Chapitre 7 : Décision

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Je me levais le matin essoufflée et fatiguée. J'ai passé la nuit entière à faire des cauchemars. J'avais peur, tellement peur que sans le faire exprès, je serrais le corps de Aicha aussi fort que je pouvais. A mes yeux, elle était la plus brave de nous deux et sa simple présence me calmait l'esprit. C'était grâce à elle que j'ai vaincu une mort imminente. Fuir la Syrie n'aurait jamais été possible sans elle. Dieu merci pour cette amie.

Aicha ouvrit les yeux à son tour pour accueillir une nouvelle journée. Elle était aussi épuisée que moi, voire anxieuse et angoissée.

_J'ai cru que j'allais mourir.

_ Elle a fait semblant de ne pas nous voir.

_ Heureusement le domestique nous a aidé Dana.

_C'était un ordre de sa part Aicha !

_ Donc elle m'a vue ?

_ Oui.

_ Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

_ Pour ne pas aggraver ta panique.

_ Qu'est-ce qu'on doit faire maintenant Dana ?

Cette question m'a choquée. Généralement, c'est elle qui détenait les cartes de conduite. Elle prenait les décisions et je ne faisais que suivre. Ce jour-là elle m'a confié le navire. Je devais être le capitaine sans que je sache naviguer.

Elle me lançait un regard inquiétant vu mon silence prolongé. Elle était contre moi et je pouvais sentir son cœur battre de plus en plus fort. A cet instant là je devais absolument fournir une réponse :

_ On doit attendre Aicha !

_ Jusqu'à quand ?

_ Euh jusqu'à ... On attend et c'est tout.

_ Jusqu'à mourir de peur ?

_ Mieux vaut crever de peur que sous le poids d'une punition !

Soudain la porte de la chambre s'ouvrit d'un coup sec sans préavis et le visage de la femme apparut. C'était l'un de ces instants terrifiants qu'on n'oublie jamais dans sa vie.

_ C'est l'heure de se réveiller mesdemoiselles. Ici on ne dort pas après neuf heure du matin. Cette maison a des règles que vous devez apprendre par cœur et auxquelles il faut se plier !

Nous nous levions moins terrifiées bien que perplexes. Son visage était tellement neutre qu'on la croyait amnésique. Aucun signe de colère, aucun sous-entendu de punition dans sa voix et surtout aucune envie de parler de la vielle. Étions-nous épargnées ?

Elle nous lançait un regard un peu menaçant cette fois car nous n'avions pas obéit à ses ordres de suite. Puis elle ajoutait d'un ton plus sec :

_ Allez, Passez aux toilettes et venez à la cuisine vous devez prendre votre petit déjeuner, vous ressemblez à deux pailles séchées. Il faut reprendre du poids et rattraper le perdu !

Nous nous levions très vite, rentraient ensemble dans la salle de bain où nous fermions la porte à clefs :

_ Elle a l'air gentille finalement !

_ Elle tient à nous !

_ Oui.

_ Tu penses que tout ira bien Dana !

_ Oui certainement, elle a tout oublié apparemment.

Quelques minutes plus tard :

A la cuisine, la table était remplie de nourriture qui suffisait pour une semaine entière. Tout avait l'air appétissant. Aicha a déjà commencé à dévorer ce qui lui tombait sous les yeux sans m'attendre, ni même prendre la peine de patienter où réfléchir. Quant à moi, je n'arrivais pas à avaler une miette malgré ma famine. Ma tête tournait... Quelque chose ne tournait pas rond dans tout ce scénario. Si la dame était vraiment gentille et qu'elle nous considérait comme ses filles elle ne nous aurait jamais ignorées comme si nous étions de véritables inconnues. Pourquoi faisait-elle tout cela pour nous ? Qu'est ce qui la poussait à nous gâter de cette façon ? Peut-être parce que nous étions recommandées par cet homme mafieux, qui était probablement son chef ? Oui, c'est certainement cela!

Ma drogue humaine ( réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant