La théorie des montagnes russes - Tome 2.

15.

–    Bon ils vont se bouger ? C'est insupportable d'être collés les uns aux autres là !

–    Calme-moi, la chinoise, on risque de se faire repérer, râle Zach.

–    La chinoise elle t'emmerde ! crie May-Lee.

Mon Dieu je vais les tuer tous les deux. Sauf si j'attends un peu, ils le feront bien eux-mêmes. Dès qu'ils se trouvent dans la même pièce, ils ne peuvent s'empêcher de se crêper le chignon.

–    Du calme. C'est tes hormones qui te font réagir ainsi comme tu es collée contre moi ? relance Zach.

–    Mes hormones me donnent surtout envie de vomir en sachant que tu es aussi près !

–    Mes hormones à moi elles vous ordonnent de la fermer !! hurle Jonah, qui permet enfin un silence général dans le petit couloir obscur où l'on se trouve tous.

Je le remercie intérieurement, sauf dans le fait qu'il ait explosé mes tympans. Les deux ennemis continuent de se quereller en chuchotant. C'en est drôle à entendre.

Tout le monde est derrière moi, tandis que je suis collé à la porte qui mène vers la pièce principale. L'oreille contre la paroi, j'écoute attentivement au cas où Gaël et Marjo arrivent enfin.

J'essaie de me concentrer mais la main que Camille a casé dans le bas de mon dos a le don de me stresser. Putain, je suis sûr qu'elle en profite d'être juste derrière moi et dans le noir avec nos amis.

Je tente de rester calme et de ne pas crier scandale comme les deux abrutis du fond, qui sont en train de se murmurer des insultes tout en essayant d'avoir une petite voix grave pour ne pas trop perdre en crédibilité.

J'entends enfin la clé dans la serrure, et en voulant me retourner pour prévenir discrètement les autres, mon visage heurte celui de Camille, et je finis la joue collée contre la sienne.

Mais qu'est-ce qu'elle fait aussi près de moi encore celle-là ? Faut que je me calme, et évite de l'encastrer dans un mur le jour de l'anniversaire d'un de mes meilleurs amis.

–    Psst, ils sont là. À trois. Un... Deux... Trois.

–    JOYEUX ANNIVERSAIRE GAËL !!! crie une masse de voix en débarquant dans le salon dans un capharnaüm énorme.

Gaël éclate de rire et a des étoiles dans ses yeux bleus, Marjory sourit aussi. Elle a bien géré pour occuper notre petit Gaël toute la journée apparemment.

Grizou, qui a eu peur quelques secondes avant à cause du bruit, sort doucement de sa cachette et s'assoit sur le dossier du canapé, et nous observe avec son air de chat sérieux. Sa petite tête doit se demander quel est ce drôle de rituel que les humains ont à crier et rigoler comme ça.

Gaël lâche les doigts de Marjo et se précipite vers nous en criant.

–    Putain ! Vous êtes les meilleurs les gars !!

Il nous enlace tous un par un, et finit par Marjo en lui posant un léger baiser sur la joue. Elle rougit et elle est mignonne.

Gaël, lui, est excité comme une pile électrique, il ressemble à un enfant de six ans le jour de son anniversaire. Il chante, il sautille, il sourit comme s'il était au paradis.

Autant de joie sur son visage bronzé n'est que transmissible à chacune des personnes présentes dans l'appartement.

Zach a insisté pour acheter des cotillons et des chapeaux de fêtes, pour une raison que j'ignore. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne dirait pas l'anniversaire d'un jeune de dix-huit ans mais vraiment celui d'un enfant de six ans, avec nos accoutrements de fête et les cris qui s'échappent de l'appartement (je sens que la voisine du dessous va venir, c'est sa nouvelle lubie).