XXIII

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J'arrive en avance au lycée. Dans le couloir, au dernier étage, je me fais interpeller par ma collègue. Mitsu me fait signe de la main et je m'avance jusqu'à elle.

« Akira ! » dit-elle en fronçant les sourcils.

« Qu'est-ce qu'il y a ?

- T'es rabat-joie ! »

Mademoiselle Tsuji me pince la joue.

« Hier, j'étais émoustillée à l'idée de faire l'amour avec deux hommes. Mais tu as arrêté mon élan !

- Excuse-moi, mais ce genre de chose ne m'intéresse pas.

- Tu aurais préféré être avec deux femmes, c'est ça ?

- Arrête d'être aussi obsédée ! Nous sommes dans notre lieu de travail !

- T'es pénible parfois ! Lâche-toi un peu ! Personne peut nous entendre !

- Mitsu, tu me fatigues ! »

Mon amie commence alors à me faire du charme en caressant sensuellement mon torse. Je me laisse docilement manipuler par la blonde. Je me retrouve dépossédé de toute liberté d'action. Elle passe ses mains à l'intérieur de mon pantalon pour me peloter les fesses. Mon corps devient bouillant. Je m'apprête à me coller contre elle, mais une toux proférée brisa mon élan. On s'éloigne d'un de l'autre puis détourne notre attention vers le son émis. Mon élève était en train de lire près d'une étagère, dans l'angle du couloir. Un rire jaune s'échappe de ma bouche. Mitsu, de son côté, ne semble pas être incommodée. Elle sourit à l'adolescente avant de me laisser en plan.

Mademoiselle Yoshioka me lance un regard antipathique. J'essaye de trouver mes mots pour m'excuser auprès de la jeune fille, mais elle referme son livre et se relève. Hiyori me bouscule sans scrupule et se dispose à partir. Lorsque je me retourne, je l'aperçois à proximité d'Ueno. Ils se croisent, se saluent puis continuent leur chemin. Interrogé par l'action, je m'adresse à mon collègue en ânonnant. Chisei regarde dans ma direction. Il semble être horripilé.

« Je-Je... Non, peu importe, laissez tomber...» bafouillais-je.

La sévérité des traits de cet homme me déstabilise.

« Viens-en au fait Matsuzaki. » maugrée-t-il.

Je n'aurais jamais pensé qu'Ueno aurait pu un jour me porter de l'attention. Cet homme est certainement lunatique. Qu'est-ce qui m'est passé par la tête pour accoster un tel glaçon.

« Je voulais juste vous demander si vous connaissiez cette élève. »

Il est encore plus agacé qu'avant. J'avais l'impression qu'il était sur le point de m'insulter, mais il pose finalement sa main dans la poche de son jean et affiche un sourire venimeux.

« Est-ce que ça te regarde ?

- N-non... Mais...

- Tu me fais perdre mon temps petit merdeux. »

Offusqué par son manque de tact, je me fais tout petit pour entrer dans la salle des professeurs. J'évite tout contact avec mes collègues, m'installe à mon bureau et me dissimule derrière l'ordinateur. Mais je ne peux pas m'empêcher de jeter quelques coups d'œil en direction de Chisei. Il ne cesse de me fixer avec un air hostile. J'avais l'impression qu'il était en train de mijoter quelque chose.

La journée se déroulait globalement bien. J'enchaînais les cours, pris mon repas avec Yamamura pour finalement clore le boulot assez tôt, dans l'après-midi. Assoiffé et n'ayant plus d'eau à porté de main, je me dirige vers la petite boutique installée tout près de l'établissement. Je retrouve mon élève, Hiyori, qui rencontre un problème avec le vendeur. Le prix des articles ayant augmenté posait problème à l'adolescente qui n'avait pas assez de monnaie. Pour agir en tant qu'aîné exemplaire, j'interviens. C'est avec gentillesse que je dépanne mon élève de quelques sous. Elle ne me remercie pas et achète une brique de lait fruité. Désespéré, je soupire, achète un jus et sors du magasin. La jeune fille semble m'attendre devant le commerce. Touché par son amabilité, je souris et m'apprête à la remercier. Mais la gamine m'ôte toute illusion en m'adressant crûment la parole.

PaslaptisWhere stories live. Discover now