Chapitre 12 : Addiction

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Il était dix heures du matin, Aïcha essayait de me réveiller mais c'était impossible. J'avais passé une nuit blanche. Enroulée dans mon lit, sa voix raisonnait encore dans mes oreilles. Bon Dieu je mourrais d'envie de l'embrasser à chaque fois que je pensais à lui.

J'avais déjà deux heures de retard. Normalement je devais commencer avec le poulailler dès huit heures du matin. Madame Bauvary va me tuer. Elle n'était jamais tolérante même avec son propre fils. Son fils qui me plaisait tellement... C'est peut-être une attirance temporaire...

Je chassais ces idées et sortit du lit. Aïcha m'offrit un milk-shake et une tarte au citron préparée par Jenny.

Jenny était une domestique gentille d'origine algérienne. Elle travaillait ici depuis son enfance, tout comme moi.

Aïcha s'occupait de moi comme d'habitude. Elle se sacrifiait pour moi et me protégeait comme une mère poule, y compris durant les heures du travail elle faisait parfois mon travail à ma place. Elle me voyait comme une fille fragile voire une paillette.

Je terminais mon petit déjeuner et partis au boulot. En effet madame Bauvary collait une feuille sur le frigidaire sur laquelle se trouvaient nos tâches. Je fis un tour dans la cuisine pour lire mon emploi du temps.

― Bonjour Dana, prends ce plateau et portes-le à David, il n'a pas envie de chasser aujourd'hui...C'est bizarre, m'annonça Jenny.

Je pris le plateau et quittai la cuisine silencieusement au point que Jenny le remarquait. C'était une chance en or pour moi, j'avais tellement envie de le voir mais au même temps j'avais peur de le confronter.

Une fois devant sa porte je n'osais pas entrer, toute la scène d'hier en flash-back : les câlins, le baiser, la conversation, et surtout les sentiments.

Est-ce qu'il a passé une nuit blanche lui aussi ?

Est-ce qu'il me trouvait belle ?

Un fils de ministre pourrait fréquenter une fille comme moi ?

J'avais honte de me poser cette question. Il avait raison de m'aimer. Il ne faut pas oublier mes origines, mes études, ma famille. Les événements que j'avais vécus ne devaient avoir aucun impact sur cela. J'étais toujours cette fille classe, bien éduquée, gentille, dotée de toutes les bonnes manières. Je n'ai jamais été une simple domestique. C'était seulement une question de temps et je rejoindrais mon ancienne vie de princesse. Tout ira pour le mieux.

J'ouvris la porte avec discrétion et j'entrai !

Il dormait encore, ce qui confirmait la théorie de la nuit blanche.

La chambre était sombre, une musique douce l'envahissait.

« I will always love you, my darling you »

Je mis le plateau sur la table et quittais la chambre avant qu'il ne me remarque. C'était ainsi que tous mes plans diaboliques, mes scènes romantiques imaginées tombaient à l'eau.

Je ne cessais de penser à lui durant les premières heures du travail. À 14h00 je m'arrêtai et rejoignis Aïcha dans la cuisine pour la pause goûter. Nous restions silencieuses pendant une bonne demi-heure à la fin de laquelle elle décidait de s'adresser à moi.

― Ton esprit est ailleurs ! Dit-elle.

― Rien de spécial, je suis épuisée par le travail.

― Tu es chanceuse d'avoir fait la grasse matinée. Heureusement que la méchante Bauvary n'est pas là aujourd'hui.

― J'étais tellement fatiguée hier.

― Oui je me suis levée hier pendant la nuit pour boire une gorgée d'eau mais je ne t'ai pas trouvée dans ton lit.

― Euh ben... j'avais faim et en plus je...

― Dana je suis au courant !

― De quoi ?

― J'ai tout vu par hasard ! J'ai entendu l'ordre de Bauvary concernant le garage, j'ai voulu t'aider... et...j'ai tout vu.

Je me plongeais dans un profond silence. C'était sûr qu'elle me reprochait le fait de garder ce secret pour moi. Quelle honte !

― Dana tu es tombée sous son charme, ça se voit clairement dans tes yeux. Mais tu dois faire attention, tu n'as aucune chance avec lui. Il appartient à un niveau bien supérieur à toi. Oublie le passé Dana, tu n'es plus une bourgeoise. Ce genre d'homme européen passe son temps à chasser les femmes rien que pour satisfaire sa fierté et son orgueil. Embrasser une fille dès les premiers jours n'est pas une preuve d'amour !

Aïcha ne voulait pas me blesser. J'avais besoin d'écouter ses conseils et ses reproches. Elle m'a remise à ma place. Il fallait avorter mes sentiments, il fallait faire un pas en arrière.

Dans la nuit je croisais trois fois David dans les couloirs mais il m'ignora. C'était vraiment bizarre, il était schizophrène cet homme. Peut-être qu'il voulait seulement abuser de moi, peut-être qu'il m'avait menti.

J'avais mal au cœur... Après tout Aïcha avait raison, ce genre de mec ne s'intéressait jamais à une fille comme moi. Je chassais ces idées de mon esprit et regagnais mon lit, je m'enroulais dans mes draps bien au chaud.

Une heure après, je n'avais toujours pas sommeil, j'étais absorbée par ces événements au point de ne pas pouvoir fermer les yeux. Soudain j'ai vu une ombre passer devant la porte. L'éclairage qui glissait sous la porte s'éteignait soudain, ce qui indiquait une silhouette plus grande que celle d'un animal. Quelqu'un glissa un bout de papier sous la porte et s'éloigna en courant. J'ai pu entendre ses pas qui s'éloignaient.

« Je t'ignore pour te protéger, n'ose plus m'adresser la parole jusqu'au premier janvier.

Rq : si tu me parles je t'ignore.

Bisou ma belle.

David »

Me protéger de qui ? De quoi ? Était-ce une nouvelle comédie, un mensonge pour se débarrasser de moi pendant une longue période. Nous étions début décembre. Tout un mois sans m'adresser la parole ? Il n'était vraiment normal ce garçon... 

Ma drogue humaine ( réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant