Chapitre 10 : Épreuve

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Flash-back

La voiture roulait de Alep vers Tartous, il faisait chaud dehors mais le climatiseur jouait son rôle...

J'aimerais bien voler jusqu'à cette magnifique ville où se trouve le deuxième port syrien ! Là-bas une bonne nouvelle nous attendait : la naissance du premier cousin.

Hier maman m'avait annoncé que ma tante avait mis au monde un petit bébé tout mignon. Une naissance dans notre famille ça signifiait le bonheur, car la famille du nouveau-né préparait des plats traditionnels et plusieurs types de bonbons et sucreries... Toute la famille serait sûrement là-bas donc je pourrais jouer avec mes autres cousins et m'amuser.

Une fois chez ma tante, maman rejoignit la cuisine pour assister aux préparatifs tandis que je faisais la connaissance du nouveau bébé.

Omran avait un visage angélique. Entouré de ses parents, il semblait plongé dans un profond sommeil.

« Il est calme, d'ailleurs il ne pleure pas beaucoup et adore dormir tout comme son père. »

Ce dernier afficha un sourire en coin. C'était vrai, tonton Kheiri adorait dormir et il n'aimait pas travailler... En tout cas il avait une grosse fortune acquise par son héritage.

Tout le monde entoura la table on remerciait le bon Dieu, puis on attaqua nos plats... Des salades variées, de la viande appétissante et plein d'autres mets.

Il faudrait dire qu'à chaque occasion de ce genre je rentrais avec cinq kilos de plus. Enfin c'était le tour du Mhalabiya... chouette... c'était mon dessert préféré...

Fin du flash-back

17 août 2016

C'était ma première journée en tant que femme de ménage, plutôt enfant de ménage j'étais reconnaissante à cette famille ou plutôt à ces gardiens qui m'avaient sauvée de la rue.

Aïcha était jolie dans sa nouvelle tenue d'aide-ménagère. Elle semblait heureuse, car peut-être elle était habituée mais pas moi... J'avais été toujours gâtée et paresseuse. A la maison je n'avais jamais rien fait parce que nous avions des domestiques... Bref à cet instant je ne l'étais plus, je devais gagner mon pain, je devais suer pour assurer mon existence.

Le caractère de la femme syrienne forte et indépendante m'accompagnait partout. Comme toute femme arabe je ne devais pas lâcher prise ! Pas maintenant du moins. La première tâche était de ramasser les œufs. Quel beau commencement. C'était facile d'après Aïcha.

Après vingt œufs ramassés, et à part la mauvaise odeur qui m'asphyxiait tout était simple avec Chacha. Après, c'était le tour de la poussière. Je regagnais le salon et m'occupais du meuble. Je découvris un grand écran plasma qui occupait le mur. Il me donnait envie de le regarder. La chaîne en cours était France 24 : Ça ne m'intéressait pas, car j'en avais ras le bol de la politique... Soudain Pauline Baccard, journaliste française, annonça :

« Cette image, prise en Syrie, qui occupe les réseaux sociaux et montre plusieurs compagnies de secours. Suite à un bombardement à Alep l'enfant âgée de cinq ans, Omran Daqneesh, assis au fond d'une ambulance bouche bée, est surpris d'être encore vivant... ses pieds n'arrivent pas à toucher le sol, son visage est recouvert de sang séché et de poussière noire... Il ne pleurait pas ! Cette photo reflète la terreur et le destin de l'enfance syrienne volée et violée à la fois... au téléphone monsieur le... »

Je ne l'entendais plus, c'était lui oui, toujours avec son visage angélique malgré la terreur de la guerre. C'était mon cousin Omran, le trésor de ma tante ! C'était Hram (illégal). Bon sang, qu'est-il arrivé à ma famille ?

Je m'effondrais sur le sol, anéantie par le choc. La Syrie s'écrasait chaque jour, la mort l'entourait de partout. Je pleurais bruyamment.

Une silhouette était derrière moi, depuis environ cinq minutes. Ébahie par la nouvelle, je ne fis pas attention. C'était David, il ne fallait pas qu'il me voit dans cet état, non, pas lui, car je faisais partie de cette nouvelle, je faisais partie de ce monde tragique.

C'était hors de question que je montre ma faiblesse devant un étranger. J'essuyais mes larmes et me tournais mais il m'ignorait comme toujours, il semblait, lui aussi, gêné par la nouvelle de la télé.

« Saleté de guerre ils ne comptent pas arrêter les bombardements et les attentats suicidaires ? » cria-t-il.

Solidaire et humain ?!J'adorais déjà ce trait d'altruisme en lui.

« Écoute! Arrête de t'apitoyer sur ton sort devant mon fils et continue ton travail... »

C'était elle. Encore elle ! Cette fichue femme que je détestais déjà depuis mon arrivée ici. Cependant il était hors de question de fuguer à nouveau. Au moins ici on avait le droit de vivre dans des conditions humaines. Mise à part cette prétentieuse, tous les habitants de la villa étaient sympathiques.

La nuit arrivée je rejoignis ma petite chambre sandwich au jambon-fromage à la main. Aïcha sous la douche chantait comme d'habitude.

Soudain on frappa à la porte...

― Il faisait partie de ta famille ?

J'avais pris quelques secondes pour réaliser ce qui se passait. Une fois mes idées organisées, je trouvais une réponse :

Il parlait évidemment d'Omran pauvre petit ange...

― Ça ne te regarde pas referme la porte et vas-t-en ! Bonne nuit !

Pris de rage, il ferma la porte et s'en alla. Ses yeux bleus-violet m'attiraient toujours. Oh, cette sensation bizarre qui me remplissait le cœur dès que je le regardais...

2 heures après

Je dormais...

''Mouah''...

Quelqu'un posa ses lèvres sur les miennes, alors que j'étais en plein sommeil. Etait-ce Aiche Il ne manquait plus que ça ! Je restais gelée dans mon lit, faisant semblant de dormir. Je ne voulais pas la confronter pour éviter toute sorte de conséquence. En plus elle était ma seule famille ici. Inutile donc d'entrer en confrontation avec elle. Et si elle refait cela de nouveau ? Et si elle irait trop loin la prochaine fois ? Je devais l'informer gentiment que je respecte ses préférences mais je ne les partageais pas. Sinon elle prendrait mon silence pour un simple ok. Je tournais la tête vers elle. A ma grande surprise, elle dormait toujours !

Qui était-ce donc ?

La fenêtre était ouverte, quelqu'un m'a embrassé et a quitté la pièce par la fenêtre. Qui a osé s'approcher de moi ? On n'était plus en sécurité Aïcha et moi, car on vivait dans une cave !

Pourtant cette odeur, ce parfum sur mon visage me sembla familier... 

Ma drogue humaine ( réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant