Chapitre 42: Khadija & Taa (2e partie/Fin)

197 16 2
                                    

Récapitulation :
Vendredi 30 janvier, au soir, pendant que le proviseur Oumar attendait le coup de fil qui sauverait sa fille d'une possible mort, cette dernière agonisait dans sa cellule d'hospitalisation, cellule où se trouvait son propre oncle, le docteur Mohamed Kane, qui luttait tant bien que mal pour sauver sa nièce.
Au même moment, attendait dans la salle d'attente, son seul et unique amour Taa, qui s'inquiétait d'avantage mais n'avait en aucun moment pensé que l'heure était déjà venue. Auprès de lui, s'asseyait sa mère qui à son tour vint à l'hôpital pour réduire la distance qui le maintenait de son fils car depuis que la vérité avait éclaté, le fossé qui les séparait, grandissait de jour en jour. Les liens de mère à son fils commençaient à disparaitre petit à petit, alors maman n'avait nulle autre choix que de venir ne serait-ce que pour voir comment se porte son fils.
La seule qui était vraiment consciente de la situation dans laquelle se trouvait Fatima dans cette salle d'attente était sa meilleure amie, Khadija. Les moments qu'elles ont vécu ensemble, la perspicacité de Khadija, son instinct profond et très fiable qui lui procurait cette facilité de comprendre quelqu'un rien qu'avec un simple regard, faisait qu'elle s'attendait à ne plus voir la seule personne à qui elle vouait un respect total et une affection sans antécédent dans les prochains quarante-huit heures. Alors elle était là, plus glaciale que jamais, perdant ses sens aiguisés peu à peu, qui faisait d'elle une fille spéciale, intelligente, fermée et dangereuse. Elle se perdait dans ses pensées et ressemblait à une toute autre personne. Et quand le docteur sortit de la cellule de Fatima, rien qu'avec le regard elle avait compris que Fatima n'était plus. La brutalité ainsi que la douleur de perdre un être cher faisait qu'elle ne bougea pas, ne cria pas, mais que larmes ruisselaient sur joues et tombaient sur sol. Dos contre le mur, les mains recouvrant son visage, elle connut pour la deuxième fois ce sentiment désagréable et atroce de perdre un être si proche, si aimable, et si gentille à son égard, pour la deuxième fois, oui vous avez bien entendu. Mais alors, qui était cette première personne puisque Khadija n'est pas orpheline !? Réponse plus tard dans ce chapitre. Le destin peut paraitre parfois cruel et ne nous laisse alors d'autre sentiment que celui de ne jamais vouloir naitre dans ce monde si notre vie n'est que malheur et souffrance.

Ainsi, après l'annonce de la mort de Fatima, les crises de nerfs de Taa ainsi que sa perte de voix et son sentiment de vouloir rejoindre dans l'au-delà sa raison de vivre, le proviseur, le docteur et khadija entrèrent pour voir le corps inerte de fatima, la mère de Taa quant à elle, se préoccupait toujours de son fils. Elle craignait qu'il ne se remette de cette dure réalité à laquelle il s'est confronté. L'amour est un sentiment tellement puissant qu'elle est la seule chose capable réellement de briser le lien parental, surtout celle d'une mère pourtant inséparable à son fils à moins que mort ne survienne pour ôter l'une ou l'autre. Ndeye Sokhna s'est battue durant toute sa vie pour sauver la vie de son cher fils qu'elle a d'ailleurs eu avec l'homme qui à elle aussi constituait sa raison de vivre. Malheureusement ses choix ainsi que les épreuves que la vie lui ont imposé faisaient qu'au final, tous ses efforts semblaient vaines. Choses qu'elle ne pouvait pas accepter, se battre jusqu'à son dernier souffle pour récupérer son fils, afin qu'il ne subisse pas le même sort que Oumar Kane après la perte de sa chère et tendre épouse Coumba, était dès lors l'objectif premier de Sokhna, et en tant que mère, elle était prête encore une fois à toutes les sacrifices possibles.

Les morts ne reviennent pas d'entre les vivants, ils ne pouvaient donc que regarder tristement le corps inanimé de Fatima, pleurer chacun à sa manière et prier pour elle, pour que son âme repose en paix. Pendant ce temps là, Taa était par terre, tenant le collier qu'il avait remit à Fatima par l'intermédiaire de son père le docteur Kane avant qu'elle ne rendit l'âme. Il fixait ce collier comme s'il l'accusait de la mort de Fátima (selon lui, le collier représente l'esprit de sa grand mère, Soukeyna la saintes) , comme s'il l'en voulait de n'avoir pu venir en aide à son tendre amour alors qu'il l'a fait avec lui-même (se référant aux événements survenus lors de sa naissance). En même temps, il tenait le collier comme s'il renfermait les derniers souffles de vie de Fatima, comme si c'était la seule chose qui pouvait lui rappeler les instants passés avec elle. Toutefois, il ne répondait à personne, ni à son père, ni sa mère mais exécuter les ordres qu'on lui donnait comme quand il devait évacuer la salle. Khadija elle, n'a dédaigné sortir mot de sa bouche, donc on ne pouvait pas savoir si Taa la parlerait ou pas, le proviseur lui n'avait le temps de penser à Taa, son sort le suffisait amplement.

Chronique de M. Moustapha: Destin ou FatalitéWhere stories live. Discover now