Chapitre 5 : Le 27 Mars

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Taha, un professeur agrégé dans l'une des grandes facultés de lettres et des sciences humaines, dirigeant le département de l'histoire et civilisation. Un homme qui sacralisait les fossiles. D'ailleurs, dans sa maison, on trouvait une grande salle réservée pour ses expositions, ou il gardait le reste des coquillages marins, des dents de requins datant des années avant JC. Dans cette salle il faisait des expositions chaque année, c'était le plus grand évènement du quartier, coïncidant avec l'exposition des tableaux de sa femme.

Ils ont fait de leur maison une galerie.

Un professeur de géologie, faisait un mètre quatre vingt, marié à une peintre, une femme avec des doigts d'or : Madame Feriel.

Madame Feriel, bien qu'elle soit calme, elle était le cœur de notre cité. Tout le monde l'aimait. Elle avait une bonne mine, une peau claire avec des cheveux colorés en un mélange de cuivre châtain et un peu le jaune. Ses mèches naissaient avec des racines châtain virant au jaune quand elle s'exposait à la lumière, puis en descendant la couleur l'éclat cuivré prenait doucement la revanche, s'accentuant au milieu et cédant à la fin, pour arriver à la fin à une intensité moins accentuée et hop c'est juste là ou naissait la couleur jaune blanc pour clôturer chaque boucle. Elle devait payer une fortune à son coiffeur.

Pour son style vestimentaire, elle nous charmait toujours avec un style sport chic ou pausé. Des combinaisons en noir, bleu magistral, un violet, un blanc rosé, avec une petite ouverture légèrement au dessus des dessins. Elle ne sortait jamais sans un collier blanc diamanté trop fine qui jouait parfaitement le rôle d'un phare. Parfois elle ajoutait une petite écharpe sur les épaules et jamais sur la tête pour avoir cet air de peintre. Un pantalon noir chic épousait parfaitement le reste de son corps ou bien des jupes soigneusement choisi. Le sac à main, un petit masterpiece, avec un amour accru envers les formés carrés et les couleurs froides telle que le gris, le blanc, le bleu ciel. Sinon un sac à main noir avec un grand G de Gucci occupant le 1/3 de son volume.

C'était une femme avec des veines parfumées. On pourrait sentir son parfum à des kilomètres, et quand elle passait devant sa maison et qu'elle embrassait les enfants qui jouait avec son enfant, croyez moi son odeur restait là ou ses doigts sont passés. Je pouvais facilement sentir son odeur sur le cuir chevelu de ma petite sœur quand elle la câlinait et lui éparpillait les cheveux en signe d'amour.

Elle n'utilisait pas les bandes, mais plutôt deux baguettes pour mettre ses cheveux en chignon. A mes premiers cinq ans, je l'imitais comme une folle obligeant ma famille et ranger mes cinq chevaux récemment implanté sur ma tête en, un joli chignon sur ma tête. Et c'était impossible car qu'elle ne dépassait pas les trois centimètres. Et je faisais des crises en sanglot parce que je n'allais pas finalement ressembler à tati Feriel.

Je me demandais comme arrivait-elle à conduire et à passer des heures avec ses talons bien longs et pointus.

Imaginez une telle dame tirée face à une guerre. Personne ne méritait la guerre qu'elle soit tiré ou non !

Ce couple résidait devant nous, dans une vaste villa qui cachait un centre de beaux arts. Ossman était le fils unique, un enfant trop loin des arts, il adorait les séries policières, l'action, les petits problèmes et les bagarres. Maman ne l'appréciait pas, mais essayait de cacher ses sentiments quad sa famille nous visitait et qu'il commençait à errer partout. Il était amoureux de moi.

Bref sa maman disait que son enfant était agité, son papa ne disait rien, car il était toujours occupé par ses fossiles.

Il était toujours mis au piquet à l'école car il adorait briser les règles et tuer le calme à tout prix. Le directeur l'insultait à basse voix et lui empêchait de dépasser le seuil des portières sans ses parents. Une fois que madame Feriel recevait une invitation de l'école et allait sur place pour voir les surprises de son fils qu'elle absorbait à sang froid, le regard amoureux du directeur s'affichait. Toute la colère s'évaporait devant elle et la conversation changeait en un folklore de félicitation.

_Madame Fériel, tout le corps travaillant dans cet établissement vous félicite d'avoir un enfant sportif, Voulez vous un café et un croissant ?

Un jour Ossman tombait d'un arbre, sa main gauche, et heureusement la gauche, était fracturée. Me croyez-vous si je vous dis qu'il n'a pas pleuré durant l'opération ? Il souriait comme un psychopathe.

Il disait aux autres que son cœur ne sentait pas les douleurs, et il faisait preuve de courage durant les séances de sport. Un enfant connu par tous les médecins des urgences. Chaque deux jours il tombe de nulle part.

Le 27 Mars et quand il a pleuré, je constatais que tout allait mal ...

Quelques jours après

Je me cachais depuis cinq jours dans une cave qui nous servait auparavant de dépôt. Heureusement pour moi que je n'étais pas seule. Ma mère, mon père et ma sœur Anna, âgée de seulement cinq ans, avaient réussi à survivre et par chance, un couple nous avait rejoints pour briser notre solitude. Il s'agissait d'un pompier du nom de Jack et de sa femme Jana. Elle avait 23 ans et était enceinte de 3 mois. On avait seulement un seau d'eau et deux baguettes sèches pour assourdir les cris de faim lancés par nos estomacs. Cette infime quantité de nourriture ne nous servait toutefois à rien puisqu'aucun d'entre nous ne pouvait avaler quoi que ce soit. Ce n'était pas de notre faute. L'immense terreur qui nous assaillait était à blâmer. Sortir dehors chercher de quoi manger était impossible car à chaque coin de rue, des kamikazes nous attendaient avec la mort joliment emballé sous les ceintures explosives, impatients de pouvoir jouer avec nos vies... J'avais déjà perdu mon cousin dans le bombardement de sa maison deux jours auparavant. Sa mort m'a littéralement brisée. Un choc qui entraînait un flot incessant et interminable de larmes devenues rapidement hors de contrôle. Heureusement ma mère, médecin généraliste, était là à mon secours pour me maintenir en vie le plus longtemps possible ; j'étais protégée, mais les chances de m'en sortir saine et sauve étaient incertaines.

Il faisait déjà noir quand c'est arrivé. On avait perdu toute notion du temps si bien qu'on ne savait pas si on était lundi ou mercredi. Les jours se suivaient et se ressemblaient tous. Dehors un calme intrigant régait sur les lieux. On ne savait point si c'est la mort qui a fait taire la guerre ou si elle attendait silencieusement que nous sortions de notre trou à rats pour nous prendre au cou. Nous retenions nos souffles en essayant de respirer pour rester en vie. La fatigue s'était inévitablement emparée de nous, et le sommeil nous assommait l'un après l'autre comme par magie. De l'autre côté de la cave Jana gémissait de souffrance. Pendant qu'on sombrait dans un sommeil irréel essayant d'oublier toute cette horreur, la porte s'ouvrit d'un coup sec qui nous fit tressauter. Le sang dans nos veines était glacé au moment où l'on entendit : « Allahu Akbar ! »

La suite des évènements était loin d'être compréhensible. Tout s'est enchaîné dans une grande vitesse, très grande. Des cris, des sursauts, on tremblait de peur. Même notre instinct de survie nous a laissé en plomb et pris ses jambes à son cou. Du moins, il a tenté de le faire jusqu'à ce qu'on entende le mot fatidique :Tirez !

Ma drogue humaine ( réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant