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Je suis resté enfermé deux bonnes heures dans ma chambre, assis, à réfléchir, fumer et chialer. Programme de merde pour journée de merde.

Puis je me suis décidé à bouger. Une petite volonté d'entendre les explications des gars, mais surtout une envie de faire pipi. Donc forcément, après avoir fait ce que j'avais à faire, j'ai dû me rendre dans la cuisine, sous cinq paires d'yeux assassines. Oui Grizou me regarde aussi d'un air mauvais, pour une raison que j'ignore. Ce chat est aussi lunatique que moi.

– Tu veux boire un truc ? me propose Zach.

Les gars sont tous avec un verre devant eux. Je regarde les différentes bouteilles aux contenus ambrés. J'ai peur de faire une connerie. J'en serais capable, énervé comme je suis.

La dernière fois que j'avais une sale humeur comme celle-ci et qu'elle était entrée en contact avec l'alcool, je ne me souvenais de pas grand chose. À part que étais seul chez moi, et quand mes parents étaient rentrés, ils m'avaient retrouvé comme une épave au milieu d'une bouteille de whisky et une autre de rhum que j'avais finies à force de broyer du noir, et que j'avais vomi toute la soirée et été malade pendant bien trois jours.

Et pourtant, ce soir là, je me laisse guider par ma raison, et part me chercher une verre de jus d'orange. La vodka me fait de l'œil, mais je tente de lui résister. Sobre, j'ai failli étrangler Enzo. Je n'imagine même pas ce que je pourrais faire dans un état second.



Je pose mes yeux sur Enzo, et l'attitude de ce dernier s'affaisse automatiquement. Je fais si peur que ça ?

Un détail près de la porte attire mon attention. Deux gros sacs de sports qui me sont inconnus. Ma cerveau fait vite un rapprochement. Ne me dites pas qu'ils ont fait ça.

Zach a dû sentir mon regard appuyé sur les bagages d'Enzo,  et avant que je ne puisse émettre la moindre objection sur la présence actuelle, et visiblement future du blondinet dans l'appartement, commence la conversation :

– Enzo va t'expliquer, Val'. Mais crois-moi, on ne pouvait pas le laisser seul dans les rues de Paris. Il m'a appelé dans l'après midi, et j'en ai parlé avec les gars et...

– Mais pas à moi ! le coupé-je. Pourtant, je pense être le principal concerné non ?

– Merde Val' ! Éprouve un peu de compassion ! Tu deviens pire que Jonah là ! Avant, tu n'aurais pas agi comme ça ! s'énerve Zach.

– Justement, je ne suis plus comme avant ! En partie à cause de lui !

Enzo sursaute, tandis que je commence à foutre cette maudite vodka dans mon verre. Je sens la main de Gaël se poser sur la mienne et me lancer un regard appuyé. Je soupire. Je relève la bouteille et me tourne vers notre invité.

– J'espère que tu as une bonne raison d'être là, explique moi tout, conclus-je.

Enzo n'a plus la même audace qu'avant. Je me rappelle encore la fois où l'on s'était battu dans la chambre d'Elsa. Il était jaloux... Ou plutôt feignait la jalousie. Il se débrouillait bien quand même, mais bon, cela ne m'a pas empêché de me battre avec lui quelques autres fois dans le futur. C'est fou comme on est protecteur quand on aime.


Enzo avale une gorgée de sa boisson, et plante ses yeux azur dans les miens. Il semble retrouver un peu du poil de la bête, une petite lueur de défi dans son insouciance que j'ai longtemps admiré.

– Après ce qui s'est passé, le jugement, et tout... J'ai été envoyé en désintox. Je suis sorti au bout de quelques semaines.

Il triture ses doigts, ce qui a le don de m'énerver, mais par politesse je me tais. Je bois une gorgée de vodka qui me brûle la trachée. Jusque là, il ne m'a pas sorti un seul argument qui m'empêche de le virer de l'appartement à coup de pieds dans le cul.

La théorie des montagnes russes - Tome 2.Where stories live. Discover now