7 - Lésée.

271 24 55
                                    

7 – Lésée.

Jeudi 1 janvier 2015

Les douze coups marquant le changement entre les deux années civiles avaient retenti depuis bien longtemps lorsqu'elle émergea de sa folie passagère. Asyat tenta tant bien que mal de se repérer tout en se rappelant des événements qui étaient survenus un peu plus tôt dans la nuit.

Son rythme cardiaque s'accéléra considérablement lorsqu'elle se rendit compte qu'elle se trouvait dans une pièce moderne qui lui était tout sauf familière.

Éreintée, dans l'incompréhension la plus totale, elle ferma les yeux. Elle s'était irrémédiablement conduite à sa propre perte en agissant aussi dangereusement. Son inconscience l'avait punie par où elle avait péché.

Rassemblant ses forces, elle se remémora le violent choc qui l'avait mise hors d'état. Elle devait probablement être blessée après avoir encaissé un tel coup. Inspectant son corps, elle ne trouva pourtant aucune égratignure. Elle toucha son visage qui ne présentait au toucher aucune irrégularité.

Elle entreprit de faire le tour de la pièce, passablement sonnée. Elle se figea lorsqu'une voix l'interpella.

_ Restez où vous êtes.

Elle tourna lentement la tête et entraperçut une ombre inquiétante à moitié plongée dans la pénombre. Peu à peu, ses yeux s'habituèrent à la lumière tamisée environnante. 

_ Vous voulez aussi que je vous apporte un couteau pour me trancher la gorge ?

Elle dut attendre plusieurs secondes avant de recevoir une réponse tout aussi inquiétante.

_ Asyat, vous m'avez blessé à l'arcade. Pour vous neutraliser, j'ai dû utiliser ma droite. Initialement, je ne vous voulais aucun mal.

En liant sa voix qui lui semblait plutôt familière bien que légèrement différente, la maîtrise qu'il avait de son corps et du combat en corps à corps, une évidence la frappa.

Bien qu'elle ne connaisse pas vraiment Rizvan Arzamastsev qui l'avait par le passé laissée attachée au sol sans lui témoigner le moindre respect, elle laissa échapper un soupir de soulagement. L'homme qui avait failli la tuer était hors d'état de nuire.

_ Laissez-moi partir si vous ne voulez pas que j'appelle la police.

_ Je ne crains pas un appel à la police, vous ne leur faites pas confiance. Avant de vous le demander, c'est votre pote qui me l'a confié.

_ Confié ? Sous la torture ? Espèce d'enfoiré.

_ Surveillez votre langage, vous le regretterez tôt ou tard quand je vous apprendrai que j'étais en train d'essayer de vous faire incarcérer. On en parlera autour de plein de siskal. Au fait, vous n'êtes pas attachée. Vous pouvez prendre la porte.

Il cherchait à l'amadouer avec des choses qui lui étaient familières. Les siskal, beignets typiquement tchétchènes, faisaient partie intégrante de son enfance. Cependant, une pointe de déception la prit au dépourvu. Elle aurait aimé être retenue captive en présence d'un agent qui connaissait sans doute mieux qu'elle sa propre vie plutôt que d'affronter à nouveau le monde extérieur.

_ Je vous propose un deal. Vous écoutez ce que j'ai à vous dire et je vous offre ma protection.

Piquée à l'idée d'être incapable d'assurer elle-même sa protection, elle fronça les sourcils.

_ Je sais me défendre toute seule.

_ J'imagine que l'homme qui vous harcelait et vous poursuivait dans les escaliers l'a très bien montré.

« Liste noire. »Where stories live. Discover now