† ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 3 †

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La gentillesse n'attire pas toujours la gentillesse.

Je suis incapable de détacher mes yeux du pistolet appuyé contre mon ventre. Un seul mot tourne en boucle dans ma tête : non. Je me suis endormie sur le canapé et je suis entrain de faire un autre cauchemar, ce n'est pas possible autrement. Je ne veux pas que ça soit possible.

— Tu vas très gentiment monter dans cette voiture, à moins que tu souhaites voir ta famille mourir devant tes yeux, sa voix est froide, dénuée d'émotions, comme s'il récite un discours appris par cœur.

Après avoir mit mon téléphone dans la poche de mon short et lâcher la carte qui tombe à terre, je mets mes deux mains sur l'arme et le fusille du regard. Il est hors de question que je monte dans cette voiture sans me battre ! Utiliser ma famille comme moyen de pression, c'est minable.

J'ai envie de me réveiller, de ressentir un grand soulagement. Je rêve de rentrer chez moi à Denver et d'oublier toute cette histoire. Enfin, je veux me terrer dans un trou et ne jamais en sortir car j'ai honte de ma bêtise, ce n'est pas de la gentillesse mais seulement de l'idiotie.

Je me ressaisis, ce n'est pas le moment de m'apitoyer sur mon sors. Je dois paraître forte si je veux avoir une chance de m'en sortir. Montrer sa faiblesse à son ennemi c'est une chance qu'on lui donne de pouvoir l'utiliser contre nous.

Récapitulons, j'ai trois options : essayer de m'enfuir, bluffer, ou monter gentiment dans la voiture. Cette dernière possibilité étant exclu, mon choix doit se faire entre essayer fuir ou bluffer mais je ne sais pas bluffer.

Je pousse l'arme vers le bas et me lance vers la droite mais je n'ai pas le temps de faire un pas qu'il m'attrape par le bras sans le moindre effort. Tout le monde doit essayer de s'enfuir de cette manière, j'ai été prévisible.

Il sert mon bras de plus de en plus fort, l'arme a retrouvé sa place initial s'enfonce et s'enfonce dans ma chair.

— Je crois que tu n'as pas bien compris mes paroles, monte dans cette voiture.

En cette instant il ressemble à un robot, aucune émotion ne traverse son visage, ni de la joie, ni de l'ennui.

Vu son expression je n'ai aucun doute que c'est un as du poker, il peut très bien bluffer. D'autant qu'il ne m'a pas dit qu'il me tirera dessus si je ne monte pas dans sa voiture. Un coup de feu dans cette petite rue n'aura rien de discret.

Je m'apprête à jouer avec le feu, je n'ai pas le choix. Il est temps d'essayer la deuxième option.

— Je crois que tu n'as pas bien compris la situation, ma grand-mère va sortir d'un instant à l'autre. Lâche-moi et va te faire interner.

Est-ce que j'aurais dû garder la dernière partie de ma phrase pour moi ? Probablement, mais honnêtement je n'ai pas besoin de rencontrer deux psychopathes en deux jours.

En tout cas, il ne réagit pas à mon pique et se contente de lever un sourcil.

— Tourne-toi vers la gauche, tu vois la femme au coin de la rue ?

Je hoche la tête, une femme est entrain de promener son chien, elle nous regarde mais ne fait aucun geste pour essayer de me venir en aide.

— Très bien, reprend-t-il, si dans cinq minutes tu n'es pas dans la voiture, elle tue ta grand-mère.

J'ouvre la bouche sous le choque, mais qui sont ses personnes?

Je cherche une solution, mais je n'en vois aucune. Je suis piégée, piégée comme un animal sauvage prit dans un piège. Si je suis l'animal, eux ils sont les chasseurs. Cruels et sans pitié.

La Belle et Le CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant