Chapitre 9

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Les interviews commencent et c'est le tribut fille du district un qui passe la première. C'est une véritable princesse, mais on doit toujours se méfier de l'eau qui dort. Ensuite c'est le garçon, il a l'air un peu barbare. Je sais que je peux pas dire ça à haute voix, il me fait peur.

De plus, je n'ai pas envie de connaître tous ces gens, je ne veux pas connaître leur histoire, je ne veux pas être attristée et après ne pas pouvoir les tuer. Je suis trop sensible, je ne dois pas faire passer les émotions en premier.

C'est au tour des tributs du district deux. Les tributs du district un et deux sont nommés « tribut de carrière ». C'est eux qui ont le plus souvent gagnés les Hunger Games. Ils ont beaucoup de sponsors, ils sont admirés par tout le pays et sont nés pour tuer. Ils s'entraînent depuis tout petit. Pour eux, c'est une chance, un honneur de participer aux Hunger Games. C'est Ulrich qui m'a expliqué tout ça.

Puis ce sont les tributs du district trois et quatre qui doivent passer. Eux sont plus calmes, plus posés et réfléchis. Ils n'ont pas un physique de type herculéen, mais je pense qu'ils sont vifs d'esprit. Le mental doit primer sur le physique.

Ensuite c'est les tributs du district cinq, puis six, ensuite sept et huit qui doivent passer. Parmi tout les tributs plusieurs captent mon attention :

La fille du district cinq du nom de Lily, elle dit manier l'arc à la perfection. Elle doit avoir mon âge. Elle rigole souvent aux blagues du présentateur. Elle dit qu'elle ne fera pas de cadeau dans ces Hunger Games et qu'elle est capable de battre les tributs de carrière facilement. Elle se vend beaucoup mieux que moi.
Le tribut garçon du district sept est vraiment hypnotisant. Il s'appelle Liam, si j'ai bien entendu. Il a l'air plutôt timide, solitaire mais d'une beauté resplendissante. Il ne parle pas vraiment de lui, et ne vante pas ses mérites, je ne sais pas quelle arme il peut utiliser. En tout cas il est triste et stressé.
Puis le tribut garçon du district huit est le plus jeune de cette moisson. Il vient à peine d'avoir douze ans, il s'appelle Ethan. Il est effrayé. Il me fait mal au cœur. Peut-être que tout le monde aura pitié de lui et qui le laisseront gagner ? Enfin face à ces brutes de carrières, il n'a aucune chance.

Ça va être à mon tour, je monte les marches. Juste avant Erwan m'attrape le bras et me dit : « je suis sûr que tu vas être parfaite. » Je lui réponds un « merci, toi aussi » et je continue de monter les marches.

Je suis sur la scène, les lumières m'éblouissent et la musique d'entrée est vraiment trop forte. Je me place sur le siège qui est réservé aux tributs près du présentateur pour commencer l'interview, à peine installée le présentateur me dit :
— Bonjour, jeune tribut du district neuf, quel est ton prénom ?
— Bonjour, je m'appelle Emmy Wills.
— Très bien Emmy, quel âge as-tu ? 
— J'ai 16 ans.
J'appréhende les prochaines questions car même si on s'est entraîné avec Ulrich, il ne va peut-être pas me poser les mêmes questions.
— Que faisais-tu dans le district neuf avant d'être prise pour les Hunger Games ?
— J'aidais ma famille pour la récolte des champs de blé. Et je voyais régulièrement ma meilleure amie.
— Tu n'allais pas à l'école ? Et pourquoi ta famille avait-elle si besoin de toi ?
Fallait qu'il me pose cette question-là évidemment.
— Non, ma famille avait besoin de mon aide, on ne pouvait pas se permettre de manquer de bras pour la récolte. Dans une famille on se serre les coudes, on essayait de vivre avec ce que nous avions.
— Tu ne devais pas avoir une vie très facile...
— J'aimais ma vie comme elle l'était. Pour rien au monde je voudrais la changer. J'avais des proches qui m'aimaient. C'est le principal. Mais les Hunger Games ont tout gâchés.
— D'accord. Je comprends. Es-tu prête pour les jeux ?
Si je dis non ils vont me prendre pour une faible. Je décide de dire oui même si ce n'est pas entièrement la vérité.
— Oui assez, je me suis bien entraînée pendant ces deux jours et grâce à mon mentor Ulrich, je pense avoir fait pas mal de progrès. Je me débrouille bien avec un poignard, je suis vive et je pense avoir mes chances de gagner ces Hunger Games.
— Alors tu es confiante pour ces jeux ?
— Oui. Il y aura toujours des personnes plus fortes et beaucoup plus entraîné que moi mais j'ai des qualités que d'autres n'ont pas, ce qui fait ma force. 
— Qu'est-ce que c'est ?
— Depuis toute petite, je travaille dans les champs de blé. J'ai un mental d'acier et la douleur ne me fait pas peur.
— Nous verrons donc tes capacités dans l'arène ! Je te remercie Emmy, bonne chance pour les Hunger Games.
— Merci à vous, au revoir.
Je pars en saluant le public. J'espère avoir réussis à convaincre certains sponsors, c'est le but après tout.

C'est au tour d'Erwan d'entrer en scène, il s'approche du siège des tributs, s'installe, sert même la main du présentateur. L'interview peut commencer :
— Bonjour, tribut garçon du district neuf, quel est ton prénom ?
— Erwan Bailee.
— Quel âge as-tu ?
— J'ai 18 ans.
— Ah ! Pour l'instant tu es le plus âgé de tous les tributs.
— Merci de me le faire savoir.
Son ton est cassant et froid, je sais pas pourquoi il fait ça. Il était plus enjoué hier.
— Que faisais-tu avant les Hunger Games ?
— J'aidais mon grand-père maternel à tenir l'infirmerie du district neuf. J'allais lui succéder...
— Tu t'y connais en maladies et blessures alors ?
— Oui, au district neuf, nous sommes la seule infirmerie. Donc je vois passer beaucoup de monde et beaucoup de blessures différentes ainsi que des maladies.
— Que pensaient tes parents de ton travail à l'infirmerie ? 
— Je n'ai que ma mère, elle disait que je me débrouillais bien et que j'avais trouvé ma vocation.  — Et tu aidais souvent ta mère ? Comme le faisait Emmy avec sa famille ? 
— Elle refusait mon aide la plupart du temps. Je pense qu'elle voulait se débrouiller seule. Au cas où je devais le cocon familial un jour. 
— Et pensais-tu quitter le cocon familial ?
— Dès que j'aurais eu à ma charge l'infirmerie, je me serais installé près de celle-ci pour être capable de soigner n'importe qui, n'importe quand. Mais les Hunger Games ont gâchés tous ces plans. 
Tiens, j'ai déjà entendue ça quelque part... Je vois que mon interview lui a plu. 
— Ce n'est pas de chance ça... D'ailleurs es-tu prêt pour gagner ces Hunger Games ?
— Oui je le suis, je me suis aussi beaucoup entraîné avec Ulrich et je pense être au maximum de mes capacités.
— Merci pour tes réponses Erwan, au revoir et bon courage pour ces jeux.
— Merci et au revoir.
C'est la fin de son interview, je ne sais pas comment il se sent maintenant.

Il ne manque plus que six tributs à passer, ils font partis du district dix, district onze et district douze. Tout comme nous, ces districts ont eu peu de vainqueurs au total. Mais de là à rendre le tirage au sort truqué pour essayer d'avoir le meilleur tribut possible, je ne sais pas si les maires de ces districts en seraient capable. La capitale ne s'intéresse pas à nos districts, ils sont bien trop pauvres pour eux. Ils les renient et ils font comme s'ils n'existaient pas. Ils s'intéressent seulement à ces districts lors des Hunger Games, ils aiment voir les tributs de carrière tuer les tributs de ces « faibles » districts. Dans un sens je comprends la révolte de notre maire, les derniers districts ne sont pas pris en considération pourtant, c'est grâce à nous que la capitale peut se nourrir grâce à nos champs de blé.  Ou alors que la capital peut avoir de beaux vêtements grâce au tissu que le district dix produit. Si je gagne je voudrais faire changer les mœurs des gens, par rapport à ces districts.

C'est la fin des interviews. Ce fut très long, pour avoir vécu ça de l'intérieur, c'est abominable d'écouter toutes ces personnes parler de leur vie. Mais c'est ce qu'il faut pour attirer les sponsors. C'est pour le spectacle. 

Erwan et moi, allons en direction de notre hôtel, mais il faut que nous reprenions le train pendant quinze minutes pour rentrer. Dans le train nous retrouvons enfin Ulrich qui nous dit que nos interviews étaient parfaites. J'étais contente de moi et Erwan de lui. Celui ci a seulement dit qu'il ne voulait pas rentrer dans leur stupide jeu d'interview.
Je pense qu'on ne pouvait pas faire mieux, déjà que nous partons avec le désavantage d'être dans un district « mineur », il fallait bien qu'on se vende au maximum pour récolter des sponsors.

Nous arrivons à l'hôtel, j'avais réellement faim, je me dirige vers la salle à manger où la table est déjà mise. Je me goinfre, je goûte tout ce qu'il y a sur la table, il me faut des réserves pour les Hunger Games. Quand j'ai fini de manger, je sors de table, je dis « bonne nuit » à Erwan et Ulrich et je vais dans ma chambre. Je commence par me démaquiller, je prends ma douche, je mets mon pyjama et je fonce dans mon lit. Je voulais passer une bonne nuit avant les Hunger Games car après je n'aurais plus beaucoup d'occasion de bien dormir.

Mais vers le milieu de la nuit, j'entends des voix dans le couloir, je décide d'aller voir ce qu'il se passe. Et je trouve Ulrich et Erwan en train de se disputer :
— Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Dis-je d'une voix énervée.
— Ulrich dit qu'il est mon père... dit Erwan, la voix tremblante. 

Les 33ème Hunger Games : "Follow your heart".حيث تعيش القصص. اكتشف الآن