18 - Palerme.

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18 – Palerme.

ABEL ESSO

_ T'as vraiment été inconscient, sur ce coup. Même s'il y a d'autres affaires en cours, tu ne peux pas te permettre de baisser ta surveillance. Si on était pas intervenus, les deux auraient eu de gros problèmes.

_ C'est bon, Carl, la leçon est passée. Je m'en veux déjà assez.

Il s'éloigna du grand couloir et sortit de l'hôpital en traînant des pieds, évoluant grâce aux lumières artificielles qui perçaient la nuit.

Appeler Rizvan ne faisait certainement pas partie de ses priorités puisqu'il connaissait la finalité de la conversation téléphonique. Mais il avait la désagréable sensation de perdre progressivement les pédales et de ne plus rien contrôler. Même s'il ne voulait pas qu'il soit tenu au courant, il avait été l'homme de la situation avant de se volatiliser et Abel avait plus que jamais besoin de ses conseils.

Cette disparition était liée à son poste qu'il avait obtenu à la sueur de son front et que personne n'avait reconnu à sa juste valeur. Lassé d'être une roue de secours malgré toute l'aide conséquente qu'il apportait au service, il avait tout plaqué parce qu'il avait toujours été extrême dans sa façon de vivre. C'était un oui franc ou un non tranché, il n'hésitait jamais entre les deux.

Quelques secondes après, il était mis en relation avec lui. Il se préparait à recevoir une facture extrêmement salée, la Russie étant un pays extrêmement difficile à contacter sans payer plus de deux euros par minute.

Alors qu'il désespérait, il finit par entendre sa voix au bout de plusieurs longues tonalités sans fin.

« _ Un problème ?

_ Quel accueil !

_ Je paie aussi. Abrège.

_ Je peux pas abréger quelque chose d'aussi grave.

_ Elles sont mortes ?

_ Je t'explique un peu la scène au moment où on a intervenu avec Carl.

_ Quoi ? Je comprends rien.

_ Herta était injoignable depuis deux jours. Tu as remarqué ?

_ Elle me contacte deux fois par semaine, c'est suffisant.

_ Moi qui devais l'appeler tous les jours, j'ai pas cherché à la localiser. C'est le Français Américain Nigérien qui l'a fait.

_ Je vois pas.

_ Carl Morris, dans notre section. Il a remarqué qu'elle se trouvait dans un bordel. Ce que je vais dire est méchant mais j'aurais pas trouvé ça alarmant.

_ T'es qu'un bouffon plein de préjugés.

_ Qu'est-ce qu'il y a ? Elle t'a proposé ses services ?

_ Presse toi, j'aurais préféré foutre mes roubles dans de la nourriture, pas un appel.

_ Dans les heures qui ont suivi, son portable a arrêté d'émettre un signal. Il a eu le réflexe de regarder du côté de Brown mais son portable émettait plus rien. Il en a déduit qu'elles étaient dans une situation de danger. Elles étaient sur le point de s'échapper d'elles-mêmes quand on a intervenu. On a fait sortir du bordel deux pourris menottés. Elles ont été transportées à l'hôpital.

_ Elles sont blessées ?

_ Apparemment, Herta a été droguée. Carl a été pressant avec Brown en l'interrogeant à son réveil. Je te rappelle quand j'en sais plus.

_ Dès qu'elle sort, démerde toi pour l'enfermer à double-tour. »

* * *

RIZVAN ARZAMASTSEV

« Liste noire. »Where stories live. Discover now