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Elsa m'avait expliqué un jour qu'elle voyait la vie comme des montagnes russes, où l'on enchaîne les hauts et les bas, priant pour rester au sommet et ne jamais sombrer.

J'avais souri, trouvant cette façon de voir la vie étrange. Je ne pensais pas qu'elle s'appliquerait aussi à mon existence.

En fait, je m'en rends compte, mais c'est les gars qui font toujours en sorte de faire naître des sourires sur mes lèvres. Ils y arrivent, le problème, c'est que ce n'est qu'un masque. Je me sens souvent aussi vide de l'intérieur.

Je pensais quand même que tout allait pour le mieux, mais je crois que la théorie d'Elsa s'est durement abattue sur sur moi.



Quelques semaines m'ont éloignées de la rentrée. Les travaux dirigés ont donc commencé, et l'on s'est retrouvés avec Marjo à bosser chez May pour rendre un devoir.

L'appartement de May, je l'adore, parce que c'est un truc qui contient une culture différente avec ses décorations asiatiques, et un joyeux bazar. Elle vit ici avec son frère et une autre fille de la fac de la science, mais bon, elle me répète que la colocation ne se passe pas dans une entente parfaite, mais vu ses moyens financiers, elle n'a pas réellement le choix.

Les filles rigolent en mangeant des cookies, bonjour l'ambiance de travail, mais elles m'emportent rapidement dans leurs rires. Je ne sais plus de quoi on rigole, un peu de tout, mais rien n'ayant rapport avec le sujet de notre exercice.

Soudain, la porte de la chambre de May s'ouvre brusquement, laissant apercevoir une jeune femme aux cheveux châtains remontés dans une haute queue de cheval, mettant en valeur ses traits du visage, qui semblent énervés un instant avant de se radoucir.

– Heu, si vous pouviez faire moins de bruit, ce serait bien.

– Je te fais chier Camille quand j'entends ta musique de merde à travers les cloisons pourries moi ? lâche May.

Elle me fait bien rire. La jeune asiatique a un caractère bien trempé, c'est tout le contraire de Marjory qui reste un peu plus effacée. J'avais entendu d'une des conversations des filles que May ne supportait pas si bien que ça sa colocataire. Je regarde la jeune femme, son visage me dit vaguement quelque chose, j'ai dû la croiser une ou deux fois dans les couloirs de la fac.

Mais cette dénommée Camille quant à elle me fixe longuement, avec un regard intense qui m'effraie. Je connais ce regard, parce que je pense que je regardais Elsa de la même manière. Je tourne la tête, n'entendant même pas la réponse de Camille à la pique de May.

La porte claque bruyamment. Deux paires d'yeux sont braquées de nouveau sur moi. Je n'aime clairement pas ça, j'ai appris à détester nombre de regards.

Mais les sourires malicieux des filles veulent tout dire, je lève les sourcils, exaspéré.

– Bon, on bosse ? Ce devoir ne va pas se faire tout seul, rouspété-je.

– Non ! Tu ne te défileras pas comme ça Valentin, crie Marjo. T'as vu comment elle te regardait ?

– Oui j'ai vu, mais cela ne changera rien aux sciences donc...

– Valentin ! Non, franchement, arrête de faire le gars insociable et tout. T'es bizarre, parce que t'attires les regards féminins, mais tu t'en fous royalement, ajoute May en mangeant un cookie supplémentaire.

Les filles s'échangent quelques potins dans le creux de l'oreille. J'aurais dû trouver une bande de mecs avec qui traîner dès la rentrée plutôt que ces deux commères.

– Mais t'as déjà une copine c'est ça ? demande May.

J'en avais une, et j'aimerais l'avoir encore aujourd'hui, à côté de moi. Pour entendre quelques secondes de plus son rire quand elle essayait de m'apprendre à jouer de la guitare.

La théorie des montagnes russes - Tome 2.Where stories live. Discover now