Paslaptis

XV

Aujourd'hui, je suis chargé de surveiller les élèves qui ont été collés par le directeur. Je m'habille de manière plus décontracté et m'apprête à sortir.

Dehors, le vent se déchaîne. Cela fait maintenant trois jours qu'il pleut. Ce temps me rend paresseux. J'aurais aimé être sous ma couette.

Je parcours le trajet habituellement emprunté et m'installe dans la salle de retenue. Les élèves arrivent les uns après les autres. Ils ont l'air autant exténués que moi.

Trois de mes élèves de première année sont présents. Je reconnais la voix stridente de Yoshioka Hiyori. Sans gêne, elle crie dans la pièce et discute avec ses camarades de classe. Je me relève.

« Mademoiselle Yoshioka ! Taisez-vous et asseyez vous ! »

Elle grimace, mais ne se révolte pas.

Je sors un classeur pour corriger les évaluations des lycéens en attendant que l'heure passe.

« Excusez-moi... »

Je lève mes yeux vers l'adolescente qui m'a interpellé. C'est Hirose Nanako qui s'est levée.

« Je vous écoute ?

- J'aimerais avancer sur un travail de groupe. Nakada, Yoshioka et moi, nous étudions ensemble sur ce sujet. Est-ce que ce serait possible de continuer l'exposé ?

- Très bien, mais ne faites pas trop de bruit. »

Ils se réunirent sur la même table.

Les chuchotements ainsi que le bruit des aiguilles de ma montre me perturbent. Je ne peux pas me concentrer. Je soupire. Je pose mon dos contre le dossier de la chaise et j'inspecte les lieux.

La matinée passa lentement, mais j'étais finalement libre. Je range mes affaires et sors de la salle après avoir salué mes élèves.

Près du portail, j'aperçois un homme aux cheveux colorés. Ses oreilles sont percées ainsi que sa lèvre inférieure. Intrigué, je le dévisage en continuant ma marche.

« Papa ! » s'écrie une voix familière.

Je m'arrête un instant. Mon élève est en train d'enlacer cet étrange homme. 

Mon cœur tressaute.

Tout à coup, la jeune fille me remarque et hausse un sourcil.

« Vous avez un souci ? »

Je me ressaisis.

« Je... Je rêvassais. Excusez-moi Mademoiselle Yoshioka. »

La gamine croise les bras.

« C'est lui salamèche, papa ! »

Je sursaute lorsque son père se retourne pour m'observer. Il esquisse un sourire rempli d'embarras.

« Hiyori ! Où sont passé tes bonnes manières ?! Excuse-toi auprès de sala... de ton professeur ! »

Il allait m'appeler salamèche...

L'adolescente se met à rire.

« J'ai pas le temps. Rentrons ! J'ai faim ! J'espère que la sorcière nous a préparé un bon petit plat provenant de sa vieille marmite ! »

Ils disparurent.

Je reste figé en suivant les Yoshioka du regard. Une goutte de sueur perle le long de ma joue.

« Et si... Cet homme était mon père...? »

Mes pensées m'emmenèrent loin. Tellement loin que je n'avais pas remarqué la présence de mon collègue.