Chap. 23 : Le début des hostilités

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Le retour se passa en silence la forêt était tranquille et le moment de relaxation du lac m'avait détendu. Cependant, je restais méfiante. Tout ça me paraissait trop silencieux, comme le calme avant une tempête. Carl aussi semblait tendu, ce qui termina de me mettre la puce à l'oreille. Je me rapprochais de lui et lui demandait doucement, inquiète :

- C'est trop calme n'est ce pas ?

- Oui, répondit-il puis il désigna la cime des arbres d'un geste de la tête. Et regardes ...

Je levais la tête à mon tour et hoquetais. Sur tous les arbres, des corbeaux étaient perchés et semblaient nous guetter et suivre notre progression. Un frisson me parcourut. Je n'avais jamais vu autant de corbeaux de ma vie... Même si leurs croissements étaient effrayants, le silence dans lequel ils étaient plongés me terrifiait...

- Tu penses que c'est de mauvais augure ? demandais-je en me doutant de la réponse.

- C'est trop surnaturel pour ne pas l'être.

Je déglutis et marchais plus près de lui alors qu'on devait ne plus être loin de la clairière. Lorsqu'un des corbeaux battit des ailes, je sursautais. Quelques secondes plus tard, un cri de douleur résonna entre les arbres. Je me figeais immédiatement et n'eus pas le temps de m'interroger sur la source du bruit que je ressentis un pincement douloureux au niveau de la clavicule. La Marque de partenariat. Je jetais un regard paniqué à Carl qui semblait inquiet. Je murmurais, la voix rauque par le stress :

- Qu'est ce que cette douleur veut dire ?

Le Gardien m'attrapa par le poignet et m'entraina en courant presque à travers les arbres en direction de la clairière. Il lâcha :

- Un des membres de l'élite a été blessé. Bridgess.

- Comment sais tu que c'est elle ? hoquetais je en peinant à conserver son allure.

- Avec le temps on reconnait la douleur. Elle n'est pas la même selon les membres... Et plus elle est forte et plus la douleur de l'autre est intense...

À sa mâchoire crispée, je devinais qu'il sentait lui aussi la douleur sourde qui me faisait serrer les dents. Je priais pour que Bridgess aille bien. Mais plus nous progressions, plus la douleur s'accentuait et je retenais difficilement des gémissements. Le souffle court, j'avais l'impression que tout voulait nous empêcher de rejoindre la clairière : ronces et branches sur dressaient sur notre route. Mon instinct me cria de me retourner au moment même où je sentis une présence dans mon dos. Je poussais un cri en me retrouvant face à ce qui était autrefois un homme. Désormais, sa peau avait noircit et ses yeux n'avaient plus d'iris, juste deux billes noires sans expression dans un ensemble cerné de veines rouges. Il affichait un air agressif et je pouvais lire la folie sur son visage. Le Damné me toisa comme un prédateur jaugeant sa proie. J'entendis Carl dégainer son arme mais j'avais déjà le révolver dans la main. Je l'avais attrapé par reflexe mais le tremblement de mon corps me poussa à attendre un geste de la part du Damné pour tirer. Lorsqu'il tendit brusquement ses bras vers moi dans le but de m'attraper, je pressais la détente en direction de sa tête. C'était le seul moyen de les avoir à coup sûr selon mes professeurs. La détonation fit s'envoler une nuée de corbeaux alors que le corps violacé s'effondrait comme une pierre au sol. Mon cœur battait à se rompre alors que fixait avec horreur le trou sanglant au milieu de son front. Carl m'empoigna par l'épaule et me tira brutalement en arrière. Je déglutis difficilement et on reprit notre course jusqu'à la clairière. Je tentais au mieux de repousser l'image de ce corps de mon esprit et de me concentrer pour regagner la sécurité. Mais j'avais tué un homme pour la première fois et c'était terrifiant. Un Damné qui voulait ta mort et celles de tes amis, me rappela la voix en moi qui avait suivit les enseignements de l'Initiation.

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