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En fait, quelques jours plus tard après leur avoir avoué, les gars de la coloc semblent tous s'être fait à l'idée d'un couple entre Jonah et moi. C'est vrai que des fois, moi-même aie du mal à réaliser cela. L'amour à ses raisons que l'esprit ignore après tout. Mais cela n'a pas eu de conséquences majeures en fait. La vie continue exactement comme avant, si on omet le fait que Jonah m'accorde le privilège de venir plus souvent dormir dans ma chambre comme il dit. Je ne m'en plaindrai pas.

Ce n'est pas après avoir avoué à nos amis qu'on allait se mettre à s'embrasser langoureusement sur le canapé non plus, donc tout reste à l'identique, si on ajoute le fait que forcément, nos rires ensemble, nos accolades, et nos petites blagues quotidiennes à l'autre ne passent plus inaperçues aux yeux de nos amis. Du coup, ils en profitent pour nous charrier, mais je ne me plains pas non plus, on ferait pareil si c'était pour eux.

Par contre, je n'ai rien dit encore aux filles. C'est plus délicat, elles ne me connaissent pas depuis autant de temps que les mecs. Mais je sais pertinemment qu'un jour ou l'autre, Gaël, doué comme il est, fera la gaffe de le dire à Marjo. Et qu'indéniablement, celle-ci le répétera à sa copine, qui elle aussi, finira par le dire à n'importe qui avec son tact qui lui est propre.


En attendant, je fais comme si tout était normal, alors qu'en ce moment même, assis sur une rangée de la fac, je trépigne d'impatience en attendant que les minutes passent. Jonah m'avait envoyé un message quelques secondes plus tôt en me disant qu'il passait par le chemin de mon université au retour, en qu'en conséquent on ferait le chemin ensemble.

D'ailleurs, il est vrai que l'on se voyait plus souvent, attendant tour à tour l'autre à la fac, allant manger tous les deux, mais ma bande d'amis ne semble rien capter. Au début, j'ai pensé que c'était parce que l'on était merveilleux comédiens, puis je me suis dit que c'était parce que finalement, peu de gens imaginent ce genre de scénario. C'est étrange d'ailleurs.


Quand enfin le cours magistral se termine, je sors rapidement de l'établissement, mais constate que mon ami n'est pas là. Et son message m'indiquant qu'il aura un peu de retard me fait souffler.

–        Valentin !

Je souffle de nouveau en entendant une voix m'appeler au loin. Je me retourne et Camille arrive, tout sourire. Depuis plus d'une bonne semaine, elle a décidé de ne plus m'en vouloir, car je suis sûre que c'est May qui lui a dit la vérité en secret à propos d'Elsa, et que depuis, le regard que la fille que j'avais giflé avait sur moi a de nouveau éprouvé de la bienveillance. Et de l'amour, bien sûr.

Si avant ma seule excuse pour refuser toutes ses avances était que faute d'avoir eu le cœur brisé, je ne voulais pas donner de chance à quiconque, il faut bien avouer qu'aujourd'hui, Jonah est le seul à qui j'ai laissé inconsciemment cette chance, et qu'il a même su recoller les morceaux.

D'ailleurs, je crois que c'est cela qui nous unit : on était deux cœurs brisés, moi pour mon passé avec Elsa, et lui avec la peur de la réaction de sa famille sur ce qu'il pouvait être à l'époque, et qu'il a fini par devenir. Et ensemble, on recolle nos morceaux de cœurs, comme si vraiment, nos existences étaient complémentaires.

–        Valentin, je me disais... Tu veux qu'on aille boire un verre ? Il y a un petit bar là...

–        Non, désolé, mais je peux pas là, la coupé-je.

Ses grandes prunelles serties de longs cils me regardent, déçues, et sans doute qu'elle est en colère. C'est la deuxième fois que je refuse son rendez-vous dans la même semaine. D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi elle s'amourache autant à moi. Elle est magnifique, et je sais qu'elle trouverait facilement un autre garçon où elle voudrait.

La théorie des montagnes russes - Tome 2.Where stories live. Discover now