Chapitre 30 : Révélation

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« Toute justice, qu'on croit noyée, finira par flotter »

― Tu n'as pas respecté les règles, pourtant je t'avais conseillé de garder le silence ! Tu vas mettre ta vie et celle de ta mère en danger ! Tu seras châtié comme il faut ! Plus de chasse, plus de sortie !

La grand-mère pinçait l'oreille de l'enfant qui hurlait, il n'avait pas vraiment mal mais il voulut s'échapper de ses mains. Il était rebelle, et même s'il paraissait calme, au fond de lui il n'avait jamais accepté cette condition de vie !

― Pardonne-moi grand-mère mes émotions m'ont aveuglé !

― Tu m'as déçu, tu ne mérites plus ma confiance, vilain garnement !

― Lâche-le !

David surgit devant la grand-mère, il avait suivi son frère, qui par chance avait laissé la porte ouverte.

― C'est mon frère et j'ai le droit de le connaître ! Vous m'avez menti et vous m'avez rejeté en faisant semblant que vous ne saviez rien madame, mais vos yeux vous ont trahi ! J'ai vu de la douceur dans votre cœur ! Vous m'avez aidé comme votre fils, et vous avez fait le maximum afin que je me réveille en bon état !

― Ce geste ne signifie aucun lien de maternité. Je suis humaine, c'est mon devoir, et en plus tu ne connais pas cet endroit apparemment, si je t'avais laissé dehors les loups t'auraient dévoré !

― D'habitude vous n'acceptez personne chez vous ! Je suis la seule exception ! Ça signifie que je suis un membre de cette famille ! Vous pensez qu'en partant je vais abandonner ? Après avoir vu les yeux de Dany j'ai décidé de revenir pour résoudre cette énigme !

La grand-mère sembla anéantie par cette annonce, la tristesse s'afficha sur son visage qui se crispa d'avantage ! D'un geste inattendu, elle claqua la porte en laissant David dehors.

― Va-t'en je ne veux plus te voir ! Fous le camp et laisse-nous vivre tranquillement !

― N'ayez pas peur de moi, je suis capable de vous protéger tous les deux, mais j'ai besoin de votre aide !

― Je ne peux rien faire, laisse-nous tranquille, il n'est pas ton frère !

― Je sais bien que vous êtes au courant de tout mais que vous avez peur ! Cette peur me prive de vivre normalement au sein de ma famille biologique et c'est le cas aussi pour mon frère !

Aucune réponse ! David hurla, cria, supplia, demanda, mais sans résultat... Que le silence !

Il ne voulait pas partir, car les plus belles choses nécessitent beaucoup de sacrifice.

Environ vingt minutes plus tard, il essaya de casser la porte, mais cette dernière était très solide. Il cherchait le moindre trou pour pénétrer à l'intérieur mais la maisonnette semblait construite par un agent de sécurité, c'était impossible de rentrer. Après une heure de tentatives, il s'écroula désespéré devant la porte les larmes aux yeux.

― Depuis ma naissance je suis malchanceux, personne ne veut m'aider sauf deux ou trois qui ont quitté ce monde vers un autre meilleur... C'est de ma faute ! Je suis orphelin malgré moi, la nature n'a aucun rapport avec cette souffrance... Mais la Bauvary oui ! Ne croyez pas qu'elle vous laissera en paix... Ma mère était sa bête noire, son point faible, son malheur, et même si on lui a dit qu'elle était morte, un jour ou un autre elle retrouvera des indices et finira par découvrir la vérité ! C'est vrai que votre silence éloigne le danger qui menace Dany mais ne l'arrêtera jamais ! Si on coopère ensemble on a une chance de s'en sortir tous vivants !

Une voix tremblante lui répondit :

― Tu ne peux pas comprendre, cette révélation peut me coûter cher !

― C'est quoi ce cauchemar ! Vous avez le droit de vivre comme des humains, dans des cités civilisés et pourtant vous vivez avec les loups, isolés et terrifiés par le moindre bruit ! Ce gamin a le droit d'aller à l'école, de construire sa vie, de vivre normalement, il ne doit pas subir le destin de nos fautes !

La porte s'ouvrit sur les yeux larmoyants de la grand-mère qui tremblait de tous ses membres. Elle lui fit un signe d'entrer et ferma de nouveau la porte !

Dany dormait déjà, d'après sa grand-mère, quand il dormait le jour ça signifiait une nouvelle dépression ! Elle préparait deux tasses de thé chaud et s'installait sur le petit divan en face.

David lui jeta un regard éperdu et mélancolique qui cachaient un grand espoir, celui de se battre jusqu'au bout.

― J'ai hâte de connaître toute l'histoire.

La vielle baissa la tête comme une guerrière vaincue, elle sembla contempler ses chaussures qui étaient trop usées, elle était faible et en danger mais enfin elle finit par divulguer l'histoire :

― Je suis Rosé !

― C'est vous alors !

― Je suis la grand-mère de Dany.

― Ah ! Enfin j'ai retrouvé quelqu'un de ma famille, j'ai retrouvé une partie de moi, qui porte mon sang.

Il l'embrassa et ne la lâcha qu'après un certain temps.

― Je suis désolée de briser tes rêves, mais toi et moi on n'a aucun lien, je suis la belle-mère de Dalida !

― Et où est-elle ?

― Je ne sais pas !

― S'il vous plaît faites un effort, je sais que vous connaissez quelques détails !

― Je ne peux pas te confier un tel secret !

― Ayez confiance en moi ! Je vous jure que je suis capable de prendre n'importe quelle responsabilité ! Je ne suis pas peureux et lâche comme mon père ! Moi aussi je suis amoureux d'une fille, et Bauvary a essayé de l'assassiner plusieurs fois, mais elle est toujours vivante, je l'ai protégée et je vais continuer pour toujours.

― Oui la belle Dana, elle est marocaine ?

Il écarquillait grand les yeux.

― Comment vous connaissez son nom ?

― Ta mère m'a parlé d'elle plusieurs fois je pense qu'elles sont amies.

― QUOI ? Dana et maman amies ?

― Écoute ta mère a toujours été près de toi depuis ta naissance ! Et elle l'est encore, elle te voit chaque semaine !

― Qui est-elle ?

― Regarde bien dans ton entourage ! Si tu l'aimes vraiment, l'instant se chargera de te la faire reconnaître !


Ma drogue humaine ( réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant