17 - Tensions.

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17 – Tensions.

ASYAT BROWN

_ Sophia... n'est-ce pas ?

Cet homme ne savait absolument rien d'elle, en quelle mesure pouvait-il être plus dangereux qu'un autre ? 

_ Elle ne vous répondra pas. Elle est silencieuse depuis...

_ Taisez-vous et sortez, lui intima l'homme en désignant la porte du bout du menton.

Elle s'exécuta sans broncher, obéissant au doigt et à l'œil.

Plus elle l'observait, plus elle décelait en lui une sorte de ressemblance avec quelqu'un qu'elle avait dû fréquenter récemment. Elle avait rapidement fait le lien avec le monde de l'escorting où elle était connue sous le prénom de Sophia. Tony Cohen... Il était censé être sous écrous. Actuellement, rien n'était moins sûr que cette affirmation.

_ Tu me parais bien silencieuse pour une habituée de la maison.

Elle ne releva pas son sarcasme et resta silencieuse, appliquant les ordres du déserteur à la lettre. 

_ Je vais arrêter de jouer aux questions/réponses puisque tu n'as pas l'air décidée à me répondre. Tu me dois des excuses sur plusieurs niveaux. Ton amie Herta se trouve parmi nous. Si tu ne veux pas qu'il lui arrive malheur, tu vas devoir répondre avec le plus d'honnêteté possible.

Elle n'avait qu'un regret, celui de ne pas pouvoir lui mollarder au visage. Ses parents avaient enduré des violences mille fois plus conséquentes en temps de guerre russo-tchétchène. Herta était dotée d'une grande intelligence, elle ne se laisserait pas marcher dessus de la sorte tant qu'il y aurait encore une alternative.

_ Tu n'as pas l'air de comprendre que je ne bluffe pas. Je pensais que tu étais plus attachée que ça à ton amie.

_ Posez votre question, vous êtes fatigant.

Il esquissa un sourire en coin. Il avait réussi à lui extirper quelques mots, le reste ne serait qu'une formalité.

_ Tu vois quand tu veux. Je savais que tu parlerais s'il s'agissait de ton amie. Maintenant, passons aux choses sérieuses. Qui est l'homme qui a fait coffrer mon cousin le 1 janvier ?

Elle décida d'opter pour une nouvelle stratégie qui lui permettrait, en passant, de vider son cœur de toute trace d'amertume.

_ Juste un enfoiré qui passait par là.

Pensif, il s'avachit à l'intérieur de son fauteuil, les pieds posés sur le bureau marron rectangulaire.

_ Tu as une certaine rancœur envers lui.

_ Bon, écoutez monsieur, je n'ai pas souscrit pour un forfait séances chez le psychologue.

Un rire tonitruant résonna dans la pièce avant d'être effacé par le silence, omniprésent.

_ Tu n'as pas l'air de te rendre compte de ce avec quoi tu joues. Je veux des noms.

Si Rizvan Arzamastsev n'était pas une personne redoutable et surentraînée, elle aurait été tentée de le balancer. Néanmoins, cela reviendrait à l'attirer en France et à lui faire réaliser encore une fois à quel point elle était impuissante seule, un sentiment qu'elle voulait par tous les moyens bannir de son esprit.

Face à son silence, il se mit à tripoter ses mains. La nervosité était perceptible dans chacun de ses mouvements.

_ Il y a quelques semaines, j'ai commencé à recevoir les demandes de clients. Au regard des êtres humains en bonne santé, ce ne sont pas vraiment des clients lambdas. C'est-à-dire qu'ils sont atteints de la forme la plus grave de l'infection au VIH. Je me demandais si je ne devais pas rappeler ces clients et leur proposer de passer la nuit, voire plus si l'entente est bonne, avec Herta.

« Liste noire. »Where stories live. Discover now