XXXVII

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Cela fait bientôt une semaine que Mademoiselle Tsuji est absente. Mes collègues n'ont pas eu de nouvelle d'elle et apparemment son domicile serait vide. Cela me préoccupe énormément, mais je n'ai pas eu le temps de l'appeler. Je suis trop occupé avec les devoirs de mes élèves ainsi qu'avec la petite Yoshioka qui commence à s'approprier mon appartement. J'avoue, malgré tout, que sa compagnie n'est pas désagréable et qu'au contraire, j'apprécie le fait qu'elle essaye de me faire rire. C'est comme si elle avait deviné que je n'étais pas dans mon assiette.

Bref, il faudrait que je fasse un effort pour remonter la pente avant de flancher.


Je me vide la tête en quittant la salle des professeurs.

Dans le couloir, je croise le "fameux" Ueno. Il me donne volontairement un coup d'épaule en me foudroyant du regard. Étant une vraie poule mouillée, je baisse les yeux et continue ma route sans me révolter.

« Matsuzaki. »

Sa voix rauque me donne des frissons. Je suis tendu face à cette apostrophe et hésite à me tourner vers lui.

Impatient, sa main s'agrippe au pied du col de mon chemisier et m'attire brutalement vers lui.

« T'es sourd ou quoi ?! »

Des élèves, au alentour, commencent à nous observer en se posant des questions.

« Ex-excusez-moi... »

Son regard menaçant est bien trop perturbant pour que je le regarde dans les yeux.

« Il faut qu'on parle, fumier. Rejoins-moi à la pause du midi, je serais certainement dans ma salle, au dernier étage. »

Je n'ai même pas eu le temps d'essayer de placer un mot qu'il s'était déjà éclipsé.

Je redresse mon col, reprends mon souffle puis je rejoins précipitamment mes élèves de dernière année.


Les heures de cours s'enchaînent et m'épuisent. Les adolescents sont bruyants et désobéissants. Il me donne mal à la tête.

Soudain, en pleine évaluation, mon téléphone se met à vibrer. Le bruit est tellement fort que les élèves me lancent des regards furieux. Je m'excuse auprès d'eux puis, attrape l'objet pour regarder le message. C'est la petite Hiyori qui se permet de me déranger en envoyant des smileys. Je soupire en regardant l'écran, elle ne cesse de me harceler avec toutes ces conneries. Mais après d'innombrables messages futiles, elle se décide finalement d'écrire quelque chose de cohérent.

" Salamèche, je me fais chier. "

Décidément, je devrais peut-être lui faire comprendre que je suis son professeur et non son camarade de classe. Je me dépêche de répondre avec discrétion.

" Je surveille mes élèves. Ils sont en évaluation.

- Et donc ?

- Comment ça et donc ? Je ne peux pas me permettre de faire la causette !

- Ce n'est pas ce que tu es en train de faire ?

- Laisse-moi tranquille !

- Mais je m'ennuie...

- Tu n'as plus cours ?

- Si.

- Hiyori ! Range-moi ce téléphone !

- Tu t'es pris pour mon père ?

- Bon, j'éteins mon portable. Tu m'enquiquines.

- Va au diable. Tu sers à rien ! »

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