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Quand j'ouvre difficilement les yeux, un lancinant mal de tête s'abat sur moi. Je maugréé de douleur, et quand je me retourne, c'est mon estomac qui se fait ressentir et qui a décidé de se venger de l'avoir maltraité la veille.

Je souris en voyant Jonah à côté de moi, dormant la bouche entrouverte et avec les traits de son visage fin étrangement sereins, comparés à d'habitude où il arbore une expression continuellement dure et provocatrice.

Je tente de me relever, mais ma tête me lance trop. Je m'enroule encore plus au milieu de mes couvertures, revenant à mon état de larve. Vive la gueule de bois.


– Debout la belle au bois dormant, me murmure une voix un tantinet trop grave de bon matin.

Je me frotte les yeux, et aperçois Jonah, tourné vers moi.

– J'ai mal à la tête mec...

– Ohh ! Désolé de te dire ça Val', mais si tu étais vraiment la belle au bois dormant, le prince il ne voudrait pas t'embrasser ! Tu pues de la gueule, le mélange alcool et vomi, ça ne réussit pas à ton haleine buccale !

J'éclate de rire avant de prendre mon coussin et de le coller contre sa tête.

– Je ferais une mauvaise princesse.

– Je te fais pas dire ! Tu m'as vomis sur les chaussures et une autre fois sur toi pendant le retour. Tu t'es endormi au deuxième étage, j'ai dû te porter jusqu'ici. Tu veux que je te raconte aussi que tu bavais pendant que j'ai dû t'enlever tes vêtements tout mouillés ou pas ?

L'éternel rictus provocateur de mon ami me fait comprendre que j'ai de la chance de l'avoir quand même. Beaucoup de chance.

Combien de fois tu m'as sorti de la merde Jonah De Neiva ? Cela a commencé quelques jours avant le bac, puis pendant les vacances d'été où on était au Portugal, la fois où tu as découvert ma mutilation et que je n'ai plus recommencé pour ne pas te décevoir, et hier soir, où tu as retrouvé ton ami dans un sale état dans une rue de Paris et tu l'as aidé là où personne ne tendrait une seule main. Et puis, il y a tous ces jours à la coloc où l'on a rigolé ensemble et où tu as trouvé les mots justes pour me sortir de mon enfer de passé. Jonah, tu es un ami en or. Et puisque je ne peux pas te faire un grand discours tout de suite parce que tu ne sentirais pas mon haleine bien longtemps avant de t'évanouir, sache que je pense sincèrement que tu es le meilleur ami que je puisse avoir aujourd'hui.

– Allez, mauvaise princesse, file à la douche, prends un doliprane, lave-toi les dents, habille-toi et déjeune, dans l'ordre que tu veux. J'irai ensuite et on fera les bagages.


On est partis en fin de matinée. Je ramenais Jonah et Enzo, Zach se chargeait de Gaël et Grizou ( on a fait une danse de la victoire avec mes deux compagnons de route quand on a su qu'on voyageait sans le chat maléfique ).

Zach, j'espère sérieusement pour toi que Gaël n'écartera pas la merde de son chat sur le cuir de ta belle Audi.

Mon mal de tête a disparu, même s'il aurait pu revenir dans le trajet au vu du son affreux qui s'échappait de ma voiture. Radio à fond, Enzo derrière avec sa guitare, et Jonah et moi à l'avant qui chantions dans un anglais approximatif tout se qui passait à l'antenne.

La soirée de la veille semble loin, mais je comprends que je suis vraiment trop lunatique. Je réfléchis de plus en plus à prendre les gélules homéopathiques que m'a filé ma mère. Autant commencer par ça, puis tenter les antidépresseurs et somnifères que je boude depuis des mois, et si vraiment rien ne s'arrange, je l'écouterai et filerai voir son psy.

Je me rends compte ô combien je suis un enfer à vivre. Je suis sûr que Jonah devait avoir des envies de meurtres sur ma personne la veille quand il a dû me trimballer jusqu'à l'appart.


La théorie des montagnes russes - Tome 2.Where stories live. Discover now