Chapitre 10

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Je n'en crois pas mes oreilles... Ulrich ? Le père d'Erwan ? Pourquoi lui avoir annoncé ça juste avant de partir aux Hunger Games ?

C'est vrai que si on y prête un peu attention, il y a certaines ressemblances physiques et certains points communs entre eux : les mêmes yeux bleus, d'un bleu si profond, le maniement de l'épée. Erwan est grand comme Ulrich. Ce ne sont que des petits détails mais après tout je ne vois pas pourquoi Ulrich aurait menti sur un sujet aussi sensible pour Erwan, qui pourrait le blesser. J'essaye de savoir la vérité. 
— Ulrich ! Si c'est une blague, elle n'est pas marrante du tout ! Tu pourrais faire de la peine à Erwan. Tu veux le perturber avant les Hunger Games ?!
— Non, je t'assure, ce n'est pas une blague... Je sais depuis le début que c'est mon fils. Mais je ne savais pas comment te le dire. Et il fallait que je te le dise avant les jeux, pour que tu connaisses enfin l'identité de ton père.

Je vois bien qu'Ulrich est mal à l'aise, sa voix tremble et je vois une larme qui coule le long de sa joue.
— Comment se fait-il que tu es mon père ? Pourquoi tu n'aies jamais venu me voir ? Tu as raté toute mon enfance, alors que j'avais besoin d'un père.
Ulrich prend une grande inspiration :
— J'avais dix-huit ans lorsque que j'ai rencontré ta mère. Nous étions fous amoureux l'un de l'autre, et je savais que c'était avec elle que je voulais faire ma vie. Nous avions décidé de faire un enfant pour célébrer cet amour. A l'époque, ta mère avait un an de plus que moi donc dix-neuf ans, elle ne pouvait plus participer aux Hunger Games, mais moi si... Lors du neuvième mois de grossesse, c'était la moisson pour les Hunger Games, et comme tu peux t'en douter j'ai été tiré au sort... Je suis allé dans l'arène, j'ai tout fait pour revenir, pour avoir la vie de famille que j'ai toujours rêvé avec ta mère et toi. J'ai survécu dans l'arène, pour toi et grâce à toi... Quand j'étais dans l'arène, tu es né, je n'ai même pas pu être là le jour de ta naissance.
Après être revenu en vainqueur dans le district neuf, ta mère a refusé de me voir et que je t'approche. Je l'ai supplié pour qu'elle me dise le prénom de notre enfant. Elle a seulement dit « Erwan ». Et je ne l'ai jamais revu.
— Pourquoi ne voulait-elle pas que tu m'approches ?
— J'ai participé aux Hunger Games et elle ne voulait pas que ça répète avec toi. Elle ne voulait pas voir une autre personne qu'elle aime partir pour les Hunger Games.
— Apparemment le fait de t'éloigner de moi n'a pas marché. C'est de famille on dirait.
Je décide de reprendre la parole.
— Erwan, tu le crois ? Tu penses vraiment que c'est ton père ? Dis-je interloquée.
— Son histoire me parait cohérente.
— C'est la vérité. Je ne permettrais jamais de mentir à ce sujet. Je sais que c'est dur à entendre, c'est une nouvelle difficile à digérer. Ce n'est pas facile pour moi non plus.

Ulrich sort une carte de sa poche, et la montre à Erwan.
— Je m'appelle Ulrich Bailee. « Bailee » c'est bien ton nom aussi n'est-ce pas ?
— Oui.
— Je ne t'ai pas vu grandir c'est vrai, mais quand tu as été pris pour ces Hunger Games, j'étais très malheureux pour toi bien sûr, mais ça allait être la première fois que j'allais te parler et te rencontrer. J'étais très nerveux... Et je suis fière d'avoir un fils comme toi Erwan... Ta mère t'a vraiment bien éduqué.
Je sens qu'Erwan est mal à l'aise, alors je décide de changer de sujet.
— Nous devrions peut-être aller nous coucher. Suggéré-je.
— Oui tu as raison Emmy. Bonne nuit à vous deux.
— Et si tu as besoin de quoi que ce soit je suis là Erwan.
Il hoche la tête puis nous nous quittons.

Erwan reparti en direction de sa chambre, j'attends qu'il y rentre. Et je décide de rattraper Ulrich pour lui poser une question.
— Ulrich, attends-moi !
— Je pensais que tu devais aller dormir.
— Avant j'ai quelque chose à te demander. Concernant, le tirage au sort truqué. Erwan a été choisi car tu es son père et que tu avais gagné les Hunger Games auparavant ? Le maire croit que c'est génétique et qu'Erwan va revenir gagnant ?
— Oui.
— Sa mère le savait ?
— Oui. Elle voulait l'éloigner le plus possible de ces jeux. Sa mère ne voulait pas que je lui mette des idées en tête. Il fallait qu'il ait une enfance tranquille. C'est la vraie raison. Mais je ne peux pas lui parler du tirage au sort truqué. C'est prévu depuis des années pour lui, c'est son destin en quelque sorte. Des qu'Erwan est né, le maire a décidé qu'il devait participer aux Hunger Games aussi. Il savait très bien que le district neuf n'allait pas avoir beaucoup de vainqueur. Moi j'étais déterminé a revenir pour Erwan. Mais tout les autres tributs que j'ai rencontré durant toutes ces années étaient pétrifiés. Et sont tous morts dans les minutes qui ont suivis le commencement des jeux. C'est alors qu'il a eu l'idée de trouver un tribut fille digne de ce nom pour aller dans l'arène avec lui et de truquer le tirage au sort.
— Moi ? Mais pourquoi ?
— Tu peux le découvrir toute seule. Je ne peux rien te dire, ça doit rester confidentiel. Je trahis la confiance du maire si je réponds à tes questions. J'ai eu déjà trop dis.
— Mais il y avait des milliers de papiers dans l'urne, comment était-il sûr que ça allait tomber sur nous ?
— A ton avis ?
— Oh...  bien sûr, il n'y avait que nos prénoms sur tous les papiers ?
— Tu vois, tu réfléchis très bien toute seule. Ils ont brûlé tous les papiers, il n'y a plus de preuves si c'est que tu veux savoir.
— Merci Ulrich.

Je retourne dans ma chambre en traînant des pieds. Je ne vais jamais réussir à lui soutirer plus d'informations concernant la vraie raison de ma participation aux Hunger Games. Il y a trop de zones d'ombres qu'il faut que j'éclaircisse.

Ce matin Lynn vient me réveiller pour prendre le petit déjeuner. Je décide de manger à ma faim pour être en forme dès le début des jeux. Je me goinfre de croissants, pains au chocolat, ainsi que de beignets, de pancakes, sans oublier le chocolat chaud.

Après la révélation d'hier, je pensais qu'Ulrich et Erwan seraient en froid, mais apparemment non. Ils sont proches. Comme on dit la nuit porte conseil. Je pense qu'Erwan a décidé de profiter des derniers instants avec son père.
— J'ai peur Ulrich... dis-je, mes mains se sont mises à trembler d'un coup.
— Je ne t'aurais pas cru si tu m'avais dit l'inverse, c'est normal d'avoir peur. Je suis sûr que si tu as besoin d'aide dans l'arène, Erwan viendra te sauver.
Je regarde Erwan d'un air interrogateur.
— Oui, bien sûr. Je serai là pour toi Emmy.
— Merci Erwan.

Après notre petit déjeuner. Lynn vient me récupérer. Elle doit m'escorter à l'arène des Hunger Games. Ulrich quant à lui doit rester à notre hôtel, c'est une des ses obligations de mentor. Avant de partir, il prend Erwan dans ses bras et le sert très fort. Je vois pour la deuxième fois une larme qui coule le long de son visage. Il doit être triste de le quitter si brutalement alors qu'ils viennent à peine de se connaitre. Il vient vers moi et me serre la main, me fait une accolade et me souhaite bonne chance.
Il nous dit aussi qu'il veut qu'un de nous revienne comme gagnant pour honorer le district neuf. Bien sûr, je sais qu'au fond de lui, c'est son fils qu'il veut voir revenir pour pouvoir rattraper le temps perdu.
Il ajoute qu'il fera tout son possible pour nous chercher quelques sponsors qui viendront à notre aide quand on en aura besoin. Il nous rappelle que c'est avant tout un show télévisé et que si on voit une caméra près de nous, ça veut dire qu'on est filmé et qu'il faut en profiter pour essayer de conquérir des sponsors.

Le train nous attend. Il est à quai près de notre hôtel pour partir en direction de l'arène. Durant tout le trajet je n'arrête pas de penser à cette fichue arène. Dans quelques heures, nous serons tous à l'intérieur pour nous tuer. Super comme concept.
Je suis arrivée dans un vestiaire qui se situe sous celle-ci. Chaque tribut à son propre vestiaire pour se préparer. Dans celui-ci l y a un ascenseur qui nous montera automatiquement dans l'arène.

Je m'équipe avec un pantalon noir très léger, des boots marrons. Un tee shirt à manches longues et par-dessus une veste à capuche avec marqué « District neuf » derrière. Je me coiffe en me faisant une simple queue de cheval.
Un homme arrive dans mon vestiaire. Il vient vers moi et prend mon bras sans un mot. J'essaie de résister. Il sort une « seringue » de sa sacoche et me la plante dans le bras. Je lui demande ce que c'est. Et il me répond « mouchard ». Il repart sans rien dire d'autre.

Je fais une dernière étreinte à Lynn. Je la vois pleurer. Mes nerfs lâchent, je pleure avec elle. Mais je me reprends de suite, je ne veux pas que mes adversaires voient que je suis faible et anéanti par mes émotions.
— Je sais que tu peux le faire Emmy. Je veux dire, gagner ces jeux, j'ai confiance en toi ! Tu es une fille forte.
— Merci Lynn, mais je ne suis pas si forte tu sais ? Je veux juste ne pas être la première à mourir.
— Tu seras la dernière à mourir, j'en suis certaine !
— Je l'espère, j'aimerais être aussi confiante que toi...

Une voix qui sort d'un haut-parleur annonce qu'il est temps de monter dans l'ascenseur et que nous serons dans l'arène dans trois minutes. J'ai peur... de plus en plus peur. Mon cœur s'affole. Je monte dans l'ascenseur. Et je fais un dernier signe de la main à Lynn. Je ne sais pas si je la reverrais un jour.
L'ascenseur est en train de monter. Je sens ma fin approcher. Je commence à sentir du vent souffler sur le dessus de ma tête. L'ascenseur monte toujours, je vois à présent de l'herbe.

Je suis dans l'arène. Je vois tous les tributs. On est placé en ronde à 100 mètres des uns des autres approximativement. Erwan est loin de moi. Très loin de moi. Même trop loin.
J'ai peur. Vraiment peur. Je suis perdue. Que vais-je devenir ? Une meurtrière ? Une victime ? Mes genoux tremblent.
Le compte à rebours est lancé, je vais entrer dans l'histoire des Hunger Games et courir à ma perte...

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Les 33ème Hunger Games : "Follow your heart".Où les histoires vivent. Découvrez maintenant