Chapitre 24 : Une réponse inattendue !

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Il avait les yeux écarquillés, le visage assombri et présentait toutes les signes d'une personne mal à aise. Je l'avais coincé aussi bien dans le jeu que sur notre petite discussion car il multipliait les mauvais choix dans son jeu, ça ne lui ressemblait guère de jouer les défensives… il était toujours silencieux hésitant à donner sa réponse, alors je repris :
- Grand Taa, je commence vraiment à m'imaginer des choses vraiment horribles, alors vas-tu me répondre ?
- Gamin… cesse d’être insolent et laisse moi respirer huuuhhhh… tu es pénible, ne t’inquiète pas je vais te répondre franchement car tu n'es pas débile après tout. En réalité… ta mère Ndeye Sokhna Ndiaye et le proviseur de votre lycée, Oumar Kane, ont partagé une certaine relation intime… comment dire...euh assez complexe.

Cette nouvelle me surprenait à tel point que j'étais resté sans voix et le chevalier (un des pions d’un jeu d’échecs) que je détenais sur mes mains y était toujours et en suspend, je ne pouvais juste pas le poser comme si le temps s'était arrêté et je restais figé comme un statut. Sidéré, je répondis :
- C-comment ça ils ont partagé une certaine relation ? qu'est ce que t'es en train de me raconter là… m’mame* (grand père). Ne me dit pas que...
- La ferme !  Ne fait pas de conclusion hâtive. Écoute attentivement, je vais te raconter toute l’histoire mais avant tout, promets-moi que tu ne feras rien de stupide et aussi de ne rien dire à ta mère car mieux vaut qu'elle n'ait pas vent de cette histoire.
- Quoi ? Tu me demandes de jouer les cachotiers ? Je risquerais de mentir indirectement à ma mère, grand Taa, L'objet même de notre discussion de tout à l'heure.
- Eh bien voilà en quelque sortes, une réponse à ta fameuse question que tu as amené avec toi. Crois-moi c'est mieux pour toi et puis c'est quelque chose qui ne te concerne absolument pas puisque c’était la vie de ta mère à une certaine époque où elle avait à peu près ton âge donc c'est juste son passé que je suis contraint de fouiller pour t’apporter à toi, son progéniture, la réponse à une question qui te hante l’esprit, alors tu comprends mon petit fils sans cervelle ?

Huf, j'avoue que ce dernier discours m'avait un peu allégé, ce qui m'a emmené à lui dire qu'on peut continuer la partie tout en l’écoutant mettre sur le plat ce qu'il avait à me raconté. Du coup, on fit comme je viens dire et ainsi il débuta sa narration :

- Tu n’ignores pas que ta mère a fait les bancs tout comme toi à l'époque et a poursuit ses études jusqu'au lycée avant de se retirer de l'éducation. Apparemment comme toutes les jeunes, ce qu'ils font en dehors de la maison, les gens qu'ils rencontrent et avec qui ils tissent des liens propres à eux ne parviennent pour la majorité jamais jusqu’aux oreilles de leur parent. Donc ils se sont rencontrés et ont eu une certaine aventure qui n'a malheureusement pas pu durer longtemps car quelques temps plus tard ta mère fut fiancé à mon fils, ton père pour être exact. En à croire certains dires, votre actuel proviseur était sur le point de proposer des fiançailles à ta mère auprès de mon grand frère (grand père maternel de Taa) mais beaucoup de facteur jouait contre le proviseur et donc il fut le perdant de cette histoire. Quand il a su que ta mère était fiancée par la suite à mon fils Seydou qui la maria même plus tard et que le miséricordieux leur accorda la grâce de récolter les fruits de leur union qui n’est nul autres que vous mes chers petits enfants, il (le proviseur actuel) a explosé de colère et s'est senti profondément écœuré, trahi et abandonné par son amour mais également il développa une rancœur envers la famille Ndiayènne de l'époque car malgré le mépris qu'il éprouvait envers ta mère Sokhna, c'est moi son ancien tuteur et ton grand père maternel qu'il haïssait le plus puisqu'il nous accusait d’être ceux qui tiraient les ficelles dans l'ombre et par-dessus tout, les responsables de cette mascarade. Ahhh mas-ca-ra-de... je me rappelle bien du jour où il était venu s'exposer comme ça devant nous en prononçant ce fameux mot « mascarade », il était vraiment courageux pour venir et oser défier mon frère, lui qui a toujours été dur de tempérament et fidèle à sa philosophie stricte et rigoureux. Depuis son irruption, plusieurs années s’écoulèrent et je n'avais toujours aucune nouvelle le concernant jusqu'à ce que je sois au courant que le nouveau proviseur du lycée était Oumar Kane il y'a moins de trois ans. Voilà, je pense que tu comprends maintenant sa réaction quand il a appris que tu étais un descendant de la famille qu'il déteste le plus dans toute l'étendue de la petite côte.
- C’était donc ça ! Je peux pas dire que je comprends sa réaction mais maintenant que j'ai une explication de ta part, c'est vrai que les mystères qui enveloppaient mon esprit sont disparus. Je ne sais pas si c'est ça la compréhension ou non mais on dirait que j'y vois plus clair en tout cas. Dit, grand père (d'un ton plus que sérieux), alors notre proviseur a été votre élève par le passé ?
- Qui me crois-tu petit morveux ? des jeunes qui sont devenus de grand homme aujourd'hui, j'en ai encadré des tas, alors le proviseur n'est que l'une des plantes parmi tant d'autres que j'ai fait poussé dans mon jardin dont j’ai pris tant de soin à façonner, hélas les comportement et la perception de chacun d'entre eux vis-à-vis de la vie est vaste et aussi différent les uns des autres. Votre proviseur était un garçon qui avait de l’entrain et semblait toujours en colère mais malgré tout, il n'était pas un mauvais garçon, je dirai juste qu'il était un peu coincé, quelque chose du genre. Bref, le cours d’histoire est terminé alors finissons cette partie et laisse moi souffler gamin, tu m'as bien fatiguer aujourd'hui. Mais avant cela, permets-moi de formuler une question car  depuis tout à l'heure tu ne cesses de m'importuner.
- Vas-y je t'écoute, le vieux. Qu'y à t'il ?
- Te battais-tu au lycée par hasard, morveux ? D'un ton sournois, avec un sourire provocant…
- (Rire…) je croyais que le sens de la vue commencer à t'abandonner mais décidément, tu n'as pas copié mon nom pour rien… (le titillant). Tu n'as pas perdu ton sens aiguisé à ce qui parait, est-ce parce que tu as été longtemps maitre que tu parviens si bien à percer à jour les sentiments cachés des gens derrière leur visage ?
- Eh bien… mon petit fils me complimente… ça faisait longtemps que ce n'est pas arrivé, depuis le jour qu'il a commencé à se mesurer à moi. Ta réponse confirme mes soupçons, tu t'es bien battu… sacré gamin
- Grand Taa, tu me connais c’était peine perdue ; je ne pouvais juste pas éviter cette confrontation.

Chronique de M. Moustapha: Destin ou FatalitéWhere stories live. Discover now