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Quand je suis rentré chez moi, j'ai eu le droit à l'accueil glaçant de mes parents.

Ils attendent sur le perron, et quand ma voiture se gare près du petit garage, ils se ruent vers moi, l'inquiétude, la fatigue et la colère sur leurs visages, avec quand même désormais un petit sentiment rassuré. Pourtant, celui de ma mère s'efface vite quand elle aperçoit mon visage, encore mouillé par les larmes, et ma silhouette avachie complètement exténuée.

—     Valentin ! Je t'ai appelé une vingtaine de fois et tu n'as jamais répondu ! Il est onze heures passées ! J'ai failli appeler la police, mon dieu... J'ai imaginé le pire !

—     Laissez-moi, je veux être seul !

—     Non Valentin, me gronde mon père. On s'est inquiété, et tu nous arrives au beau milieu de la nuit en larmes ! Je veux des explications.

Au vu de son ton employé, je comprends que je n'ai pas le choix. Un militaire ne laisse pas le dernier mot à son fils. Et je reconnais qu'il a raison, je leurs dois des explications. Je ne peux pas disparaître pendant plusieurs heures sans donner d'informations à mes parents qui étaient sans doute morts de trouille en voyant que je ne rentrais pas de chez Jonah en fin d'après-midi comme prévu.

Jonah... A la pensée de celui-ci, j'éclate de nouveau en sanglots. Ma mère entoure rapidement ses bras autour de mes épaules, tandis que j'appuie mon visage contre son omoplate.

Pourquoi je suis allé au cimetière pour chercher en vain du réconfort, alors que les mains pour me soutenir étaient juste chez moi ? Mon père pose aussi une main rassurante dans mon dos. Ce jour-là, je comprends que mes parents sont là, réellement. Et que désormais, c'est vers eux que je dois me tourner, pas mon passé.





Ils m'amènent jusque dans le salon, sans rien dire. Au début, j'ai cru qu'ils pensaient m'engueuler. Ce serait légitime. Mais je crois désormais qu'ils comprennent que je ne vais vraiment pas bien. Ce n'est pas qu'un chagrin d'amour au fond, c'est le fait d'être dénigré à chaque fois pour ce que je suis. Et c'est trop pesant à la fin.

Je m'assois dans le canapé, ma mère à côté qui m'encercle de son bras au-dessus de mon épaule, et mon père nous rejoint après quelques minutes de silence, trois mugs de tisane entre les mains qu'il pose sur la table basse.

Je renifle et essuie vulgairement mes larmes. Je ne sais pas si je me sens un peu mieux en ce moment, mais je dirais que la présence de mes parents est réconfortante.

—     Valentin, dis-nous ce qui s'est passé, me supplie ma mère en posant un baiser dans mes cheveux.

—     C'est... C'est avec Jonah, ne suis-je seulement capable de bégayer.

—     On a essayé d'appeler sa famille et son portable quand on ne te voyait pas rentrer, mais personne ne répondait, m'avoue mon père.

Je pleure de nouveau. La famille de Jonah ne nous pardonnera jamais. Et le pire dans tout ça, c'est de ne pas savoir ce qui est arrivé à Jonah. J'imagine que sa soirée a dû être pire que la mienne. Mais je ne supporte pas le fait qu'il m'ait éloigné de lui. Je n'ai pas eu de nouvelles de lui, malgré mes messages. Et je souffre. Celui qui m'avait sauvé n'est plus là, et j'ai peur de recommencer à sombrer.


Je lève le regard, croisant celui bienveillant de mes parents. De toute façon, je sens que je vais devoir leur annoncer la vérité, tout en croisant les doigts pour qu'ils aient une réaction mesurée. Enfin, au pire, cela n'a pas d'importance. Je crois que désormais, tout est foutu.

—     Avec Jonah... Ce n'était pas juste mon meilleur ami, murmuré-je.

Le silence reprend sa place. Je comprends que cela ne suffit pas comme explication à mes parents, qui me fixent sans aucune réaction particulière. C'est peut-être le pire, parce que cela me déstabilise de ne pas voir ce que cela leur fait honnêtement.

La théorie des montagnes russes - Tome 2.Where stories live. Discover now