Shadows

Chapitre 7 : L'élite

Etrangement, j'aurais pensé qu'en sachant que le départ était pour ce soir, j'aurais stressée et je me serais inquiétée de la façon dont j'allais en parler à mes amis, la façon dont mon père allait réagir, si quelqu'un préviendrait Marianne... Mais je ne pensais qu'à une chose : courir dans ma chambre préparer mes affaires. Je lutais contre cette envie car il fallait que je trouve un moyen de l'annoncer à Lewis car il n'allait pas être très content. J'allais m'avancer vers lui, occupé à essuyer des verres, lorsqu'une main se posa sur mon épaule. Je reconnus aussitôt l'empreinte glacée qui me saisit malgré mes vêtements et je pivotais vers le vampire qui me souriait, gêné. Je ne vis pas ses crocs, alors je lui souris en retour. D'un haussement de sourcils, je l'encourageais à parler. Sa voix était étrangement aigue, assez féminine :

- Je sais que c'est mal et que les perles de votre rideau auraient du m'empêcher d'entendre, je suis nouveau et je contrôle mal mes aptitudes... J'ai entendu ta conversation avec le grand Gardien...

Mon sang se glaça. En effet, les perles fonctionnaient mal avec les nouveaux vampires car leurs aptitudes étaient dédoublées. Celui-ci dût remarquer mon air paniqué car ses yeux s'écarquillèrent et il tendit les mains précipitamment comme pour me rassurer, en s'écriant :

- Non, non, ne t'inquiète pas ! Si c'est un secret, je ne dirais rien !

- Je suis prête à te croire, répondis-je en fronçant les sourcils. Mais pourquoi m'en parler ?

- J'ai entendu que vous recherchiez la sorcière et je voulais aider ! Quand je suis devenu vampire, je me trouvais à la Cité des Morts et j'ai entendu parler d'elle... Apparemment elle est restée un moment il y a un mois ou deux et certains parlent encore. Elle a retourné l'esprit de plusieurs conseillers importants, selon ce que j'ai appris... Vous devriez peut-être commencer par là ...

- Merci...

Je ne savais pas trop comment réagir à cette information. Car les vampires devaient loyauté et obéissance à leur leader suprême, le Comte, et qu'ils avaient pour habitude de ne laisser filtrer aucunes informations importantes. Hors, c'en était bien une ! Je regardais mon informateur s'éloigner d'un pas qui semblait tellement ... Humain. Les vampires étaient d'un naturel cynisme, toujours impassibles et sur la défensive, souvent mélodramatiques comme le prouvait le nom de leur citadelle... Celui-ci avait encore son insouciance humaine, ce qui le rendait touchant. Alors, je décidais de prendre en considération ce qu'il venait de me dire et, oubliant mon idée d'aller discuter avec Lewis, je partis à la recherche du Général. Je sortis de l'Auberge, me doutant qu'il se trouverait sûrement aux écuries avec ses hommes. Je fermais les yeux un instant, profitant des doux rayons du soleil. Nous étions en début mai mais la chaleur restait encore supportable. Ayant assez trainée, je rejoignis le bâtiment secondaire. Je ne m'étais pas trompée car j'y retrouvais les quatre Gardiens. Mais je remarquais que les hommes du Général n'étaient plus trois, mais quatre. Un troisième s'était ajouté au groupe. Je m'arrêtais un moment pour les observer s'occuper de leurs chevaux. A l'Initiation, on m'avait appris que les Gardiens voyageaient principalement à cheval et qu'ils gardaient le leur du débourrage à un seuil de vieillesse qui mettrait la vie de ce dernier en danger s'il continuait à bouger autant. Alors, ils s'en occupaient farouchement, les chouchoutant presque.

- Qu'est ce que tu regardes ?

Je sursautais, arrachée à mes réflexions par une voix masculine qui avait jaillit de ma droite. Je levais les yeux vers le Gardien que j'avais déjà aperçu la dernière fois, au Siège du Conseil. Sauf que là, je réalisais qu'il me dépassait d'au moins une tête et qu'avec la largeur de ses épaules, il me dominait largement. Gênée, je me dis que je devais avoir l'air louche, plantée là à les fixer. Je n'eus pas le temps de répondre, juste de remarquer que son ton était amical et que ses yeux me détaillaient avec amusement. Le Général me lança :