Chapitre 28 : Ma drogue humaine

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Point de vue de Dana

Les semaines qui précédaient mon mariage étaient plutôt calmes et tranquilles, Haroun n'osait plus s'approcher de moi ! Il était tout le temps concentré dans son travail afin de régler le plus possible de requêtes ! C'était un juge très professionnel et reconnu... Il adorait son travail !

Ma vision de cet homme était meilleure, je l'adorais et j'adorais sa façon de traiter les femmes. C'était vrai qu'il m'évitait tout le temps mais il avait ses propres manies, et ça m'enchantait ! Par exemple, chaque nuit à une heure tardive, avant de dormir, il passait faire un tour dans ma chambre pour vérifier que j'allais bien ! De temps à autre il m'embrassait sur le front en contemplant mon visage... Ces gestes doux me gênaient, car j'avais peur de ses sentiments envers moi ! Le plan consistait à ce qu'on vive séparés, mais il commençait à m'aimer et il avait des gestes gentils pour m'amadouer ! Peu importe, j'étais une femme prise donc c'était impossible de me séduire !

Haroun n'avait pas de relations avec d'autres femmes ou plutôt il ne voulait pas en avoir. Je lui posais des questions sur ce comportement, il se contentait de sourire et de me répondre brièvement :

― Je n'ai pas le temps pour séduire les femmes, je suis pris par mon travail !

Cette réponse était un gros mensonge ! Au fait, il me respectait et respectait notre mariage arrangé, pour cela il ne voulait pas me tromper. Je trouvais que c'était mignon de sa part mais il perdait son temps !

Haroun m'avait inscrite dans un lycée privé bourgeois pour m'assurer de terminer mes études.

J'étais en terminale et cette année j'aurais mon baccalauréat !

La première semaine fut très dure, car j'étais la seule fille, mariée à cet âge, les tunisiens le trouvaient bizarre, ils m'évitaient ou parfois leur curiosité les poussait à me demander pourquoi j'étais mariée. Souvent ces questions me dérangeaient.

― Où sont tes parents ? Comment se fait-il que ton père a permis ce mariage à ton âge ? Est-ce que tu es vraiment amoureuse de cet homme ?

Je répondais brièvement pour leur échapper mais en vain, même les professeurs se comportaient étrangement à mon égard !

Cette population refusait apparemment ce lien à mon âge, je ne comprenais pas pourquoi... Pas mal de fois, je voulus quitter le lycée pour mettre un terme à ces questions mais mon mari m'obligeait à y retourner, il valorisait beaucoup les études, il considérait que c'était la base des êtres humains !

Un jour que je rentrais les larmes aux yeux, je m'étouffais dans mes sanglots, tous mes membres frissonnaient et mon chauffeur a dû appeler Haroun pour l'informer de mon état. J'essayais de le lui interdire mais il ne renonçait pas.

Ce dernier quitta son travail plus tôt, et rentra à la maison pour me réconforter ! J'adorais déjà cette attention...

― Alors qu'est-ce qu'il y a ma belle ?

Je fis semblant de ne pas m'intéresser à ses compliments mais au fond ça me touchait énormément, je voulus être gentille avec lui. Bref j'essuyais mes yeux rouges de larmes et lui répondit :

― Tout le monde me traite de pauvre fille, ils considèrent mon mariage comme la fin de ma jeunesse, j'ai marre des leurs regards, de leurs chuchotements, et de leurs critiques à chaque fois que je passe dans les couloirs. Je ne veux plus y retourner ou bien continuer par correspondance !

Il se leva et se dirigea vers la fenêtre en m'ignorant, s'ensuivirent de longues minutes de silence !

Dehors il faisait un temps de chien, la pluie, assez forte, tapait sur les carreaux, il faisait noir pourtant la montre n'indiquait que 18:15... Un gris sombre couvrait la ville, les rues étaient pratiquement vides sauf quelques piétons qui accéléraient les pas à la recherche d'un taxi. Enfin mon mari décida de me répondre calmement :

Ma drogue humaine ( réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant