait presque de l'aide de sa compagne. J'enviais sa force. Sébastien me tira de ma rêverie en posant une main sur mon épaule. Tobias tenait en sa main la petite boussole en or permettant aux Gardiens de se téléporter. Je grimaçais, je détestais ce genre de voyages. Je tendis le bras pour toucher Carl, le plus de prises était le mieux pour éviter d'être projetée. Alors que Tobias réglait la boussole, je fouillais le camp des yeux. Mon regard se posa alors sur le Promontoire où je m'étais tenue la veille avant l'attaque et mon cœur se serra lorsque j'y découvris Sam. Malgré la distance, je sentais qu'il me regardait. J'aurais tellement voulu qu'il vienne me souhaiter bonne chance et me donner l'opportunité de lui demander d'oublier notre conversation. Mais l'air grésilla et je fermais les yeux, me sentant aspirée vers le haut.

Le voyage ne prit d'une seconde et je sentis mes pieds attérir sur une surface dure. La sensation désagréablement familière que mes organes se déplaçaient me saisit et je serrais les dents. Mon ouïe se rétablit plus vite que ma vue et j'entendis plusieurs éclats de voix avant d'y voir clair. J'identifiais aussitôt le lieu. Je me trouvais au milieu de la Salle du Conseil, au QG de l'Ordre des Gardiens de Pandore. Nous étions entourrés des conseillers de mon père et de quelques Gardiens en uniforme. Je sentis l'emprise de Sébastien et Carl se desserrer mais je restais clouée au sol. Plus que jamais, je ne voulais pas être ici. J'avais espéré qu'on me ramène à l'Auberge.

- Vous voilà enfin, lâcha une voix dure derrière nous.

Je pivotais sur mes talons et me retrouvais face à face avec le Général. Heureusement, son regard s'adoucit lorsqu'il se posa sur moi et j'esquissais une grimace qui se voulait être un sourire. Il déclara :

ShadowsWhere stories live. Discover now