Chapitre 4

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Je vois au loin Erwan, il s'avance vers moi d'un pas rapide. Je sens battre mon cœur à une vitesse folle, mon cœur bat si rapidement. Il est là à 20 centimètres de moi, il me regarde droit dans les yeux. A ce moment-là, ses yeux bleus me terrifient, il a un regard qui me glace instantanément. Il me plante un couteau dans le bras. Je me vide petit à petit de mon sang, et il n'y a personne pour me sauver. Je crois que c'est la fin pour moi, je vois ma vie défiler. Ma vision se rétrécit. Je ne vois que du noir, et je n'entends des bruits autour de moi. Des paroles que je n'arrive pas à distinguer. Puis c'est le coup de canon qui annonce la mort d'un tribut dans l'arène. Avant de partir je revois le visage de ma meilleure amie, de ma sœur, et de ma mère ... Qu'est ce qu'elles vont devenir sans moi ?

— Emmy ! Emmy ! Il faut te réveiller maintenant.
Je reconnais cette voix avec entre mille autres, même si ce n'est qu'hier que je l'ai entendu pour la première fois.
— Ulrich ? dis-je étonnée 
— Oui c'est moi. Qu'est ce qui t'arrive ? Tu es toute pâle. 
—Rien, rien. Juste un mauvais rêve.
 — Alors dépêche toi, l'entrainement va commencer. Et il faut aller prendre le petit déjeuner des champions avant. 
— Ulrich quel entrainement ? Et où ... Où sommes-nous exactement ?  
— Nous sommes à l'hôtel du centre d'entrainement. Tu ne te rappelles pas ? Hier après s'être rencontré à l'annexe du district neuf, on a pris un avion qui nous a emmené ici.
Je sens qu'il est presque en train de s'énerver. 
— Non, je me rappelle de rien. J'ai l'impression d'avoir effacé la journée d'hier de ma mémoire. 
— Bon assez bavardé, va t'habiller ! Et rejoins-nous au salon pour prendre le petit déjeuner. 
—D'accord, et où ... »

Se trouve le salon ? Je n'ai même eu le temps de finir ma phrase qu'il est déjà parti. Tant pis, je vais chercher par moi-même.

J'ouvre l'armoire de ma chambre et je trouve à l'intérieur notre tenue d'entrainement. Une tenue sobre de couleur noire avec un tee shirt et un pantalon de sport. Avec marqué « District neuf » dans le dos. Je la mets sans conviction.

Je me lave le visage à l'eau froide. Et d'un coup, tout me revient en mémoire. La discussion avec ma mère après la moisson, cette histoire de tirage au sort truqué. La rencontre avec Erwan et ensuite avec Ulrich. L'avion qui nous fait quitter le district neuf. Mon arrivée ici tard dans la nuit, ma chambre dans cet hôtel qui d'ailleurs n'est pas si mal, un grand lit au milieu de la pièce, une salle de bains privée. Je n'ai jamais eu autant de confort.

Je n'aime pas trop arriver en retard, la ponctualité est l'une de mes qualités. J'espère qu'ils ne m'ont pas trop attendu. Je trouve afin ce fameux salon où on prend le petit déjeuner après avoir tourné en rond pendant plusieurs minutes.

Ulrich est déjà là et attablé avec sa tasse de café entre les mains et des tartines de pain beurrées. Erwan est là aussi, il mange des beignets. Je pense que je vais manger comme lui, parce que le café, non merci !
— Bonjour tout le monde. Dis-je d'une voix timide. 
— Salut, me dit Erwan. Bien dormi ? 
— Pas vraiment, j'ai fait une sorte de... cauchemar, c'est tout. Et toi ?
J'ai du mal à le regarder dans les yeux, car il était quand même impliqué dans ce rêve qui j'espère n'est pas prémonitoire cette fois ci.  
— Oui j'ai bien dormi, la literie est bonne, difficile de trouver mieux je pense. 

Et pendant une dizaine de minutes on discute de cette literie si agréable pour le dos.  

Le petit déjeuner se passe calmement, personne ne reprend la parole. Il y a juste le bruit de la cuillère dans la tasse de café d'Ulrich qui touille pour mélanger. Ça me rappelle ma mère, elle le fait aussi le matin, ce bruit m'exaspérait avant mais maintenant il me rappelle de bons souvenirs.

On quitte la table. Et on se rend tous les trois dans notre salle d'entrainement. Chaque district à un hôtel et dans celui ci on a tous une salle pour s'entraîner, sans le regard des autres participants. Personne ne découvre les faiblesses ou les qualités des autres tributs, ça sera la surprise pour tous.

Sur la route pour accéder à notre salle d'entrainement. Je décide de poser une question à Erwan. Elle me brûle les lèvres depuis hier. Mais si je lui demande, j'ai peur que ça jette un froid entre nous ? Mais il faut absolument que je demande, qui ne tente rien n'a rien comme on dit, alors je me jette à l'eau. Et même de tout façon on va surement mourir dans quelques jours, autant avoir les réponses à toutes mes questions.

— Erwan ?
Je pose une main sur son épaule gauche.
— Oui ?
Il me lance un sourire, mais c'est plutôt un sourire qui veut dire « ouais, qu'est-ce que tu me veux ». 
— Pourquoi tu n'as voulu voir personne hier quand on te l'a proposé ?
Je vois son visage se décomposer, je pense qu'il s'attendait à une autre question.
 —Oh, je n'ai jamais connu mon père et ma mère est bien trop émotive pour me voir une dernière fois. Je pense qu'en me voyant elle se serait desséchée. Je l'ai fait pour son bien. Même si ce n'est pas ce qu'elle aurait voulu, je déteste voir ma mère pleurer.
J'entends sa voix qui tremble en disant ça.
 —Ah, oui, je comprends... Mais tu n'as pas d'indices pour retrouver la trace de ton père ?
—Non... de toute façon ça n'a aucune importance maintenant. Il est surement mort.

Le ton de sa voix s'est élevée, il regarde ses pieds comme quelqu'un de gêné.
Je ne sais pas quoi répondre, du coup je ne réponds rien. Je crois bien que j'ai un don pour casser l'ambiance. Mais au moins j'ai eu la réponse à ma question.

Après cette discussion on a fait encore quelques mètres de marche dans le silence. Et nous arrivons enfin à notre centre d'entrainement. On entre dans la salle. Il y a tout ce qu'on a besoin pour s'entraîner. Des épées, des poignards, des arcs, des lances, des arbres factices pour apprendre à grimper, des roches, des cibles sous forme humaines. On se croirait vraiment dans l'arène.

Ulrich prend place dans un coin de la salle. Il prend un poignard qui est juste à côté de lui et me le donne en disant : « Alors prêt pour le premier entrainement jeunes gens ? »

Les 33ème Hunger Games : "Follow your heart".Where stories live. Discover now