Chapitre 35 :

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L’histoire de Sokhna, La gestation de 50 semaines !
Partie 01 : Au commencement !


Vous écoutiez l'histoire de mon fils depuis que cette chronique a débuté, eh bien cette fois place à mon histoire, moi sa mère Sokhna Ndiaye. La chose dont je n'ai jamais cru révéler un jour est sorti de ma bouche, faut dire que j’avais plus le choix et je ne pouvais pas regarder mon enfant allait plus loin avec sa propre demie sœur. Ce qui me pousse donc à vous raconter comment tout cela s'est passé.

Octobre 1984…
De mon vrai nom Ndeye Sokhna Ndiaye, j'étais âgée à l'époque de sept ans déjà puisque je suis née en juillet 1977. Issu d’une très grande famille où l'on vivait pratiquement tous en ensemble, les frères de mon père occupaient chacun sa propre case où ils logeaient avec leurs femmes et leurs propres enfants. Cependant mon père Ibrahima Ndiaye et mon oncle Moustapha Ndiaye (Grand Taa) eux, vivaient ensemble en partageant tout puisqu'ils sont issus de la même mère contrairement à leurs demies frères avec qui ils sont juste lié par le sang paternel. Mais même s'ils cohabitaient sous le même toit, leur façon de voir les choses et leur philosophie étaient de loin les mêmes, ce qui créait de temps à autres des malentendus entre eux, et la plupart du temps, l'origine de la polémique n’était rien d’autre que le sujet de l’école que mon oncle Moustapha ne cessait de lui souffler dans son oreille. Ils lui répétait que j'étais en âge d'aller à l’école, qu'il faut que mon père accepte de m’introduire là-bas car le futur appartiendrait à ce qui feront les bancs mais mon père n'a jamais été d'accord, pas pour le moment en tout cas. Il répétait toujours que c'est une perte de temps pour une fille d'aller à l’école, que c'est juste un prétexte pour nous faire abandonner nos croyances et cultures au détriment de la civilisation blanche, et pour couronner le tout, il nous faisait savoir que ça nous empêcherait juste de pouvoir maitriser les tâches qui nous incombent à la maison et nous ferait ignorer la place de la femme dans notre société. Je me rappelle aussi qu'il ne s'enlassait pas de répéter à longueur de journée « Nous sommes des Ndiayene, Ndiaye* (=commerce) lagnu kham* (on ne connait que ça), nos ancêtres nous ont légué ces magnifiques et immenses terres si précieuses, alors c'est à nous de piocher, remuer, cultiver puis vendre à notre tour et initier nos descendances à cela afin que ces activités perdurent et qu'on puisse garder en nous cette culture qui fait notre identité.

Quand à moi je voyais souvent quelques uns des enfants de mon âge se rendre à l’école mais j'ai jamais trouvé le courage d'aller vers mon père pour lui déclarer que moi aussi j'aimerai m’y rendre comme tous mes camarades de mon âge puisque, déjà de ces trois femmes, personne n'osait discuter ses ordres, ses paroles étaient absolues et tout ce qu'il souhaite, qu'il n'en plaise où non, se réalise de gré ou de force. Cependant avec maman c’était différent puisqu'il a toujours eu ce respect envers elle. De ce que je me souviens, il ne lui a jamais crié dessus contrairement à ses deux autres Femmes Woré et Sata avec qui il criait dessus à longueur de journée, d’ailleurs j’étais toujours heureuse d'assister à leur massacre puisqu'elles en avaient toujours contre ma mère Soukeyna, l'insultaient à chaque fois qu’elle leur tournait le dos. Mais contrairement à moi, ma mère elle avait toujours l’habitude d’éprouver des remords, du chagrin, de la tristesse envers ces gens là qui ne valait que dalle à mes yeux, le comportement exemplaire de ma mère n’avait rien à voir avec la leur, portait toujours en elle son chapelet à la main. C’était le genre de personne qui encaissait tout sans jamais broncher la sourcils, fervent fidèle de Serigne El hadj Malick Sy, d’après ce que l’on m'a raconté elle a très tôt pris le « Wirde Tijaan » et elle continue de formuler des prières pour tout le monde, beaucoup la voyait comme une sainte. Cependant, même si elle avait le respect de son mari qu'est mon père, sa vie n'a pas toujours était rose puisqu'elle était sujet de moquerie et différent type de tentations ainsi qu'une grande part d'indignation de la famille qui l'a accueilli et est devenue son nouveau foyer après avoir quitter celui de son père. Tout cela juste parce qu'elle n'arrivait pas à avoir d'enfant après près de deux décennies de mariage. Ceci la coûtait très cher dans cette maison remplie de vipère jusqu’à ce jour où le tout miséricordieux le récompensa de sa bonne foi en lui en la permettant de me mettre au monde. Ainsi je fus née alors qu'elle s'approcher de la ménopause, les miracle appartiennent à Dieu dit-on. Après cela, elle avait un petit moment répit concernant ceux qui la traitaient de sorcière, d'incapable mais n’empêche, la jalousie qu’éprouvait ses co-épouses et les autres femmes de la maison ne s'estompa guère, même maintenant que j'ai sept ans. Et comme je vous dis que maman était très respectée par mon père, elle aussi en retour ne discutait jamais les ordres de mon père, raison pour laquelle elle n'a jamais parlé à mon père de m'introduire à l’école, elle se contentait de m’emporter avec elle pour le commerce que chaque femme de la maison exerçait au marché.

Chronique de M. Moustapha: Destin ou FatalitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant