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J'enfile ma veste de costume noire sur une chemise immaculée en soupirant. Jonah débarque dans ma chambre, qui est accessoirement devenue la nôtre, avec un rictus moqueur. 

Je le fusille du regard, en asseyant d'ignorer que, vêtu d'un impeccable costume lui aussi, il est pire que sexy. Pour dire, la première idée qui me vient en tête serait de lui défaire les boutons de sa chemise un par un, puis détacher sa ceinture, son pantalon, et enfin, m'attaquer au reste.

Mais j'essaie, à contre cœur, de ne pas trahir mes idées pas très catholiques par un regard trop insistant ou en mordillant mes lèvres. Je suis censé être en colère contre lui. Je le suis. Enfin, à moitié, parce qu'en arrivant magnifique comme cela dans notre chambre, il me ferait oublier pourquoi je lui en veux.

– Tu as fini de faire la gueule Valentin ? demande-t-il en s'approchant de moi doucement.

– Il y a quoi que tu n'avais pas compris dans « je ne veux pas y aller » ? Je vais me faire chier pendant trois heures dans une salle de spectacle pour écouter un orchestre symphonique ! Je croyais que tu n'aimais pas ça !

– Je te l'ai dit, le cousin d'un ami de la fac y joue, et c'est important pour lui que je vienne le voir.

– Mais il s'en fout ! Si ça se trouve il ne se rappelle pas qui tu es, et il ne te verra sans doute pas dans le public. En plus, il joue quoi ? De la trompette ? Je n'aime pas la trompette !

– De la clarinette, et peut-être du triangle à ses heures perdues, raille Jonah. Allez, j'ai acheté les places et vu que cela coûte une blinde, tu viens avec moi.

Je souffle. J'entends Zach qui me braille de me dépêcher depuis la cuisine. Je vous déteste les gars.

 À l'origine, seul Gaël devait aller à cette représentation avec Marjo car les parents de cette dernière avaient des places ( ce qu'il ne ferait pas pour la belle-famille ). Et puis après cela a donné l'idée à Enzo avec sa passion pour la musique, et Zach qui a encore des contacts là-bas lui a proposé de l'accompagner, et qu'il pourrait le présenter à un homme dont j'ai oublié le nom, mais important. 

Et je ne sais pas ce qui s'est passé dans la tête de Jonah, cet idiot a voulu qu'on y aille aussi. Je n'ai pas compris, cousin d'un ami à voir ou pas, je suis persuadé que lui aussi déteste les orchestres symphoniques. 

Un jour, je me vengerai. Enfin un jour où il ne sera pas aussi attirant que ce soir. C'est-à-dire probablement jamais.


Jonah parcourt le dernier mètre qui nous sépare et me tend un nœud papillon. Je hausse les sourcils. Il est sérieux ?

– C'est une blague ? Je fais déjà l'effort de venir, je ne vais pas porter ça en plus ? Tu veux que je trouve des souliers vernis et une limousine tant qu'à faire ? Le buffet a intérêt d'être bon, parce que je crève la dalle en plus !

– Hé Val, d'habitude c'est mon truc de râler. Et c'est que je te trouve divinement sexy, surtout avec un nœud papillon, renchérit Jonah.

Il glisse l'objet en question autour de mon cou, et ses doigts se perdent ensuite sur le col de ma chemise qu'il arrange. Mes lèvres ne sont qu'à quelques centimètres des siennes. Je sens son parfum, ou plutôt le mien qu'il a dû m'emprunter. Nos souffles se mélangent harmonieusement, et Jonah doit se rendre compte de l'atmosphère électrisante qui s'établit entre nous, parce que son regard mystique se perd trop intensément dans le mien. 

Mon dieu, je ne vais pas résister, il faut que je l'embrasse. De plus, ses lèvres entrouvertes semblent m'appeler.

Et pourtant, je ne le fais pas, parce que Zach entre en trombe dans notre chambre, nous dévisage quelques secondes, comme ayant du mal encore à concevoir que ses deux amis puissent avoir cette terrible envie de s'embrasser.

La théorie des montagnes russes - Tome 2.Where stories live. Discover now